mercredi 6 février 2013

Mali : Une analyse de Samir Amin

Je suis de ceux qui condamnent par principe toute intervention militaire des puissances occidentales dans les pays du Sud, ces interventions étant par nature soumises aux exigences du déploiement du contrôle de la Planète par le capital des monopoles dominant le système.
L’intervention française au Mali est-elle l’exception à la règle ? Oui et non. C’est la raison pour laquelle j’appelle à la soutenir, sans néanmoins penser le moins du monde qu’elle apportera la réponse qu’il faut à la dégradation continue des conditions politiques, sociales et économiques non seulement du Mali mais de l’ensemble des pays de la région, laquelle est elle-même le produit des politiques de déploiement du capitalisme des monopoles de la triade impérialiste (États-Unis, Europe, Japon), toujours en œuvre, comme elle est à l’origine de l’implantation de l’Islam politique dans la région.
I.- L’Islam politique réactionnaire, ennemi des peuples concernés et allié majeur des stratégies de la triade impérialiste
L’Islam politique – au-delà de la variété apparente de ses expressions – n’est pas un « mouvement de renaissance de la foi religieuse » (que celle-ci plaise ou non), mais une force politique archi-réactionnaire qui condamne les peuples qui sont les victimes éventuelles de l’exercice de son pouvoir, à la régression sur tous les plans, les rendant par là même incapables de répondre positivement aux défis auxquels ils sont confrontés. Ce pouvoir ne constitue pas un frein à la poursuite du processus de dégradation et de paupérisation en cours depuis trois décennies. Au contraire il en accentue le mouvement, dont il se nourrit lui-même.
Telle est la raison fondamentale pour laquelle les puissances de la triade – telles qu’elles sont et demeurent – y voient un allié stratégique. Le soutien systématique apporté par ces puissances à l’Islam politique réactionnaire a été et demeure l’une des raisons majeures des « succès » qu’il a enregistrés : les Talibans d’Afghanistan, le FIS en Algérie, les « Islamistes » en Somalie et au Soudan, ceux de Turquie, d’Egypte, de Tunisie et d’ailleurs ont tous bénéficié de ce soutien à un moment décisif pour leur saisie du pouvoir local. Aucune des composantes dites modérés de l’Islam politique ne s’est jamais dissociée véritablement des auteurs d’actes terroristes de leurs composantes dites « salafistes ». Ils ont tous bénéficié et continuent à bénéficier de « l’exil » dans les pays du Golfe, lorsque nécessaire. En Libye hier, en Syrie encore aujourd’hui ils continuent à être soutenus par ces mêmes puissances de la triade. En même temps les exactions et les crimes qu’ils commettent sont parfaitement intégrés dans le discours d’accompagnement de la stratégie fondée sur leur soutien : ils permettent de donner de la crédibilité à la thèse d’une « guerre des civilisations » qui facilite le ralliement « consensuel » des peuples de la triade au projet global du capital des monopoles. Les deux discours – la démocratie et la guerre au terrorisme – se complètent mutuellement dans cette stratégie.
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La position de Samir Amin a suscité un certain nombre de critiques dans les milieux dits "anti-impérialistes". Par le lien suivant une réponse de l'auteur de l'article:
http://www.m-pep.org/spip.php?article3191

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