jeudi 4 juillet 2024

Après le Front populaire, le Front républicain ?


 Ils se sont désistés et puis après ? Si le barrage au RN peut permettre d’éviter à l’extrême droite d’obtenir une majorité, quelle alternative ? Qui pour gouverner la France ?

Le 8 juillet (lundi prochain !), les chances de voir une majorité absolue à l’Assemblée nationale sont minces. Après les désistements, la tripartition de la vie politique française semble atteindre, selon les nouvelles projections des sondeurs, son apogée : l’extrême droite, la gauche et le centre-droit se partagent entre 130 et 200 députés chacun.

La question est donc la suivante : comment gouverner ce bourbier ? Rappelons qu’à l’Assemblée, il faut 289 députés pour obtenir une majorité absolue et imaginons les scénarios à partir des projections actuelles.

On passe sur l’hypothèse d’un gouvernement d’extrême droite, car c’est bien là ce qu’il faut éviter – notons qu’un axe qui irait de l’extrême droite aux LR canal historique n’obtient pas la majorité absolue dans les projections actuelles (237 députés).

Anticipant cette situation, chaque camp fourbit ses armes. Le second tour des législatives est déjà enjambé. Et il n’y a pas 36 alternatives.

Première hypothèse : la Macronie pactise avec Les Républicains

Politiquement la plus simple et cohérente, mais on serait donc autour des 191 députés. Ingouvernable.

Deuxième hypothèse : le Front populaire gouverne seul

Avec 181 députés, ça ne marche évidemment pas plus. Il faut donc… élargir ?

Troisième hypothèse : le Front populaire s’allie avec la Macronie

La question est alors de savoir où sont les bornes d’une telle alliance. De LFI à Horizons (sans les LR) ? On obtient alors 326 députés. Mais la probabilité est quasi nulle. D’autant que Horizons (Edouard Philippe) bloquerait tout si LFI est de la partie – et on imagine mal LFI être de la partie. Si l’on enlève les insoumis et les communistes, ce qui serait le plus probable, on tombe à 245. On revient à la situation actuelle où la Macronie dispose d’une majorité relative. Très compliqué dans une France ultra-polarisée.

Pourtant, cette « grande » union des écologistes, des socialistes, des macronistes (au sens large du terme), voilà une idée qui fait son chemin. En allant chercher de-ci de-là les votes des communistes et, surtout, celui des Républicains (on ne parle évidemment plus des Ciottistes), ça résiste à une opposition d’extrême droite.

Cette hypothèse brûle les lèvres de plusieurs dirigeants. Gabriel Attal mentionne une « Assemblée plurielle », François Bayrou souhaite une union des « démocrates » et des « républicains » et même Xavier Bertrand parle d’un « gouvernement de sursaut national », un « gouvernement provisoire de la République ».

Le souci, c’est que tout ceci ne peut exister que « projet par projet », comme l’indique Gabriel Attal.

Que peut la gauche dans tout ça ?

La France insoumise joue jusqu’à dimanche soir la carte du « c’est nous qu’on va gagner ». De fait, Manuel Bompard exclut toute autre hypothèse que celle-ci : « Les insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme ». Ils sont opposés fondamentalement à cette alliance des « raisonnables »

François Ruffin, qui lutte toujours dans sa circo pour battre le RN, propose trois réformes à porter en priorité et avec intransigeance : le rétablissement de l’ISF, l’instauration du RIC et l’abrogation de la réforme des retraites. Pas sûr que la Macronie se laisse convaincre par ces trois reniements qui ont marqué la gouvernance Macron. Mais le péril reste le même : ingouvernabilité ou avènement d’un gouvernement d’extrême droite.

Puis il y en a une qui s’avance bien plus : Marine Tondelier. Elle a le vent en poupe ces jours-ci, d’autant que les écologistes vont faire leur meilleur score en nombre de députés. Le refus de Jordan Bardella de débattre avec elle est une nouvelle médaille à son palmarès anti-fasciste. La secrétaire nationale des Écologistes se voit en pièce centrale de cette construction. Elle estime qu’il faudra « sûrement faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant dans ce pays ». Sa seule limite est que le Premier ministre ne vienne pas des rangs de la Macronie mais du Nouveau Front populaire.

Les écologistes peuvent mettre en avant le péril écocidaire que représente le RN, en plus du danger raciste. Les socialistes peuvent reprendre du poil de la bête avec le retour au bercail d’une partie de la Hollandie-Macronie.

Reste à savoir ce qu’il y aura de gauche dans une telle hypothèse. Et qu’en feront les insoumis et les communistes, à savoir vont-ils peser à l’Assemblée pour que les propositions de gauche dominent ou faire figuration dans le rôle du critique impuissant ?

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