La préfecture de l’Isère connaît actuellement une situation exceptionnelle en France : l’attente des demandeurs d’asile durent plusieurs nuits d’affilée. Engelures, blessures liées au froid, mais aussi marché noir pour avoir de meilleures places dans le rang, la situation est violente et vient justement d’être dénoncée dans un rapport de la Coordination française du droit d’asile. Reportage.
Il neige sur Grenoble. C’est la première fois que Yannick, silhouette fantomatique sous sa couverture, voit des flocons. Ce congolais de 28 ans a quitté la RDC il y a tout juste une semaine. Les derniers mois ont été intenses pour lui. Après un passage par les geôles de Kinshasa pour avoir participé à des manifestations organisées par l’opposition politique en marge des élections législatives en novembre dernier, il a finalement été relâché en janvier grâce à l’entremise d’une ONG locale des droits de l’Homme.
À sa sortie, aucune nouvelle de ses proches, pas de trace non plus de son fils, qui aura 8 ans ce 14 février et qui était présent lors de son arrestation. Cette évocation laisse place à un silence pudique d’émotion. Yannick s’est estimé menacé, des amis l’ont informé que la police le cherchait à nouveau. C’est ainsi qu’a démarré son voyage clandestin à 3.600 euros vers la France. « Pour trouver refuge », confie-t-il. 5585 km parcourus, une dizaine de pays et une mer traversés en une semaine. Yannick bute désormais depuis deux soirs devant la porte de la préfecture de l’Isère.
Quatre dossiers par jour, pas plus
Son histoire n’est pas isolée. Arrivés avant lui, un couple de macédoniens et une arménienne se protègent des intempéries sur des cartons et sous leurs parapluies pour leur dixième nuit dans cette rangée. Une enfilade nocturne quotidienne et des délais tardifs qui ne trouvent leur semblable qu’en Ile-de-France.
« Mais avec 45% de demandes supplémentaires », précise Jean-François Dubost, responsable des questions d’asile et de migrations à Amnesty International France.
En 2012, l’association grenobloise Accueil Demandeurs d’Asile (ADA) qui effectue un pointage matinal chiffre à 683 le nombre de personnes passées par la file d’attente nocturne et diurne de Grenoble. Congolais, macédoniens, soudanais et serbes arrivent en tête du classement. Un chiffre pour la première fois en baisse de 30% par rapport à 2011, après six années de hausse.
« Avec un rythme de deux à quatre primo-arrivants reçus les matinées d’ouverture, le phénomène de fil d’attente est inévitable », estime Jacqueline Leininger, présidente de l’ADA.Lire la suite
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