mardi 6 février 2024

Aux portes de Gaza, des parlementaires français exigent un cessez-le-feu

Des députés et sénateurs français FI, PCF et écologistes se sont rendus au terminal de Rafah en Égypte qui ouvre sur l’enfer de l’enclave palestinienne. Ceints de leur écharpe tricolore, ils ont exigé un cessez-le-feu immédiat et demandé la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.

Le Caire (Égypte), envoyé spécial.

Une quinzaine de parlementaires de la gauche française1 (1) portent au Proche-Orient une autre voix de la France, celle de la paix. Menée par le député FI, Éric Coquerel, une délégation est arrivée au Caire, samedi 3 février, et se trouvait, dimanche, aux portes de la bande de Gaza, au terminal de Rafah, « à portée de voix de la population gazaouie ».

Sur la route qui y mène, des centaines et des centaines de camions sont rangés sur le bas-côté, attendant de pouvoir livrer les précieuses marchandises à une population de Gaza exsangue ; 27 000 morts, des dizaines de milliers de blessés, les infrastructures détruites et maintenant la famine qui s’annonce…

Côté égyptien, devant cette porte qui ouvre maintenant sur l’enfer, les parlementaires ont solennellement revêtu leur écharpe tricolore et, sous l’œil inquisiteur des drones israéliens qui n’en finissent pas d’espionner, ils ont lu en français, en anglais et en arabe une déclaration dans laquelle ils affirment : « Nous sommes venu·es à Rafah pour témoigner et apporter notre solidarité à toutes les populations civiles. Nous venons à la rencontre des associations humanitaires qui œuvrent ici auprès des réfugiés et des blessés. »

« Ces massacres ne peuvent justifier cette punition collective infligée au peuple palestinien »

Sur leur veste, ils avaient apposé un autocollant « Israël-Palestine, cessez-le-feu immédiat », leur but essentiel. Dans la capitale égyptienne, Éric Coquerel avait, la veille, souligné le contexte de ce déplacement, une semaine après que la Cour internationale de justice a appelé Israël « à prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher » les actes qui pourraient relever de la Convention des Nations unies sur le génocide.

De son côté, la députée communiste Soumya Bourouaha a expliqué : « Nous avons tous été horrifiés par les prises d’otages (…) et nous partageons l’attente et l’angoisse des familles qui restent sans nouvelles », depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. « Mais ces massacres ne peuvent justifier cette punition collective infligée au peuple palestinien. »

Soulignant le désaccord des parlementaires présents sur la suspension par la France de l’aide à l’UNRWA, elle a martelé : « Ce grand pays qu’est la France a un rôle à jouer pour la libération des otages israéliens dont nos compatriotes, de tous les prisonniers politiques palestiniens et pour un cessez-le-feu. » Jean-Victor Castor (GDR, ultramarin) insistait : « Il y a un occupant et un occupé. Ce dernier n’a pas le choix des armes. Depuis le début, on ne voit pas le niveau d’intervention qu’il faudrait pour arrêter le massacre et mettre en place une solution qui passe par la création de l’État de Palestine. »

Sabrina Sebahi, sénatrice écologiste, a dénoncé « la réalité brutale, celle de la guerre qui se déroule à Gaza et en Cisjordanie ». Face à la catastrophe humanitaire en cours, elle a demandé, à l’instar de l’UNRWA, que « les ONG puissent continuer à faire leur travail, sans entrave ».

« Mobiliser les forces en France pour faire grandir l’exigence de paix et arrêter la guerre »

Pour sa part, Thomas Portes (FI) a relevé que « depuis les décisions prises par la Cour internationale de justice (CIJ) enjoignant Israël à prendre des mesures pour écarter le risque de génocide, rien n’a été fait ». Et Jean-Marc Tellier (PCF) de souligner que l’ensemble des groupes présents entendaient justement « mobiliser les forces en France pour faire grandir l’exigence de paix et arrêter la guerre ». Ce qu’Akkli Mellouli, sénateur vert, résumait en ces termes : « Dans cette bataille, nous voulons prendre notre part, rien que notre part, mais toute notre part. » Tout comme Sébastien Delogu (FI), pour qui cette initiative habituelle à la frontière même de Gaza « aidera à la mobilisation en France ».

Hasard des calendriers, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, vient d’entamer une tournée au Proche-Orient qui laisse sceptiques de nombreux observateurs. Celui-ci estime qu’utiliser le mot « génocide », pourtant employé par la Cour internationale de justice (CIJ) concernant la guerre menée par Israël contre les Palestiniens à Gaza, c’est franchir un seuil moral.

La France a d’ailleurs suivi les États-Unis, dans leur volonté de punir l’agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), en suspendant son aide financière sous prétexte que quelques agents auraient participé à l’attaque du Hamas, le 7 octobre. Mais l’UNRWA les a suspendus et une enquête est en cours. L’ONU et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parlent pourtant de la famine qui gagne la bande de Gaza et des conséquences désastreuses pour les civils si l’UNRWA cessait ses activités. Or, un responsable de cette agence a confié à l’Humanité que, dans un mois, il ne sera plus possible de rémunérer les employés.

 

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