mercredi 28 février 2024

« Envoi de troupes » en Ukraine : les déclarations de Macron dénoncées par la gauche


 « Rien ne doit être exclu », pas même l’envoi « de troupes au sol », a assuré Emmanuel Macron à l’issue d’un sommet à Paris lundi 26 février. La gauche fustige des déclarations belliqueuses qui risquent d’entraîner la France et le continent dans l’engrenage de la guerre.

Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, en majorité européens, se sont réunis, ce lundi, à Paris, pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine, depuis l’invasion russe le 24 février 2022. À l’issue de la rencontre, Emmanuel Macron s’est fendu d’une déclaration des plus martiales qui n’a pas manqué de faire réagir. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a-t-il déclaré.

Le chef de l’État n’a pas souhaité en dire plus sur la position de la France sur cette question, évoquant une « ambiguïté stratégique que j’assume »« Beaucoup de gens qui disent « Jamais, jamais » aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient « Jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée » il y a deux ans », a-t-il cependant insisté, semblant prêt à entrer dans un engrenage belliciste. Et d’ajouter : « Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard. C’était l’objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. »

« Une escalade guerrière terriblement dangereuse »

Des personnalités de gauche ont dénoncé le risque d’escalade engageant des puissances nucléaires après la prise de parole d’Emmanuel Macron. « Stop, ça suffit ! Plus de 500 000 morts (et blessés) dans cette guerre. Combien en faudra-t-il de plus pour dire « plus jamais ça » ? Cette déclaration est irresponsable, elle pourrait entraîner la France et le Monde dans la guerre », a dénoncé, sur X (ex-Twitter), le candidat du PCF aux Européennes, Léon Deffontaines qui « refuse de faire partie d’une nouvelle génération sacrifiée ».

« En annonçant que l’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine « n’est pas exclu », Macron entraîne la France et l’Europe dans une escalade guerrière terriblement dangereuse ! La France doit agir pour la paix, certainement pas souffler sur les braises de la guerre », ajoute le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

« L’envoi de troupes en Ukraine ferait de nous des belligérants. La guerre contre la Russie serait une folie », a fustigé, également sur X, Jean-Luc Mélenchon. Pointant qu’une « escalade verbale belliqueuse d’une puissance nucléaire contre une autre puissance nucléaire majeure est déjà un acte irresponsable », le leader insoumis estime que « le parlement doit être saisi et dire non » et qu’il « est plus que temps de négocier la paix en Ukraine avec des clauses de sécurité mutuelle ».

« Ce serait considéré comme une entrée guerre de la France contre la Russie. Le Parlement doit être saisi en vertu de l’article 35 de la Constitution. Il faut refuser cette escalade », a ajouté le député insoumis Antoine Léaument tandis que le coordinateur de la FI, Manuel Bompard estime que « la France doit refuser l’engrenage vers un affrontement généralisé » et que « toutes les initiatives doivent être prises pour trouver le chemin de la paix ».

« Soutenir la résistance ukrainienne oui. Entrer en guerre avec la Russie et entraîner le continent. Folie », a également réagi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure qui juge « inquiétante (la) légèreté présidentielle qui au détour d’une conférence de presse se dit éventuellement prêt à engager la France comme nation co-belligérante dans cette guerre ».

L’Elysée annonce un débat suivi d’un vote au parlement

Face au tollé et pour tenter de prendre au piège les oppositions, l’Élysée a annoncé, mardi 27 février après-midi, que « le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ». Jusque-là, députés et sénateurs n’ont pas eu leur mot à dire sur la politique de la France vis-à-vis de l’Ukraine.

« Cet accord, précise le communiqué, fait suite à la déclaration que la France avait adoptée, le 12 juillet 2023, avec ses partenaires du G7 en marge du Sommet de l’OTAN à Vilnius » et « il inscrit notre soutien à l’Ukraine dans la durée pour faire échec à la guerre d’agression de la Russie. Il s’agit d’une démarche collective, puisqu’outre les pays du G7, 25 autres pays ont également décidé de conclure avec l’Ukraine un accord similaire ».

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