jeudi 14 décembre 2023

COP 28 : les pays s’accordent sur une « transition » hors des énergies fossiles

La nouvelle version d’un texte dévoilé par la présidence émiratie de la COP 28 visant à atteindre la neutralité carbone a été signée par les 200 pays ce mercredi 12 décembre. Si ce projet de compromis mentionne les énergies fossiles, il vise à une « transition » plutôt qu’à une sortie.

Le document a été attendu toute la nuit par les négociateurs présents à la COP 28, et a finalement été signé peu après 8 heures. Si elle mentionne propose pour la première fois dans l’histoire toutes les énergies fossiles, la décision adoptée par tous les pays n’appelle finalement qu’à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ». Jamais le mot « sortie » n’est employé, même concernant un éventuel objectif à atteindre.

« Transitioning away » vs « phase-out »

Chaque mot a été âprement négocié par les Émiratis, et c’est bien pour cela que l’utilisation de « transitionner » ne satisfait pas écologistes et ONG. En choisissant le terme de « transitioning away », traductible par « transitionner hors de », « s’éloigner » ou « abandonner », le texte ne parle plus de « phase-out » («sortie ») du pétrole, du gaz et du charbon.

Maxime Combes, économiste et spécialiste des négociations climatiques, regrette un terme « plus faible et vague » et que la question des énergies fossiles soit présentée comme « une action parmi d’autres ». « Le texte donne beaucoup de place aux solutions technologiques », qui se traduisent par la capture et le stockage du carbone, constate l’économiste. La proposition adoptée par la COP prévoit, en effet, que seuls les gisements non soumis à ces dispositifs devront faire l’objet d’efforts pour être éliminés. Dans un entretien à l’Humanité, l’auteur de Un pognon de dingue mais pour qui ? (Seuil, 2022), ou de Sortons de l’âge des fossiles (Seuil, 2015), estimait déjà en amont de l’accord cette solution problématique, dans la mesure où cela « ferait dépendre notre avenir climatique d’une technologie qui, aujourd’hui, n’est pas maîtrisée, est mal répandue, et est extrêmement coûteuse ».

Si le texte envoie « un signal important » en mentionnant les énergies fossiles, « ce n’est pas la promesse historique » attendue, a déclaré Caroline Brouillette, directrice du réseau d’ONG Réseau Action Climat Canada. Elle aussi regrette l’inclusion de « distractions dangereuses comme la capture et le stockage du carbone », mais aussi « le nucléaire ». Après la convocation d’une séance plénière par la présidence ce mercredi matin dans le but de faire approuver ce texte de compromis, les 200 pays participants ont finalement trouvé un consensus et ratifié l’accord.



 

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