Honte au conseil européen qui vient de décider l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union Européenne de l’Ukraine et de la Moldavie et de reconnaître le statut de pays candidat à la Géorgie. Il a également décidé d'accélérer les discussions avec la Bosnie-Herzegovine et la Macédoine du Nord. Pour les peuples, pour le monde du travail, c’est une trahison de plus.
L’Europe de la corruption, de la fraude fiscale, des bas salaires, nous n’en voulons pas, nous n’en voulons plus !
Cette décision s’inscrit dans la fuite en avant ultra libérale de la mise en concurrence des peuples et des travailleurs.
Une fois de plus, les peuples européens, de manière anti démocratique, sont mis au pied du mur de décisions fondamentales dont ils sont dépossédés.
Comme citoyens français, engagés de longue date pour faire respecter la souveraineté populaire, et candidats aux élections européennes du 9 juin, nous sommes catégoriquement opposés à ces élargissements.
L’intégration de nouveaux pays, minés par la corruption et des salaires indignes, entraînera nécessairement dans toute l’Europe de nouvelles délocalisations, la ruine de nos agriculteurs et un nouveau cycle de destructions massives de nos emplois.
Les travailleuses et les travailleurs de notre pays en savent quelque chose, eux à qui la prospérité économique et sociale a été promise à mesure que se renforçait l’intégration européenne et qui n’ont connu que l’impuissance des pouvoirs publics et les engagements sans lendemain des patrons voyous.
Écoutez la détresse et la colère des salariés de Whirlpool à Amiens ou de Bridgeston Bethune, qui ont perdu leurs emplois suite à la délocalisation de leur usine en Pologne et en Hongrie. Demandez aux ouvriers de Peugeot et de Citroën pour quelles raisons une partie de leur activité a été envoyée en Slovaquie. Questionnez les dirigeants de Total à propos du transfert des postes d’informaticiens en Roumanie, alors même que cette entreprise a réalisé des bénéfices record.
Il va sans dire que les travailleurs de ces pays ne sont pas les responsables de cette concurrence mortifère dont ils paient également le prix. La faute en revient au patronat et aux éminences grises de l’Union européenne qui ont en partage une vision du monde profondément utilitariste, dans laquelle l’homme est un loup pour l’homme, uniquement guidé par ses intérêts économiques. Pour les technocrates bruxellois, qu’importe si le travailleur moldave est payé une misère et si cela a pour conséquence d’envoyer un salarié français au chômage. Seule compte cette maudite course au profit, destructrice des femmes, des hommes et de la nature.
Un nouvel élargissement de l’Europe, fondée sur une conception technocratique et ultralibérale du projet européen, n’est souhaitable ni pour les travailleurs français, ni pour les travailleurs extracommunautaires concernés car cette nouvelle mise en concurrence entraînera inévitablement une révision à la baisse de leurs salaires et de leurs droits sociaux.
Nous sommes opposés à cette élargissement mais nous n’avons rien à voir avec la mise en scène minable du non-vote du premier ministre hongrois Victor Orban, qui écrase depuis vingt ans le peuple hongrois sous le joug de ses politiques autoritaires, xénophobes et ultralibérales.
Mise en œuvre à grande échelle, l’orthodoxie ultralibérale a permis à l’Union européenne de devenir le paradis des vainqueurs de la mondialisation capitaliste et l’enfer de ceux qui ont comme principale richesse leur force de travail. Depuis Maastrich, nous contestons vigoureusement ce projet mortifère.
Fidèles à cet esprit, nous continuerons d’agir pour la sauvegarde de nos emplois, la dignité de nos salaires et la réindustrialisation de la France. Il est certain qu’une partie de la réponse tient dans le non-élargissement de l’Union européenne. Si la gauche entend véritablement défendre les classes populaires de notre pays, alors elle devra, sur ce sujet, comme sur d’autres, faire le choix de la clarté. Pour notre part, nous tiendrons bon.
Au cours des prochaines semaines, nous formulerons des propositions en faveur de l’emploi, du climat, des salaires, des conditions de travail, des services publics et pour que le peuple français reprenne la main et retrouve sa souveraineté perdue sur ses choix économiques. C’est le préalable à la construction d’un projet européen au service des intérêts des peuples de tout le continent. Nous montrerons comment, avec des critères sociaux et environnementaux, il est possible et indispensable de mettre la Banque centrale européenne au service du développement humain et de la planète.
Notre Europe, c’est celle d’une union de peuples et de nations européennes souveraines et associées, fondée sur des coopérations solidaires et sur l’alignement des droits sociaux vers le haut. C’est une Europe du progrès social et de la paix que nous devons bâtir.
Léon Deffontaines, tête de liste aux Européennes et Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
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