Selon un rapport publié le
12 février par Oxfam France, les principales banques françaises
possédaient en 2012 au moins 18 fonds leur permettant de spéculer pour
plus de 2,5 milliards d’euros sur les marchés de matières premières. La
BNP Paribas, à elle seule, possédait plus de la moitié de ces fonds,
pour un montant total de 1,4 milliard d’euros. Dans le cadre de la
réforme bancaire dont l’examen commence aujourd’hui à l’Assemblée
nationale, Oxfam France demande aux parlementaires de mettre un terme à
la spéculation sur les matières premières agricoles des acteurs
financiers français.
Dans son rapport intitulé Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim, Oxfam France établit un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières.
La BNP Paribas arrive largement en tête de ce classement, suivi par
Natixis (groupe Banque populaire/Caisse d’Epargne), la Société générale,
et le Crédit agricole. La compagnie d’assurance Axa figure elle aussi
parmi les acteurs proposant de tels fonds spéculatifs.
"Les banque françaises, au premier rang desquelles
BNP Paribas, participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante
en spéculant sur les marchés de matières premières agricoles, a déclaré Clara Jamart, d’Oxfam France. Ces banques proposent à leurs clients des outils financiers destinés à parier sur la faim.
Face aux conséquences des flambées des prix alimentaires à répétition,
ces groupes doivent mettent fin à leurs activités de spéculation sur les
matières premières agricoles."
Il faut agir maintenant. Les marchés de matières
premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les
spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent
régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu
observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008,
les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses
records de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes
fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres
des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à
l’alimentation.
"L’évolution des pratiques est inquiétante : c’est
depuis la crise alimentaire de 2008 que la majorité des fonds permettant
de spéculer sur les matières premières agricoles ont été créés en
France. Au niveau mondial, la tendance est la même : le montant total de ces fonds représentait 90 milliards de dollars en 2011, contre moins de 10 milliards en 2004. La réforme bancaire française doit être bien plus ambitieuse et être l’occasion d’y mettre un terme" poursuit Clara Jamart.
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