jeudi 31 octobre 2024

Services publics : pourquoi les communistes veulent les inscrire dans la Constitution

Les sénateurs CRCE-K souhaitent inscrire dans la Constitution une Charte des services publics. Pour Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste, la proposition de loi qui sera débattue ce mercredi 30 octobre est essentielle pour améliorer la vie des Français. Entretien.

Pourquoi inscrire dans la Constitution une Charte des services publics ?

Face aux fractures territoriales et sociales qui s’accentuent dans notre pays, il est essentiel de protéger les services publics. Mais ces derniers se dégradent. Tous les week-ends, des sénateurs du groupe communiste sont interpellés par les concitoyens mais aussi par les agents qui peinent parfois à fournir un service public de qualité. En première ligne, certains subissent des agressions verbales et physiques.

Pourtant, une majorité décide encore de sacrifier sur l’autel de la rigueur budgétaire les services publics d’État, hospitaliers, ou encore les moyens donnés aux collectivités territoriales pour les développer. À travers cette proposition de loi, nous souhaitons les sacrer d’un point de vue républicain.

En tant que représentants du peuple et de ses territoires, nous avons pour obligation de préserver la vie des Français, et cela passe par la protection des services publics bien trop fragilisés à l’échelle européenne, mais aussi dans notre pays, à cause de choix budgétaires qui pourraient s’annoncer désastreux dans les mois et années à venir.

Quels seraient les effets de cette constitutionnalisation ?

Il ne faut pas ouvrir une boîte de Pandore qui viendrait figer dans le temps une liste de services publics. Nous avons besoin d’une véritable charte pour les prendre dans leur intégralité, pour nous préserver de leur évolution – parce que les futurs besoins de la population ne sont pas les mêmes que les précédents.

Aujourd’hui, nous sommes capables de parler de services de la petite enfance ou des transports tels qu’ils sont mis en œuvre par les communes, les départements ou les régions. Donc la question n’est pas d’être dans une nationalisation de tous les services, ni de ne s’intéresser qu’aux services publics régaliens relevant de la compétence de l’État.

Il faut prendre l’ensemble de ces services financés en partie par la solidarité nationale et par l’effort de tous, pour incarner au quotidien l’égalité sociale et territoriale.

En commission de lois, la droite n’a pas donné un avis favorable à votre proposition…

C’est un vrai débat. On ne peut pas se plaindre de la fermeture d’une école, d’une gare, d’une poste ou d’un centre d’impôt, de la saturation des urgences, on ne peut pas s’émouvoir non plus des difficultés rencontrées par nos concitoyens sans s’assurer du budget accordé aux services publics. Nous devons sortir de cette hypocrisie : des choix doivent s’opérer.

Mais nos concitoyens ressentent une forme de désillusion car peu les défendent. La dégradation, l’éloignement mais aussi leur absence renvoient à l’isolement, au chacun pour soi. La division des Français est le premier terreau de l’extrême droite aujourd’hui.

Lorsqu’on ne souhaite pas constitutionnaliser et donner de réels moyens pour garantir un bon fonctionnement des services, il ne faut pas s’étonner des répercussions. En ce temps de crise politique, si l’on veut réconcilier les Français, il faut agir, et vite.

 

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