Comment encapsuler en peu de signes une année entière d’un monde globalisé et éviter un triste zapping ? À l’heure où les flots de l’information « certifiée » comme des « fake news » s’abattent comme un torrent et débordent bon nombre de citoyens, une image chasse l’autre. 2023 comme une série de flashs. On passerait des visages hagards dans Gaza bombardée à la tronçonneuse du nouveau président argentin, puis aux larmes d’Antoine Dupont tandis que l’Afrique du Sud emporte la Coupe loin de la maison. Et l’on n’aurait pas forcément raconté 2023. Pour ce dernier numéro avant la nouvelle année, l’Humanité fait le choix de retenir 23 mots comme autant de thermomètres d’une cuvée trop souvent amère.
ChatGPT
IA conversationnelle avancée, ChatGPT révolutionne les interactions numériques avec une compréhension contextuelle, mais soulève des préoccupations éthiques. Cette dernière phrase, ce n’est pas nous qui l’avons écrite, mais bien l’intelligence artificielle, quand on lui a demandé de « résumer en 20 mots ChatGPT ». L’IA va-t-elle nous rendre obsolètes ? La question a parcouru 2023, du monde politique aux bancs des universités, en passant par Hollywood, où acteurs et scénaristes se sont inquiétés, à l’occasion d’une grève historique, que les bots fassent de plus en plus de bruit.
UAW
C’est la plus éclatante victoire du mouvement syndical aux États-Unis depuis plus d’un demi-siècle. Une nouvelle direction syndicale, une nouvelle stratégie et, finalement, une nouvelle convention collective. L’UAW (United Auto Workers), présidé par Shawn Fain, a réalisé entre septembre et octobre un grand chelem. Pour la première fois, le syndicat, fondé en 1935, a lancé un mouvement de grève simultané contre les « Big Three » (Ford, General Motors, Stellantis qui détient Chrysler) en ciblant les usines soumises à un débrayage. Au final : augmentations de salaires de 25 %, indexation de ces mêmes rémunérations sur l’inflation, titularisation des intérimaires.
Nahel
« Justice pour Nahel ! » : pendant des mois, ce slogan a résonné un peu partout en France. Le 27 juin, un policier abattait à bout portant cet adolescent de 17 ans, à Nanterre, lors d’un contrôle routier. Les jeunes des quartiers se soulèvent et expriment leur colère face à la police qui les contrôle à longueur de temps, qui les insulte, qui les frappe. Ces révoltes repeintes en « émeutes » font le beurre des médias dominants. À droite, on dénonce une horde de sauvages, prêts à tout pour attaquer la police, les services publics, et donc la République. Emmanuel Macron s’en mêle, charge la première ministre, Élisabeth Borne, de présenter un plan « ambitieux ». Celui-ci s’en prend aux parents des « émeutiers » : à eux de mieux éduquer leurs enfants, sous peine d’effectuer des peines de travaux d’intérêt général. L’auteur présumé du tir mortel, lui, a été libéré sous contrôle judiciaire, mi-novembre. En réaction, une marche pacifique s’est tenue à Nanterre, dans l’indifférence quasi générale.
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