samedi 9 décembre 2023

À Gaza, des bombes états-uniennes visent des civils, Amnesty réclame une enquête pour crimes de guerre

Amnesty International demande une enquête pour crimes de guerre, après la découverte de munitions fabriquées aux États-Unis, utilisées par l’armée israélienne lors des bombardements visant des maisons peuplées de civils, les 10 et 22 octobre derniers. Ces bombes lancées sur les habitations dans la bande de Gaza ont causé la mort de 43 civils, dont 19 enfants.

De la fumée s’élève après une frappe aérienne israélienne sur la ville de Khan Yunis dans le sud de la bande de Gaza, le 7 décembre 2023. Abed Rahim Khatib/DPA/ABACAPRESS.COM

C’est un « massacre de familles entières », qui a été, selon Amnesty International, perpétré le 10 et le 22 octobre, par l’armée israélienne, dans la bande de Gaza. Au milieu du déluge de bombardements auxquels est soumise l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre dernier, ces deux jours ont marqué un sommet dans l’horreur et le déni du droit international, qui a poussé l’ONG à réclamer, à l’issue de ses investigations, « une enquête pour crimes de guerre ».

Les bombes « munies d’un système de guidage de type JDAM (Joint Direct Attack Munitions) », qui ont anéanti la vie de 43 personnes —, dont 19 enfants —, décimant en quelques secondes des familles entières, ont été fabriquées aux États-Unis, révèle l’ONG, affirmant avoir trouvé dans les deux « des éclats caractéristiques de munitions de fabrication américaine ».

Violation du droit international

Ces frappes aériennes meurtrières étant « soit des attaques directes contre des personnes ou des biens civils, soit des attaques menées sans discrimination », elles constituent, selon l’ONG, une violation du droit international et doivent faire « l’objet d’une enquête en tant que crimes de guerre ». « Cela devrait sonner comme un avertissement urgent pour le gouvernement de Joe Biden », souligne Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International ; qui demande aux « États-Unis de cesser de transférer à Israël des armes qui pourraient être utilisées pour commettre des violations du droit international humanitaire ».

Dans le long message posté sur Twitter, l’ONG de défense des droits humains affiche les visages des disparus et donne la parole aux survivants, dont certains ont perdu toute leur famille. C’est le cas de Suleiman Salman al-Najjar, un homme dont la femme et les 4 enfants ont été tués par l’une de ces bombes : « Nos vies ont été détruites en un instant. Notre famille a été décimée. Ce qui était impensable est désormais notre réalité. »

Le marchand d’armes français Exxelia Technologies dans la tourmente en 2014

Un autre survivant a décrit à l’ONG les effets effroyables et dévastateurs causés en quelques secondes par ces bombes : « Les corps ont été réduits en lambeaux. Nous n’avons pu trouver que des morceaux… Seuls cinq des corps ont été retrouvés plus ou moins entiers (…). Nous sommes en état de choc. Quel est l’avenir de mes filles survivantes ? Pourquoi tant d’injustice ? Pourquoi ? »

Une détresse partagée par des milliers de familles palestiniennes depuis le 7 octobre, mais aussi bien avant l’irruption de cette nouvelle guerre à Gaza. Des ONG de défense des droits humains avaient ainsi déjà mené des investigations sur le bombardement de la maison de la famille Shuhaibar, en 2014, tuant sur le coup trois de ses enfants : Afnan, 8 ans, Wassim, 9 ans, et Jihad, 10 ans, qui jouaient sur le toit. La famille avait décidé de porter plainte contre le marchand d’armes français Exxelia Technologies, responsable de la vente du missile lancé par Israël sur son immeuble. Les investigations de la justice française sont encore en cours.

 

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