mercredi 28 février 2024

Guerres : Netanyahou ferait passer Poutine pour un homme de paix


 C’est officiel, en deux ans, Poutine a tué autant de militaires ukrainiens qu’Israël a fait de morts civils en 140 jours.

En 2013, le président américain Barack Obama avait évoqué une « ligne rouge », celle que la Syrie ne devait pas franchir. La suite, on la connaît : Bachar el-Assad a massacré les Syriens et anéanti la rébellion. Et les États-Unis n’ont rien fait.

Dix ans plus tard, quasiment au même endroit de la Terre, c’est un autre homme – Benyamin Netanyahou – qui massacre une population. Pas de « ligne rouge » cette fois-ci, les États-Unis sont mêmes au garde-à-vous derrière cette folie meurtrière.

143 jours. Pour parler uniquement du dernier épisode de cette tragique série. 143 jours que le groupe terroriste palestinien a commis le plus meurtrier attentat de son histoire. 143 jours que le pouvoir israélien profite de cette morbide aubaine pour accélérer son projet de destruction de Gaza. Depuis, les esprits fascisants qui gouvernent Israël n’ont plus aucun filtre.

Rarement l’histoire n’avait assisté à une telle offensive militaire. Il suffit de lire le bilan de l’Unicef pour comprendre ce qu’il se passe : 

« Après les attaques du 7 octobre en Israël, l’escalade des hostilités qui dure dans la bande de Gaza est la plus meurtrière depuis 2006. Au 22 février, le bilan faisait état d’au moins 1200 morts dont 36 enfants et plus de 7 500 blessés en Israël. 138 personnes seraient encore retenues en otage. Dans la bande de Gaza, 29 410 personnes, dont plus de 5 350 enfants et au moins 3 250 femmes, seraient décédées. Près de 69 465 personnes auraient été blessées dont 12 300 enfants. Plus de 17 000 enfants sont séparés de leurs parents. Des milliers d’autres sont portés disparus. Les femmes et les enfants représentent 70 % des victimes. Le bilan s’alourdit chaque jour de façon stupéfiante. La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. »

Un attentat, le 7 octobre, causa la mort de 1200 personnes en Israël. La réponse militaire – 30 000 morts, quasi-exclusivement des civils – est telle que quasiment toute la bande de Gaza est une ruine. S’ingénier en contorsions intellectuelles pour justifier ce massacre relève de l’ignominie.

Heureux qui comme Vladimir…

Pendant ce temps-là, dans un monde qui semble parallèle, Volodymyr Zelensky évoque un tout autre bilan humain : 31 000 militaires ukrainiens ont été tués dans la guerre avec la Russie, qui dure depuis bientôt deux ans – là aussi, pour ce qu’il s’agit du dernier épisode…

31 000 militaires ukrainiens en deux ans.
29 410 civils palestiniens en 140 jours.

De quoi faire passer Vladimir Poutine pour un chic type. Et pas que lui d’ailleurs.

Avec la guerre à Gaza, Vladimir Poutine peut souffler, tout comme ses homologues turc Recep Tayyip Erdoğan ou chinois Xi Jinping. Les Urkainiens, les Kurdes, les Ouïghours ? Israël leur offre un contre-feu inattendu et inédit, le monde ne pense plus qu’au sort des Palestiniens.

Mieux, les bougres se croient même le droit de donner des leçons à Israëlrefutant son droit à la légitime défense ou encore sommant « la communauté internationale à agir de toute urgence » pour mettre fin à la « catastrophe humanitaire ».

Et l’Occident se retrouve le cul entre deux chaises. Alors que le monde s’organise contre les champions du 20ème siècle – c’est le sujet du dernier numéro de notre revue ! –, ceux-ci ne semblent pas prendre la mesure des changements de paradigme en cours. Le veto américain à l’ONU, sauvant encore la barbabie vengeresque israélienne, en est le plus pur symbole.

Et Benyamin Netanyahou de s’insurger contre le « diktat international » qui souhaite l’avènement d’un État palestinien et donc de la paix. Un plan qui n’est pas celui du Premier ministre, qui considère qu’une trève ne serait qu’une perte de temps avant le massacre final de Rafah, dernière ville avant l’Égypte. À côté, Poutine peut bien faire assassiner tous ses opposants, ça paraître toujours plus raisonnable.

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