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Ce matin de janvier, le crachin s’entête sur les quais du port de
Montoir-de-Bretagne, à quelques encablures de Saint-Nazaire. Un navire
de 40 000 tonnes de soja brésilien vient d’accoster. Mais le
déchargement attendra. « Il y a trop de gaz dans les cales », expliquent les dockers. Réfugiés dans le petit bâtiment qui fait office de foyer, ils attendent « qu’il n’y ait plus de danger ».
D’ici quelques heures, quand l’aspirateur géant et métallique – appelé
la « vis sans fin » – aura terminé d’avaler les tonnes de soja, pour les
expédier vers les zones de stockage situées à l’arrière des quais, les
dockers descendront dans les cales. « Avec des échelles de cordes
quand il y en a, ou en passant par derrière le stock, en bas des tas de
marchandise. Parfois, les murs de soja que la vis sans fin repousse
contre les parois des cales s’écroulent. Dans ce cas, on en a
partout ! », détaille Karl Montagne, docker depuis 30 ans.
Arrosé de pesticides avant la traversée de l’Atlantique, pour
décourager champignons, rongeurs et insectes, le soja débarqué ce
jour-là et l’atmosphère qui règne dans la cale ne sont pas très
respirables. C’est la seule chose que savent les dockers. « A un
moment, on nous dit, c’est bon, vous pouvez y aller. Mais nous ne savons
rien des produits qui ont été utilisés. Et respirer des doses réputées
sans danger, pendant un jour, d’accord. Mais tous les jours ou presque,
pendant 20 ans, qu’est-ce que cela donne ? », s’interroge Karl Montagne. « Et le simple fait que ce soit OGM, ça fait quoi ? Parce que 90 % du soja qu’on décharge est OGM ! », poursuit son collègue Christopher Le Canderf.
Cancers en vrac
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