vendredi 15 décembre 2023

Malgré une baisse du nombre de journalistes tués dans le monde, le massacre continue à Gaza, pointe Reporter Sans Frontières

Si le nombre de journalistes tués dans le monde n’a jamais été aussi bas depuis 2002, selon le bilan annuel de Reporter Sans Frontières (RSF), l’hécatombe continue au Proche-Orient. Depuis le 7 octobre, 56 reporters ont été tués à Gaza selon RSF, 64 selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), 75 selon le syndicat des journalistes palestiniens.

Un correspondant de Palestine TV et 11 membres de sa famille ont été tués lors d’une frappe aérienne sur sa maison à Khan Yunis, dans la bande de Gaza, le 3 novembre 2023. Youssef Alzanoun/Middle East Images/ABACAPRESS.COM

Selon le bilan annuel établi par RSF, le chiffre des journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions, 45 au 1er décembre 2023, est le plus bas depuis 2002, malgré la situation au Proche-Orient. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, 13 journalistes au moins ont été tués À Gaza dans le cadre professionnel, 56 au total.

La situation des journalistes toujours préoccupante

Selon RSF, la baisse du nombre de journalistes tués dans le cadre de leurs fonctions s’explique par un « renforcement de la sécurité des journalistes » et « la fin des pics meurtriers en Irak et en Syrie, où près de 600 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions entre 2003 et 2022 ».

L’ONG s’attarde cependant sur le cas de l’Amérique Latine. Si le nombre de journalistes tués dans cette région du monde a également chuté, passant de 26 en 2022 à 6 en 2023, RSF estime que « les journalistes n’y travaillent pas en sécurité ». Elle mentionne les enlèvements et les attaques armées au Mexique et indique que « le nombre record de violences enregistrées en 2022 en Amérique latine incite les journalistes à l’autocensure ».

Elle déplore enfin les 521 journalistes détenus dans le monde, particulièrement en Chine, en Bélarus et en Birmanie, les 54 reporters retenus en otage, notamment en Syrie, en Irak, au Yémen et au Mexique, et enfin les 84 journalistes portés disparus, dont un sur trois au Mexique.

Le ciblage des journalistes en Palestine est un crime de guerre

Selon le décompte de RSF, en 2023, 23 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions en zone de conflits. « 17 l’ont été au cours de la guerre entre Israël et le Hamas, dont 13 à Gaza, durant laquelle 63 journalistes ont perdu la vie au total, dont 56 à Gaza », précise l’ONG. Ces deux derniers mois représentent la période la plus meurtrière pour les journalistes dans un conflit, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qui recense ces statistiques depuis 1992. D’autres organismes relèvent d’ailleurs un nombre de morts supérieur à celui livré par RSF : 64 journalistes auraient ainsi été tués selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ), 75 selon le syndicat des journalistes palestiniens.

« Israël éradique le journalisme à Gaza », déclarait RSF dès le 21 novembre. « Il s’agit d’une atteinte à grande échelle à la liberté de la presse et d’expression », pouvait-on lire dans une tribune publiée dans l’Humanité. RSF a déposé plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour « établir la réalité des faits, et en quoi les journalistes ont été sciemment visés ». En effet, le ciblage des journalistes est parfois assumé par des représentants de l’État d’Israël, tel que le ministre Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, qui déclare que les reporters gazaouis qui ont couvert l’attaque du 7 octobre seront considérés comme des terroristes. Le député du Likoud Danny Danon parle même d’ajouter à une liste de l’Agence de sécurité intérieure d’Israël ces journalistes à « éliminer ». RSF dénonce un « appel au meurtre » et rappelle que le ciblage des journalistes est un crime de guerre.

 

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