Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors du débat sur le projet de loi immigration à l’Assemblée nationale, le 11 décembre 2023. Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM
« C’est un échec personnel. » Quelques heures après le camouflet, Gérald Darmanin reconnaît volontiers, lundi soir sur le plateau de TF1, sa responsabilité dans la motion de rejet qui a fait tomber son texte sur l’immigration à l’Assemblée nationale, avant même l’ouverture des débats. « J’ai présenté ma démission, parce que je suis un homme d’honneur et que le Parlement compte. Je suis député moi-même », a déclaré le ministre de l’Intérieur, qui sans surprise, ni pour lui, ni pour les citoyens, a été maintenu dans ses fonctions par le président de la République.
Quant au respect du Parlement invoqué par le ministre, la teneur de l’interview permet d’en douter, alors que le ministre n’a pas hésité à attaquer la légitimité même des élus : « Aujourd’hui, la majorité des députés ne représentent pas la majorité de l’opinion. »
Par ailleurs, si la motion de rejet, présentée par le groupe écologiste, a été adoptée grâce à une convergence des voix de l’opposition, cela serait à mettre sur le compte de « politicailleries », de la part de députés, dans une alliance « des contraires, du RN, des LR, de la Nupes », qui auraient privilégié la politique politicienne au détriment du « débat démocratique » et de « l’intérêt général » car « l’immigration est un sujet crucial pour les Français, crucial pour le monde qui nous entoure ».
« Des drames nous attendent »
Sont particulièrement visés par les foudres du ministre, les députés Les Républicains que Gérald Darmanin, et l’ensemble du gouvernement, n’ont pourtant eu de cesse de courtiser durant les dernières semaines en vue d’emporter leur adhésion au sein de l’Assemblée nationale pour ce texte. « Cela fait mal à tous les électeurs républicains de voir ce parti se perdre désormais », s’est-il ainsi ému, ajoutant « avoir mal », en voyant ces élus LR « faire la béquille du RN et la réjouissance de Mme Le Pen ».
Face à ces députés peu soucieux de « l’intérêt général », et qui « se déshonorent », le ministre de l’Intérieur se présente tout au long de cet entretien comme « le protecteur des Français », celui qui veut donner « les moyens aux policiers et aux gendarmes, aux préfets et aux magistrats pour lutter contre l’immigration irrégulière » car, « si on n’a pas ces mesures, des drames nous attendent ».
Qu’est-il prévu pour la suite ? « Le texte suivra son chemin institutionnel », affirme Gérald Darmanin, qui proposera ce mardi 12 décembre à Emmanuel Macron, des propositions en ce sens. Trois hypothèses sont d’ores et déjà sur la table : un enterrement pur et simple du projet de loi, l’envoi du texte en commission mixte paritaire ou un nouveau passage au sénat, avec le risque d’un durcissement à droite de ses dispositions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire