Après l’OCDE, l’Insee confirme une fin d’année maussade pour la croissance. Si la France évite la récession, l’année 2024 devrait redémarrer mollement, loin des espérances affichées par l’exécutif en prévision de son budget, débattu en ce moment au Parlement.
La France finit l’année à plat. Et les perspectives pour l’an prochain ne sont guère réjouissantes. Selon l’Insee, après une fin d’année où la France a frôlé de peu la récession technique, à savoir deux trimestres négatifs consécutifs de croissance (-0.1 % et 0 %), l’activité devrait reprendre modérément, l’an prochain, avec 0,2 % au cours du premier et deuxième trimestre.
Un rythme à peu près équivalent à celui estimé la veille par l’OCDE qui prévoit pour l’ensemble de l’année une croissance de 0,8 % l’an prochain contre les 1,2 % prévus en septembre et loin des 1,4 % inscrit au projet de loi de finances, actuellement débattu au parlement.
Certes, l’accueil des Jeux Olympiques aura « un effet positif » sur l’activité, mais les JO ne suffiront pas à insufler « une accélération suffisamment forte » pour atteindre cet objectif, estime le chef du département de la conjoncture, Julien Pouget. Le commerce international morose et surtout les taux d’intérêt toujours élevés continueront de peser sur l’investissement des entreprises et des ménages.
Pas d’embellie avant 2025
Le contexte ne permettra pas de miracle. Il faudra attendre 2025 pour que la situation économique s’améliore (+1,4 %), estime l’OCDE. Résultat, le chômage devrait continuer d’augmenter. Du fait du manque d’activité, mais surtout de « l’effet de la réforme des retraites sur l’activité des séniors », relève l’Insee. En conséquence, le taux de chômage grimperait jusqu’à 7,6 % de la population active, contre 7,4 %, avant de se « stabiliser » au printemps.
Seule bonne nouvelle, le reflux de l’inflation devrait se poursuivre, « même s’il ne serait pas forcément continu », indiquent les auteurs de la note. Ainsi, « le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation s’établirait aux alentours de 2,5 % à partir du printemps 2024. Après l’énergie, l’inflation baisserait ainsi nettement pour l’alimentation et les produits manufacturés – sans forcément que le niveau des prix, lui, diminue ».
Les statisticiens de l’Insee ont calculé qu’en cumulé, les prix ont augmenté de 16 % en octobre 2023 par rapport à 2019. Une poussée inférieure à celle de voisins européens (19 % pour la zone euro ou 22 % pour le Royaume-Uni). Ceux des produits alimentaires hors frais ont augmenté de 22,6 %, ou encore de 29,3 % pour ceux de la production issue des industries agroalimentaires pour le marché français.
Si l’inflation reflue depuis la mi-2023, du fait notamment du ralentissement sensible des prix alimentaires, les prix des services demeurent quant à eux relativement dynamiques, indique par ailleurs le chef du département de la conjoncture de l’Insee.
C’est d’ailleurs ce qui expliquerait le niveau de l’inflation. Du fait de leur poids (environ 50 %) dans le panier de consommation des ménages, ils sont depuis octobre 2023 les principaux contributeurs à l’inflation d’ensemble. Ceci étant, l’Insee ne voyant pas de boucle inflation-salaire, les prix devraient poursuivre l’an prochain leur décrue. De quoi, « redonner un peu d’air à la consommation des ménages », selon l’institut.
Les salaires n’augmentent pas, les dividendes explosent
Les salaires, quant à eux, n’ont pas augmenté. Malgré les versements en fin d’année des primes de partage de la valeur ajoutée, le salaire moyen par tête réel, prenant en compte l’inflation, reculerait en 2023 (‑0,3 % en moyenne).
Soutenus par « les revenus du patrimoine, particulièrement dynamiques compte tenu de la hausse des taux plutôt que par les revenus d’activité ou les prestations sociales », les gains de pouvoir d’achat par unité de consommation (UC) seront cette année « positifs mais modestes (+0,3 %) ». En 2023, calcule l’Insee, les revenus du patrimoine progresseraient de +9,0 %, après +6,5 % en 2022.
Parmi les revenus du patrimoine, les dividendes ou encore les placements comme les assurances-vies prospèrent. Ainsi, « les dividendes reçus par les ménages ont très fortement rebondi en 2021 (+39,8 %) après leur baisse lors de la récession de 2020 (5,3 %). Ils sont restés dynamiques en 2022 (+10 %) et le seraient tout autant en 2023 (+10 % prévu) ». Les autres placements dont l’assurance-vie progresserait cette année de 18 %.
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