« Ce constat devrait être un scandale national ». Au micro de Franceinfo, la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay ne mâche pas ses mots. Entre 2017 et 2021, il aurait manqué plus de 5 500 enseignants selon la Cour des comptes. Et bis repetita cette année. Le 8 juillet, le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 1 350 postes de professeurs non pourvus pour les classes de la maternelle et l’élémentaire.
La FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire avait donné au début du mois un chiffre plus élevé avec 1 583 professeurs des écoles manquants. 670 de ces postes se trouvent dans l’académie de Créteil, 692 dans celle de Versailles et 174 en Guyane, hors concours supplémentaires. « Ça s’accumule aux pertes de postes des autres années pour ces académies », a expliqué auprès de l’AFP, Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp.
Au collège et au lycée, ce sont 1 575 postes qui restent vacants pour le public. Au total, sur les 27 589 postes ouverts en 2024 (23 696 dans le public et 3 893 dans le privé sous contrat), 3 185 n’ont pas été pourvus. L’an dernier, le ministère de l’Éducation en comptait plus de 3 100.
Un problème structurel
Cette déperdition de professeurs n’est pas pire qu’en 2023 pour certaines matières. Les lettres classiques comptent 63,3 % des postes pourvus en 2024, contre 30,6 % des postes seulement en 2023.
Mais les résultats du concours Capes publiés le 2 juillet montrent que 12,3 % des postes de l’enseignement du second degré n’ont pas été pourvus. Les territoires « où le concours de professeurs des écoles n’a pas fait le plein une fois de plus » inquiètent particulièrement Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT, pour qui le problème de recrutement est « assez structurel » dans l’Éducation.
Les mathématiques demeurent la première victime de cette pénurie de professeurs : 209 postes non pourvus, contre 250 l’an dernier. La physique chimie arrive en deuxième place avec 142 postes vacants, contre 108 l’an dernier. Dans l’enseignement technique aussi, près d’un quart des places reste vacant au concours externe.
« Aujourd’hui, les étudiants en master mathématiques ou en physique chimie préfèrent se diriger vers l’ingénierie plutôt que le professorat », explique Sophie Vénétitay, demandant que « les belles paroles ministérielles » cessent, au profit de « mesures d’urgences en termes de salaires et de conditions de travail ».
Des conditions de travail peu attractives
La concurrence accrue du secteur privé mais aussi celle d’autres professions disponibles par le même niveau d’étude volent la vedette à l’enseignement public. Le recrutement de contractuels moins qualifiés a pris une vitesse supérieure depuis 2022, année où plus de 4 000 postes avaient été non pourvus au total.
« Il y a toujours des efforts à faire du point de vue de la rémunération. Je pense notamment aux milieux de carrière qui doivent bénéficier également d’une revalorisation », a reconnu la Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet, sur franceinfo. Elle prévoit publier, « dans les jours qui viennent », un texte qui actera l’avancement des concours à la fin de la troisième année de licence pour les futurs enseignants du collège et du lycée.
Alors que la réforme du « choc du savoir » et des groupes de niveaux perturbera encore plus le recrutement difficile, les professeurs attendent impatiemment une revalorisation salariale mais aussi de leurs conditions de travail. Ces dernières années, les heures supplémentaires augmentent, les remplacements traînent et les mutations deviennent de plus en plus difficiles, et les classes sont toujours plus bondées.
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