Toutes les pièces d’une disparition du groupe et de l’enseigne Casino semblent réunies. Le ministre des Finances lui-même en valide la vente à la découpe… Certes le groupe Casino, comme les autres enseignes de la grande distribution, est confronté à la crise qui frappe ce modèle de vente. Mais ce sont les aventures financières hasardeuses de son propriétaire M. Naouri, dont les dividendes fous qu’il s’est versés, qui l’ont mis à mort.
Informé depuis le début, le gouvernement, par la voix de Bruno Le Maire, a entériné le projet des repreneurs. Car les actifs économiques du groupe Casino présentent toujours un intérêt évident. Ainsi, un consortium avec à sa tête la nouvelle coqueluche du monde des affaires le Tchèque Daniel Kretinsky s’est positionné sur les Franprix et Monoprix, proposant 1,2 milliard d’argent frais et la réduction de près de 5 milliards de la dette du groupe, sur 10 au total.
Les enseignes Auchan, propriété de la famille Mulliez, et Intermarché ont, quant à elles, proposé plus de 1 milliard d’euros pour 313 magasins au total. C’est open bar pour le capital ! L’objectif de chacun est d’accroître sa domination et, en passant, sa fortune personnelle.
La disparition de l’enseigne et du groupe Casino est une question nationale, économique et sociale. Le groupe Casino, c’est 55 000 emplois en France, plus de 4 000 dans la Loire dont le siège social. Casino, c’est une page de l’histoire du commerce alimentaire dans le pays, c’est un nom attaché à une région déjà lourdement frappée par les restructurations industrielles et à une équipe de foot emblématique…
La période de sauvegarde du groupe a été prolongée jusqu’au 25 février. Il reste du temps pour le sauver ! Le gouvernement va-t-il encore laisser disparaître un fleuron de l’économie nationale et supprimer, avec lui, des milliers d’emplois dans tout le pays ? Déjà deux magasins rachetés par Intermarché sont remis en vente.
L’État dispose de moyens d’intervention. Moratoire, structure de défaisance pour les opérations financières pourries, mise en cause de la responsabilité de M. Naouri, activation de la Banque publique d’investissement (BPI) et recours aux banques avec des prêts à très bas taux, mise en place d’une instance de surveillance intégrant les représentants des salariés pour intervenir sur la gestion future.
Pour que l’action publique soit efficace, elle doit s’appuyer sur l’intervention des personnels, de leurs organisations représentatives, des élu·es locaux et des populations. Cela suppose de les informer pleinement de la situation au lieu de les tenir soigneusement à l’écart. Il s’agit de créer toutes les conditions pour sauver Casino, ses emplois, ses activités et celles de créanciers mis devant le fait accompli.
Bien sûr, il y a une crise du modèle « grande surface » et de la grande distribution, notamment d’un point de vue écologique (hyperconcentration, aménagement du territoire et aménagement urbain dévoreur d’espace, obligation de déplacements, pratiques tarifaires…). Depuis quelque temps déjà, les patrons des grandes enseignes de la distribution alimentaire ont fait de cette question un de leurs arguments massues pour lancer de vastes opérations de restructuration.
Mais peut-on croire en leur soudaine conversion à l’écologie, particulièrement pour justifier les opérations en cours ? Ou n’est-ce pas plutôt l’utilisation d’un prétexte pour restructurer un secteur en mal de rentabilité, c’est-à-dire en recherche d’un taux de profit toujours plus élevé ?
Contre la prédation du capital, il convient d’élaborer des solutions alternatives pérennes. De nouvelles pratiques de distribution doivent s’imposer qui ne soient plus soumises aux intérêts de la finance et à la logique capitaliste, mais qui répondent à ceux de la population et des salariés. Un autre projet doit être porté pour une région, pour l’emploi et l’économie dans notre pays. C’est urgent face au fléau du chômage qui, sans jamais avoir reculé, repart de plus belle.
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