Le nouveau ministre de l’Intérieur réunit, ce mardi 8 octobre, les préfets de 21 départements qui concentreraient « 80 % des mesures d’éloignement » de personnes en situation irrégulière. Les mesures d’expulsion qui viennent d’être prises à Mayotte donnent le ton de ce rendez-vous.
Adoubé par le parti lepéniste, dont certains députés, à l’instar de la Varoise Laure Lavalette, le considèrent comme « porte-parole du RN », le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a prévu de rassembler, ce mardi 8 octobre, les préfets de 21 départements.
Il entend aborder avec eux son sujet de prédilection : l’immigration, afin d’examiner « les points d’amélioration possibles dans l’exécution des procédures d’éloignement ». Doivent être présents les hauts fonctionnaires en charge « du contrôle administratif et du respect des lois » en Île-de-France, dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, la Gironde, l’Hérault, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique, le Nord, le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales, le Bas-Rhin, le Rhône et la Seine-Maritime.
Des départements qui concentreraient, selon le ministère de l’Intérieur, « 80 % des mesures d’éloignement » de personnes en situation irrégulière.
Des charters déjà mis en place à Mayotte
Le préfet de Mayotte ne fait pas partie de la liste. Il a d’ores et déjà du pain sur la planche puisqu’il a reçu l’instruction, dès mercredi 2 octobre, d’organiser promptement des « vols groupés » pour expulser des ressortissants de République démocratique du Congo (RDC) vers leur pays.
Quatre de ses « charters » avaient déjà été mis en place depuis le mois de février par le prédécesseur de Bruno Retailleau, Gérald Darmanin. Trop peu pour le nouveau ministre qui insiste pour qu’au moins trois vols soient organisés au mois d’octobre, dans le but de « vider en partie le centre de rétention administrative » de l’île comorienne annexée par la France.
Beauvau précise, en outre, que des « accords de sécurité bilatéraux » avec la RDC, le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie auraient été signés pour « arrêter les flux. » En clair, le ministère vient de promettre quelques milliers d’euros à ses partenaires de la zone africaine des Grands Lacs, pour accentuer l’externalisation de sa politique migratoire, sans craindre de rogner toujours un peu plus sur l’application du droit d’asile tel qu’il est prévu par les accords de Genève.
Bruno Retailleau ne s’interdit « aucun outil »
Ce n’est pas la première fois qu’un locataire de la Place Beauvau utilise le 101e département français comme chambre d’expérimentation des politiques qu’il entend mener dans l’Hexagone. À Mayotte, l’accès à l’aide médicale d’État est déjà proscrit pour les personnes sans papiers, le droit du sol y est restreint et on enferme, sans vergogne, les enfants en rétention, qu’ils soient accompagnés ou non.
En définitive, on met en pratique, dans l’océan Indien, bon nombre de mesures, censurées par le Conseil constitutionnel, faisant partie de la loi « asile-immigration », portée, en son temps, par Gérald Darmanin, et adoptée à l’Assemblée nationale, par les votes unis des députés macronistes, de droite et d’extrême droite.
Il l’a dit lui-même, Bruno Retailleau ne s’interdit « aucun outil » pour mener la politique la plus hostile possible aux exilés et cherche, en premier lieu, à contourner le plus longtemps possible le Parlement, en passant par la voie réglementaire, pour faire passer ses mesures de « rupture. » Voilà donc le menu de son petit déjeuner de ce 8 octobre.
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