« Réarmement » de la France, uniforme à l’école… Après la conférence de presse tenue par Macron devant les journalistes, mardi 16 janvier, un peu moins d’une semaine après la nomination d’un nouveau gouvernement, les élus de gauche dénoncent une vision passéiste du pays et des mesures qui brillent par leur décalage face à l’urgence sociale.
Rhétorique martiale et vision passéiste de la France. Mardi soir, à 20 heures, le président de la République, lors de sa conférence de presse aux allures de grand-messe destinée à décliner les grandes actions à venir pour la suite de son quinquennat, a donné le ton. Un peu moins d’une semaine après la nomination de son nouveau premier ministre, Gabriel Attal, et de son gouvernement, l’ambition d’Emmanuel Macron se résume donc à une volonté de « réarmement » pour que « la France reste la France », a-t-il d’emblée déclaré. Et les mesures annoncées, à l’image de ce projet aux relents zemmouriens, ne passent pas auprès de l’opposition de gauche qui a rapidement réagi, notamment sur les réseaux sociaux.
« Uniforme, Marseillaise à l’école, Relance de la natalité et réarmement démographique Tous mes vœux pour 1924… ! », a ainsi résumé sur X (ex-Txitter) Anne-Claire Boux, adjointe à la maire de Paris.
Passéisme et des mesures entre vacuité et régression sociale, c’est donc l’impression qui a dominé parmi les élus de gauche. À l’instar d’Olivier Faure, le premier secrétaire du parti socialiste, qui a commenté ces annonces sur son compte X : « C’était ça la grande initiative pour unir les Français ? Les jeunes, classe dangereuse au pas. Les salariés renvoyés à l’arbitraire patronal, les franchises doublées, les chômeurs sanctionnés, l’écologie limitée, l’électricité augmentée, la préférence nationale assumée… »
« Du sang et des larmes »
Thomas Portes, député France insoumise et membre de la commission des lois, a également commenté ce retour vertigineux à la France d’antan, fondé sur un programme qui ne prévoit rien pour les plus fragiles : « Ce soir le saint patron de la bourgeoisie a parlé. Il promet du sang et des larmes pour le peuple. Pour le patronat et les riches c’est champagne : chasse aux chômeurs, congés parentaux diminués, les normes sacrifiées au nom du dogme du profit », a relevé l’élu de gauche sur son compte X. Le projet de généraliser le port de l’uniforme à l’école, de nouveau présenté par le Président comme un moyen « d’effacer les inégalités » n’est selon Thomas Portes « qu’une opération de communication aux relents d’extrême droite pour refuser de remettre en cause le système capitaliste » car « ce qui efface les inégalités c’est le partage des richesses et la hausse des salaires ».
« Du sang et des larmes ». C’est aussi le constat fait par Fabien Roussel, pour qui ces mesures présagent de nouvelles souffrances pour les plus fragiles : « Le discours de politique générale vient d’être prononcé. Les factures d’électricité vont augmenter, Les prix des médicaments vont augmenter. Mais les salaires, eux, ne vont pas augmenter ! La messe est dite », a commenté le secrétaire national du Parti communiste sur son compte X
Rien sur l’augmentation des salaires, rien non plus sur le logement. Des plus de 30 000 sans-abri, il n’a pas été question dans le propos d’Emmanuel Macron, comme s’en est indigné Thomas Portes : « En Seine-Saint-Denis depuis le 1er janvier 414 personnes dorment chaque nuit à la rue. Dans le pays ce sont 3 000 enfants et 30 000 SDF qui chaque nuit sont dehors. 3 personnes sont décédées ces derniers jours. Pas un mot de Macron. Des invisibles. Président de la honte. »
« Aucune réquisition des logements vides »
Même constat et même colère chez Jacques Baudrier, adjoint communiste à la maire de Paris, chargé du logement et de la transition écologique, qui s’est indigné du silence d’Emmanuel Macron à ce sujet : « La pire crise du logement depuis 1954. Toujours plus de sans-abri. Deux heures d’émission et zéro mesure prise. Aucune relance de la construction. Aucune réquisition des logements vides. Dramatique. »
Un décalage et un aveuglement face aux priorités également relevés par l’eurodéputée France insoumise Manon Aubry, qui a réagi sur son compte X : « Pour répondre à l’explosion des prix et des factures d’électricité, les milliardaires et actionnaires qui se gavent, vous repasserez. En revanche, il faudra porter l’uniforme à l’école et sacrifier un peu + nos services publics. Maintenant vous pouvez éteindre l’ORTF. »
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