Les supputations vont bon train sur un éventuel changement de gouvernement – et de premier ministre – dans les heures ou les jours à venir. Comme à chaque rumeur de remaniement, la stratégie d’Emmanuel Macron est de faire monter la sauce.
Combler l’espace médiatique. Depuis la victoire à la Pyrrhus qu’a constitué le vote de la loi immigration, fin décembre, inspirée par le RN et dictée par LR, l’ombre d’un remaniement ministériel plane à nouveau sur la Macronie. Passés Noël et les vœux présidentiels, l’Elysée fait savamment monter, dans les médias, les rumeurs sur les postes concernés et sur la date de ce possiblement chamboulement gouvernemental.
Dès le 31 décembre, une information fuite : le Conseil des ministres prévu le 3 janvier est annulé. C’est parti, les éditorialistes peuvent se mettre en ébullition – surtout dans une telle période de creux dans l’actualité politique, l’os est trop tentant à ronger. « Le remaniement approche, ça paraît logique », claironne Alain Duhamel sur BFM TV le 2 janvier, en introduction de la première édition de l’année de son émission quotidienne Face à Duhamel. Les suivantes seront aussi consacrées à cette pseudo-actualité : « Borne peut-elle vraiment rester à Matignon ? », « Un remaniement inévitable ? »… Dans le même temps, le JDD de Vincent Bolloré parle mardi d’une échéance « « avant le week-end », selon un conseiller ministériel ».
Lecornu, Denormandie ou Ferrand pour remplacer Borne, selon BFM TV
À quelques mois des Jeux olympiques, et après 23 49.3 en un an et demi, la réforme des retraites puis la loi immigration passées aux forceps, un départ d’Elisabeth Borne de Matignon semble se préciser. Jeudi soir, BFM TV met en avant trois noms pour la remplacer : Sébastien Lecornu, actuel ministre des armées, Richard Ferrand, macroniste historique et ex-président de l’Assemblée, et Julien Denormandie, ancien ministre de l’Agriculture et proche du chef de l’Etat. Trois options déjà sorties en juin dernier, avant que la première ministre ne soit finalement confirmée… D’autres journaux évoquent Christophe Béchu (actuellement à la Transition écologique) ou Bruno Le Maire (Economie), ainsi qu’un transfert de Gérald Darmanin de l’Intérieur aux Affaires étrangères (selon le Parisien).
En outre, des ministres qui se seraient opposés à la loi immigration – Clément Beaune (Transport), Rima Abdul-Malak (Culture), Patrice Vergriete (Logement), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur) – seraient débarqués selon la chaîne d’info. Le Parisien prédit quant à lui un changement de poste à Gérald Darmanin, vers les Affaires étrangères, pendant que le préfet de police de Paris Laurent Nuñez le remplacerait à l’Intérieur…
La promesse d’un grand virage
L’Elysée prend son temps. La mise en scène n’est pas anodine. Comme en 2020 ou en juillet dernier – alors qu’un « grand virage gouvernemental » est promis pendant une semaine par des sources élyséennes avant de faire pschitt -, Emmanuel Macron a pris l’habitude de faire monter les rumeurs. Avec plusieurs objectifs. D’une part, braquer sur son camp les projecteurs médiatiques le plus longtemps possible. D’une autre, créer « l’événement » et l’illusion, une fois l’annonce venue, d’un « changement de cap », d’un « renouveau » dans la politique mise en place par le président de la République. Lui qui vend régulièrement des promesses d’ « initiative politique d’ampleur » ou encore de « nouvelles méthodes de gouvernement ».
Faire fuiter des rumeurs dans la presse peut être aussi un moyen de lancer des ballons d’essais. Après sa réélection en avril 2022, Emmanuel Macron aurait proposé, selon l’intéressée, à l’ancienne LR Catherine Vautrin le poste de première ministre. L’information sort dans la presse, et suscite rapidement des interrogations. Son passé de fervente opposante au mariage pour tous, notamment, est critiqué à gauche mais aussi dans le camp présidentiel. L’hypothèse Vautrin est rapidement grillée, Elisabeth Borne lui est finalement préférée.
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