samedi 3 février 2024

Suspension du plan Ecophyto : une décision « inefficace » pour des syndicats et des ONG environnementales


 Ce jeudi 1er février, le ministre de l’Agriculture a annoncé la « mise en pause » du projet qui doit définir la stratégie française de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2030. Syndicats et ONG environnementales fustigent cette décision


« La stratégie Ecophyto 2030 est soumise à la consultation des parties prenantes pour une publication à l’horizon début 2024 », précisait le 30 octobre dernier le ministère de l’Agriculture sur son site mais force est de constater que les dirigeants de la FNSEA et des JA ont eu sa peau. Ce jeudi 1er février, pendant que les agriculteurs mobilisés attendaient des nouvelles annonces du premier ministre pour répondre à leur crise, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a révélé la mise « en pause » du projet qui doit définir la stratégie française de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2030. Une « mise à l’arrêt » confirmé dans la foulée par l’hôte de Matignon, lors de sa conférence de presse.

Une « mesure allant dans le bon sens » pour la FNSEA et les JA mais immédiatement décriée par les ONG environnementales et autres syndicats agricoles. Sur le barrage de l’A43 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Thierry Bonnanour, porte-parole de la Confédération Paysanne Auvergne-Rhône-Alpes déplore le « recul » d’un plan qui « n’était déjà pas très efficace pour réduire l’usage des pesticides ».

« Le politique décide à la place des experts scientifiques »

De son côté, François Veillerette de Générations Futures, estime que depuis l’élaboration du plan Écophyto I, la FNSEA et les JA poussaient « pour retirer le Nodu ». Lancé en 2008, il sert à calculer de nombre de doses de produits phytosanitaires utilisés à l’hectare par les exploitants agricoles. Pourtant, le premier ministre Gabriel Attal a annoncé « l’élaboration d’un nouvel indicateur ». Une décision que regrette le porte-parole de l’ONG : « La FNSEA et le gouvernement vont en mettre au point un nouveau en toute opacité. Nous n’aurons pas accès à leurs discussions ».

Et les mauvaises nouvelles s’enchaînant, lors de son intervention le premier ministre Gabriel Attal a aussi visé indirectement l’activité de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en voulant « sortir d’une situation » où l’agence des pouvoirs publics décide de quelle molécule chimique interdire sans attendre l’accord de l’Union européenne« On en revient à un système où le politique décide à la place des experts scientifiques », se désole François Veillerette.

Pour le président du Modef, Pierre Thomas, ces annonces sont le signe que le gouvernement « n’incite pas à trouver des solutions » pour changer de modèle. « Si le gouvernement avait dit ”on met sur pause le plan Écophyto, parce qu’il met en difficulté les agriculteurs, mais on lance à fond la recherche et les investissements sur les nouvelles méthodes de culture pour changer nos pratiques”, nous aurions pu entendre l’argument. Mais là, il met sur pause les mesures environnementales sans rien proposer ensuite ». Un avis partagé par Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV. « Le gouvernement peut décider de ne plus protéger l’eau, la terre, la biodiversité et même notre santé. Mais avec ça nos agriculteurs ne gagneront pas plus (leur principale revendication), a-t-elle publié sur X. À la fin, tout le monde est perdant »

Le 14 décembre 2023, une commission d’enquête parlementaire sur les produits phytosanitaires dénonçait déjà une forme d’« incurie » des pouvoirs publics à réduire l’usage de ces produits chimiques. Et lors de ces précédentes annonces, Gabriel Attal a notifié la mise au pas les agents de l’Office français de la biodiversité, désormais placés sous la tutelle des préfets. « Le quinquennat sera écologique ou ne sera pas », la promesse présidentielle, formulée en 2022 dans l’entre-deux-tours, est déjà bien lointaine.

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