À 65 ans, Ursula von der Leyen est désormais une femme rangée. Brushing impeccable et sourire de circonstance, loin des pubs et des disquaires londoniens où elle a étrenné sa jeunesse. La présidente de la Commission européenne a remisé son côté punk pour ne garder de son éducation bourgeoise que le goût du saut d’obstacles.
Après avoir longtemps laissé planer l’incertitude, Ursula von der Leyen a annoncé, ce 19 février, sa volonté d’être candidate à un second mandat à la tête de la Commission, après avoir reçu le soutien de son parti de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). « Je prends aujourd’hui une décision consciente et réfléchie », assure l’ex-ministre d’Angela Merkel.
Faute de grandes figures alternatives, elle devrait voir sa candidature validée lors du congrès du Parti populaire européen (PPE), qui rassemblera les droites continentales, les 6 et 7 mars à Bucarest. Après les européennes de juin, les États membres devront la confirmer à la majorité qualifiée – certains sauront se souvenir des arbitrages rendus en leur faveur, comme la France sur le nucléaire – avant que le Parlement européen ne s’exprime à la majorité absolue.
Cheville ouvrière du rapprochement avec l’Otan
Néolibérale et partisane d’un passage en force sur l’accord UE-Mercosur, atlantiste, militariste, bâtisseuse de l’Europe forteresse… Ursula von der Leyen a dès ses débuts nourri le souhait d’une « commission géopolitique ». La guerre en Ukraine, qui a mis en lumière l’absence d’architecture de sécurité européenne, lui en aura fourni l’occasion, quitte à empiéter sérieusement sur les plates-bandes du président du Conseil européen, Charles Michel, et du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, Josep Borrell.
Une rivalité exacerbée à l’aune de la guerre contre Gaza au sujet de laquelle les appréciations diffèrent. En quatre ans et demi, elle affiche 230 voyages dans plus de 60 pays, dont une bonne partie (33) en terres allemandes. Cheville ouvrière du rapprochement avec l’Otan et de l’élargissement de l’Union à l’Ukraine et à la Moldavie, elle s’affranchit des réalités économiques ou de la nécessaire réforme des traités qu’une extension inclut.
Auréolée d’une activité législative intense, elle dressait un bilan flatteur de sa mandature lors du discours sur l’état de l’Union, en septembre 2023. Tout en évitant de le politiser et d’évoquer la crise sociale. Car Ursula von der Leyen maîtrise aussi bien le sport équestre que l’art du virage à 180 degrés.
Pendant le Covid, l’austéritaire s’assoit un temps sur les règles budgétaires pour initier un plan de relance de 800 milliards d’euros et prouve à ses adversaires que les critères de Maastricht peuvent être contournés. Elle y trouve également l’occasion de faire rentrer la Pologne et la Hongrie dans le rang en conditionnant les aides au respect de l’État de droit.
Sa campagne devrait être marquée par les priorités de la CDU : compétitivité des entreprises, pause dans un pacte vert dopé au marché carboné et immigration, autant de chantiers inaboutis. Et bien loin du punk londonien.
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