vendredi 8 décembre 2023

À l’Assemblée nationale, la droite LR fait son beurre sur le dos des immigrés

Le groupe « Les Républicains » compte profiter de l’ordre du jour pour porter des propositions très dures sur l’immigration lors de leur niche parlementaire, jeudi 7 décembre. Une façon de mettre la pression sur Gérald Darmanin à quelques jours de l’examen en séance publique de son projet de loi.

Le président du groupe Les Républicains Oliver Marleix le 14 novembre 2023. © Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM

Comment se démarquer de la Macronie aux yeux des électeurs de droite tout en parlant à ceux du Rassemblement national ? C’est la réflexion qui a dû animer le groupe « Les Républicains » (LR) au moment de concocter sa niche parlementaire.

Ce jeudi, ils disposent d’une journée pour soumettre au vote les propositions de loi de leur choix à l’Assemblée nationale. Mais pour LR, l’enjeu est ailleurs : transformer cet espace parlementaire en tribune politique anti-immigration. Et accroître la pression sur le gouvernement alors que le projet de loi Darmanin arrive lundi prochain dans l’Hémicycle.

Avec pour objectif de diffuser l’idée fausse selon laquelle tous les étrangers seraient dangereux pour la société française et que la droite serait la mieux placée pour y faire face, les élus LR défendront deux propositions sur le sujet. L’une d’elles est constitutionnelle, et directement tirée du programme présidentiel de Marine Le Pen : l’organisation d’un référendum sur l’immigration. 

Limiter les référendums

Les députés LR souhaitent faire modifier l’article 11 de la Constitution, qui limite les référendums à « l’organisation des pouvoirs publics » et « des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale ». Soit des champs dans lesquels l’immigration n’entre pas, et n’entrera pas de sitôt puisque le président de la République Emmanuel Macron, après hésitation, s’y est dit opposé.

Les députés LR proposent aussi la suppression de l’accord de 1968 conclu entre la France et l’Algérie, qu’ils dénoncent comme trop avantageux pour les Algériens. « Il faut avoir le courage de dire que sans remise en cause de l’accord de 1968, nous ne pourrons pas reprendre totalement notre destin en main, assène Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes et rapporteure de la proposition de résolution. Cet accord crée un régime dérogatoire extrêmement favorable aux Algériens pour faciliter leur immigration en France. Rien ne le justifie aujourd’hui. »

Une déclaration sur l’Algérie à lire à l’aune du passé politique de l’élue : fille d’un ancien membre de l’OAS, celle-ci aurait même qualifié les accords d’indépendance de « funestes », selon Libération… Le groupe Horizons d’Édouard Philippe pourrait voter cette disposition, l’ancien premier ministre s’étant dit hostile à cet accord qui encadre l’entrée, le séjour et l’emploi des Algériens en France.

L’objectif de LR, in fine, ne change pas : reprendre le « contrôle » sur l’immigration et faire face au risque supposé de « submersion » du pays. Et surtout faire monter les enchères concernant la loi Darmanin. « On souhaite montrer au gouvernement qu’il fait semblant d’aller au bout des choses avec sa loi immigration », met en garde Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale.

Le gouvernement ne dispose actuellement pas des voix nécessaires à l’adoption de son texte, qui sera examiné en séance la semaine prochaine, et qui risque notamment de diviser les macronistes entre eux si trop de concessions venaient à être faites à la droite.

 

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