Le verdict du procès en appel de l’affaire Bygmalion est tombé ce mercredi 14 février : l’ancien président Nicolas Sarkozy est condamné à 1 an de prison dont 6 mois avec sursis, neuf mois après avoir écopé (en attente de son pourvoi en cassation) de trois ans de prison dans l’affaire des écoutes téléphoniques. Les douze autres prévenus sont également condamnés à des peines allant d’un an de prison avec sursis à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis.
Une de plus. La condamnation en appel de Nicolas Sarkozy est tombée ce mercredi : un an de prison dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion, pour « financement illégal de campagne », pour la présidentielle de 2012. Dans la même salle du palais de justice où, il y a neuf mois, l’ancien président de la République a été condamné à trois ans de prison – dont un ferme – dans l’affaire des écoutes téléphoniques (en attente de son pourvoi en cassation), la cour d’appel de Paris a récidivé.
Plus de deux ans après sa condamnation en première instance à un an de prison ferme, l’ex-chef de l’État, présent au tribunal, est, à nouveau, reconnu coupable d’avoir dépassé le plafond légal de ses frais de campagne, sans tenir compte des alertes des experts-comptables. Et ce dans des proportions considérables, puisque la campagne de Nicolas Sarkozy aura coûté 42,7 millions d’euros, selon le tribunal correctionnel, dépassant de plus de 20 millions d’euros le plafond autorisé.
Les autres prévenus également condamnés
Dont 16,2 millions d’euros fléchés, par l’agence Bygmalion (l’organisateur des meetings) avec l’aide de l’équipe de campagne et de l’UMP, vers les comptes du parti. Un système de double-facturation qui a permis de cacher l’explosion des dépenses, jusqu’aux révélations télévisées de Jérôme Lavrilleux – directeur adjoint de la campagne et bras droit de Jean-François Copé – en 2014. Lequel a répété lors de son audition en novembre 2023 : « Tout a été fait au profit de Nicolas Sarkozy ».
Outre Nicolas Sarkozy, les 12 autres prévenus de ce procès en appel (auxquels il faut ajouter Philippe Briant, président de l’Association de financement, condamné à deux ans de prison en première instance), ont tous été condamnés ce mercredi 14 février, à des peines allant d’un an de prison avec sursis à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis. Jérôme Lavrilleux écope de 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis. Quant aux dirigeants de Bygmalion, Guy Alvès, directeur général, est condamné à 18 mois de prison avec sursis, Franck Attal, directeur adjoint de la filiale événementielle Event & Cie, à un an de prison avec sursis. Ces deux derniers écopent également d’une interdiction de gérer une entreprise pendant 5 ans.
La folle campagne de Nicolas Sarkozy
À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas si un pourvoi en cassation sera demandé par les différents prévenus. Nicolas Sarkozy sera-t-il tenté de le faire, lui qui a toujours nié toute responsabilité dans l’affaire et surtout (ce qui lui est reproché), d’avoir fait preuve de négligence en menant une campagne « pharaonique » (comme décrite par le tribunal correctionnel), hors des clous budgétaires.
Lors de son audition, le 24 novembre, Nicolas Sarkozy a même réfuté tout « emballement » des dépenses de campagne. Sans avoir peur de trop en faire : « C’était plutôt une campagne d’une tristesse à mourir ». « Je conteste le côté extraordinaire de mes meetings ou réunions, même si je veux faire comprendre qu’une élection présidentielle n’est pas une élection municipale », s’était-il défendu, en épluchant les coupures de l’époque. Comme celle-ci : « L’Humanité, qui n’est pas connue pour avoir milité fortement pour moi, écrit le 20 février : ” Oubliées les envolées républicaines de 2007, le meeting de Marseille ne devrait pas rentrer dans l’histoire” ».
Or, ce sont dans les mois qui ont suivi que la campagne s’est emballée, avec la demande en mars – deux jours après une note des comptables expliquant que les comptes étaient déjà dans le rouge – d’organiser un meeting par jour. 44 au total sur la durée de la campagne, dont ceux de Villepinte (9 millions d’euros) et de la Concorde (2,9 millions d’euros).
Les procès n’ont pas révélé tous les secrets
Concrètement, Nicolas Sarkozy ne remet en cause le montant des factures de Bygmalion, ou le système de double-facturations, mais estime que l’agence de communication s’est « goinfrée » sur son dos. Des surfacturations de ses meetings pour s’enrichir personnellement, accuse-t-il à demi-mot.
Des éléments surprenants pouvaient en effet le laisser penser, comme lorsqu’en 2021, le tribunal correctionnel s’est dit « estomaqué » devant les dépenses du meeting de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire) : 295 000 euros pour 350 participants… Mais en première instance comme en appel, les débats n’ont pas permis de soulever des preuves d’une surfacturation ou d’un enrichissement personnel.
« À qui a profité ce système ? Au fil de nos auditions, deux courants se dessinent : le candidat ou la société Bygmalion », n’a cessé de demander la présidente de la cour d’appel en novembre 2023. Sans obtenir de réponses claires et concordantes permettant d’établir les faits. Malgré les procès, l’affaire Bygmalion gardera de nombreux secrets.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire