mardi 9 juillet 2024

Bilan du barrage : merci la gauche, pas merci la droite

Sur 240 circonscriptions où le RN représentait un danger, le maintien de candidats de droite et de la Macronie a permis l’élection de 9 députés d’extrême droite.

On ne va pas se mentir : le barrage est encore debout. Alors qu’on annonçait une vague bleue sur l’Assemblée, avec possiblement un RN majoritaire et un Bardella à Matignon, les électeurs ont déjoué les pronostics et envoyé un message clair : plutôt mourir.

Cependant, alors que les désistements ont été légion à l’entre-deux-tours, certains candidats ont refusé de jouer le jeu du « barrage républicain ». Avec des conséquences. Voici le détail1.

Se désister, c’est résister

Dans 212 circonscriptions où se jouait une triangulaire (ou une quadrangulaire), nous avons eu droit à des désistements : la gauche s’est désistée à 120 reprises et ça a fonctionné 117 fois – ce sont tout de même 12 députés d’extrême droite qui passent… La Macronie s’est désistée 81 fois et ça a marché 53 fois – 28 fachos à l’Assemblée… Quant aux LR, leurs deux désistements n’auront pas fonctionné.

FACE À L’EXTRÊME DROITE
se désistebarrage réussi
DVC11
DVG11
ENS8052
LR20
NFP-DVG66
NFP-EELV2219
NFP-GEN33
NFP-LFI4945
NFP-PCF1715
NFP-PS3027
PS DISS11
total212170
total droite8353
total NFP127115
total gauche129117

Des désistements majoritairement venus des rangs de la gauche, donc. Avec le résultat logique : la Macronie en est le premier bénéficiaire. On dit merci qui ?

Se maintenir, c’est renoncer

A contrario, dans 29 de ces circonscriptions risquées, 30 candidats se sont maintenus : 14 macronistes, 11 de droite et 4 de gauche. Résultats : 9 élus d’extrême droite, uniquement là où la droite s’est maintenue2. La Macronie, dans sa haine obsessionnelle des insoumis, s’est maintenue 9 fois face à un candidat LFI mieux placé, faisant élire 3 députés d’extrême droite3.

FACE À L’EXTRÊME DROITE
se maintientbarrage foiré
DVC10
DVD51
REN DISS10
ENS135
LR63
NFP-LFI30
NFP-PCF10
total309
total droite269
total NFP40

Avec des désistements, on pourrait donc compter neuf élus en moins dans les rangs de l’extrême droite – qui en dénombre plus de 140 ! À l’heure d’une tripartition de la politique française et d’une instabilité à son climax, chaque siège compte.

Selon une étude Ipsos pour Le Parisien, 43% de l’électorat macroniste a voté au second tour pour un candidat LFI ; 54% un candidat PS-EELV-PCF. L’électorat du NFP, lui, s’est déplacé à 72% pour voter pour un macroniste ; 70% pour un LR. Le barrage est toujours debout en France, ce 8 juillet 2024, et c’est avant tout grâce au peuple de gauche. Que cela soit dit pour vrai et que chacun s’y sente obligé.


  1. Nous ne comptabilisons ici que les élections où il y a eu un réel danger d’extrême droite, c’est-à-dire qu’un candidat RN ou ciottiste est arrivé premier ou deuxième au premier tour. ↩︎
  2. – Valérie Simonet, candidate DVD, arrivée troisième dans la 1ère circo de la Creuse derrière un candidat LR-RN et une candidate LFI.
    – Anne-Laurence Petel, candidate Renaissance, arrivée troisième dans la 14ème circo des Bouches-du-Rhône derrière une candidate RN et une candidate DVG.
    – Gilles Platret, candidat DVD, arrivé quatrième dans la 5ème circo de Saône-et-Loire, derrière un candidat RN, une candidate LFI et un candidat Renaissance (lequel s’est désisté).
    – Romain Lefebvre, candidat LR, arrivé troisième dans la 3ème circo de l’Allier derrière un candidat RN et une candidate LFI.
    – Emmanuelle Anthoine, candidate LR, arrivée troisième dans la 4ème circo de la Drôme derrière un candidat RN et une candidate PS.
    – Maxime Minot, candidat LR, arrivé troisième dans la 7ème circo de l’Oise derrière un candidat RN et un candidat PCF. ↩︎
  3. – Graig Monetti, candidat Horizons, arrivé troisième dans la 1ère circo des Alpes-Maritimes derrière Éric Ciotti (LR-RN) et un candidat LFI.
    – Éric Le Jaouen, candidat UDI, arrivé troisième dans la 2ème circo de la Loire derrière une candidate LFI et un candidat RN.
    – Émilie Chandler, candidate Renaissance, arrivée troisième dans la 1ère circo du Val-d’Oise derrière une candidate RN et un candidat LFI. ↩︎

 

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