Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Axel a été portée sur les fonds baptismaux ce 12 juillet. Une société coopérative qui associe industriels, collectivités locales, hôpital et union départementale CGT. Son objet est d’assurer des synergies dans la recherche et le développement pour construire une filière industrielle de l’imagerie médicale.
« Inauguration du premier accélérateur industriel d’imagerie médicale en France, Axel », annonce le groupe Thalès. C’est quoi, un « accélérateur industriel » ? Ben… une société coopérative d’intérêt collectif. Petite question sémantique qui illustre l’originalité de ce qui s’est passé ce vendredi dans l’enceinte de l’usine Trixell, du groupe Thales, à Moirans, en Dauphiné.
Ce dont il est question, c’est d’imagerie médicale. D’un projet élaboré par la CGT, construit au fil des dix dernières années. Et qui arrive aujourd’hui à une nouvelle étape de son développement, avec en ligne de mire la perspective de la création d’une filière industrielle s’appuyant sur les capacités technologiques de Thales, mais aussi un tissu de PME associées à la démarche. L’objectif étant l’industrialisation de nouvelles technologies d’imagerie avancées dans le domaine de la santé.
Et c’est là qu’intervient la création d’Axel, société coopérative d’intérêt collectif, dont le collège des industriels détient 27 % du capital – « Thales n’est pas majoritaire dans ce collège industriels », nous précise Charles-Antoine Goffin, vice-président des activités Microwave & Imaging Sub-Systems de Thales – tandis que l’union départementale CGT de l’Isère est associée à hauteur de 17 % du capital. Une reconnaissance du travail accompli, pour le moins.
Dirigeants d’entreprises, cadres, syndicalistes… réunis pour saluer une perspective industrielle.
Cette création, actée par une assemblée générale coopérative en bonne et due forme, a donné lieu à une présentation publique, en présence de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Ce qui lui permettait de rappeler que le point le départ de l’aventure est une lutte gagnante, en 2012, contre l’abandon du secteur médical par Thales, et de souligner le « caractère subversif » de ce premier aboutissement : « les salariés de Thales ont démontré que l’on peut utiliser des technologies issues de l’armement pour produire des équipements de soins ; les salariés sont légitimes à discuter du contenu de leur travail ». Elle notait également l’originalité de la structure choisie, celle d’une coopérative. « Lorsque j’ai présenté ce projet à Gabriel Atal ou Bruno Lemaire, ils ouvraient des yeux ronds comme des soucoupes. » Et de relever que c’est « grâce à l’intervention de la CGT que les expertises syndicales et professionnelles ont pu se croiser », de l’université au CEA, en passant par ST Microelectronics et l’hôpital. D’où la revendication de droits nouveaux. « Si les salariés n’avaient pas que des strapontins dans l’entreprise, bien d’autres projets pourraient émerger ; le droit d’intervenir sur les choix stratégiques, c’est la garantie à moyen et long terme que l’on pourra opposer à la financiarisation la réponse aux besoins de la population ».
Ce que disait à sa manière Monique Sorrentino, directrice générale du CHU de Grenoble, en commençant par souligner que « ce projet a été initié par la CGT ». Elle notait l’originalité de cette co-construction et se réjouissait de l’implication du CHU dans cette coopérative, implication garante d’une « confrontation à la réalité », autrement dit d’une réponse effective aux besoins des soignants par des équipements adaptés à leurs pratiques.
Charles-Antoine Goffin, vice-président des activités Microwave & Imaging Sub-Systems de Thales.
Le rôle d’Axel, société coopérative ? « Cette plateforme assurera la cohérence entre des acteurs très différents, nous précisait Charles-Antoine Goffin, elle est destinée aux start up en leur donnant accès à des possibilités d’expérimentation, à des matériels et à des expertises », évoquant l’« énergie collective » et le « sens de l’intérêt commun » qui a présidé au travail avec la CGT.
« Dans la perspective de productions industrielles, à partir des développements qui auront lieu dans le cadre d’Axel à Moirans », insistait Franck Perrin, syndicaliste CGT, l’un des artisans de ce premier aboutissement, lui qui dirige le projet « Imagerie médicale », au sein du Comité stratégique de la filière industries et technologies de santé.
Franck Perrin, syndicaliste CGT, pilote du projet au sein du Comité stratégique de filière.
Reste bien sûr à concrétiser. Julien Polat, premier vice-président de la communauté d’agglomération du Pays voironnais, représentait le conseil régional pour en décrire l’implication dans le soutien à la réindustrialisation en Auvergne-Rhône-Alpes. Le soutien financier de la région à la société coopérative Axel demeure toutefois encore à définir. Tout comme les contours précis de l’implication de l’Etat dans ce dossier, dans le cadre du programme France 2030, dont Charlène Duquesnay, secrétaire générale adjointe de la préfecture, voulait assurer de la réalité.
Trixell est aujourd’hui leader mondial des détecteurs digitaux à rayons X, un élément au coeur de tous les appareils de radiologie utilisant cette technologie. Evalué à 40 milliards de dollars, le marché mondial de l’imagerie médicale a connu une croissance annuelle de 4,5% en moyenne entre 2021 et 2024.
Axel a été présentée par l’ensemble des partenaires impliqués dans le projet.
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