jeudi 11 juillet 2024

« Touche pas à mon poste » ne sera plus diffusée en direct, affirme le patron de C8 devant l’Arcom

Auditionnée par l’Arcom dans le cadre du renouvellement de 15 fréquences de la TNT, la direction du groupe Canal + a annoncé que l’émission animée par Cyril Hanouna serait diffusée en différé à la rentrée. Une mesure pour « couper ce qui aurait pu être évité », affirme la chaîne qui joue son destin.

« Pourquoi, d’un coup, vous proposez un dispositif ? », s’interroge, dubitatif, Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, l’instance de régulation de l’audiovisuel français. L’origine de son étonnement : l’annonce, ce mardi 9 juin, en fin de matinée, du passage en différé de Touche pas à mon poste (TPMP), l’émission phare de la chaîne C8 et du groupe Bolloré.

Alors que le talk-show a forgé son succès grâce à sa transmission en direct – à l’origine de nombreux dérapages, scandales et sanctions -, Cyril Hanouna et son parterre de chroniqueurs apparaîtront sur les écrans avec un délai compris entre trente et quarante-cinq minutes – le délai précis reste à définir et sera précisé en septembre.

« C8 s’engage à mettre en place un nouveau processus nous permettant de garantir la maîtrise de son antenne, a justifié Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal + France, la maison mère de C8. Nous avons demandé à plus vérifier et cela nous permet de couper ce qui aurait pu être évité. »

Des fake news en plein direct

L’annonce a été réalisée à l’occasion de l’audition de la direction de C8 par l’Arcom, dans le cadre du renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Depuis ce lundi, et jusqu’au 17 juillet, vingt-quatre candidats (de BFMTV à LCI, en passant par de nouveaux postulants comme Le Média, RéelsTV ou Ouest-France TV…) sont auditionnés par l’Arcom. Le régulateur a le pouvoir de retirer sa fréquence à une chaîne en cas de manquements graves à ses obligations.

Selon Maxime Saada, président du directoire de Canal +, abandonner le direct est un regret : « Cyril Hanouna est le seul à pouvoir faire autant de directs dans une journée. Les autres n’en sont pas capables. (…) C’est une force. » Outre la présentation de leur projet pour la chaîne, les représentants du groupe Canal + ont été interrogés sur les nombreux dérapages de leur animateur-producteur star, et plus largement le manque de pare-feu quant à la diffusion de séquence polémique ou répréhensible.

« Est-ce que l’on souhaite se séparer de Cyril Hanouna ? Bien sûr que non », a d’emblée prévenu Gérald-Brice Viret, qui estime que l’animateur se retrouverait immédiatement chez la concurrence en cas de licenciement. Pour rappel, C8 a cumulé ces dernières années plus de 7,5 millions d’euros d’amendes en lien avec TPMP, pour la diffusion de fausses informations, pour des abus verbaux ou de la publicité clandestine. Comme quand, le 9 mars, 2023, celui qui fut présenté comme étant « l’ex dealer du Tout-Paris », Gérard Fauré, a affirmé sur le plateau que plusieurs personnalités publiques consommaient de l’adrénochrome.

« L’intervention après-coup a-t-elle un sens ? »

L’invité avait alors fait un rapprochement avec une théorie complotiste selon laquelle cette drogue serait issue du « sang d’enfants kidnappés ». Franck Appietto, le directeur général de C8, a tenté de justifier ce passage en plaidant une erreur d’organisation : « Il ne fallait pas inviter Gérard Fauré. Il n’était pas prévu dans le conducteur, il a été invité directement par Cyril Hanouna. » La plus grosse partie du montant des sanctions vient de celle, d’un record de 3,5 millions d’euros, dont a écopé le groupe en février 2023, à cause d’insultes proférées par l’animateur-producteur vedette à l’encontre du député FI Louis Boyard.

Ces sanctions à répétition ont été soulevées par les membres de l’Arcom, fatigués de devoir multiplier les procédures à l’encontre du groupe Canal +. «C’est dans cette salle qu’ont lieu les audiences des procédures de sanctions, rappelle Roch-Olivier Maistre. À chaque fois, nous avons eu cette discussion sur comment assurer la maîtrise de votre antenne et, à chaque fois, j’ai le souvenir que vous nous avez expliqué que ça ne se reproduirait pas et que vous alliez prendre des dispositions. »

Laurence Pecaut-Rivolier, membre du collège de l’Arcom a quant à elle surenchérit en demandant si « l’intervention après-coup a-t-elle un sens ? » En cause : la nature même de Touche pas à mon poste, émission pour laquelle l’animateur profite du soutien indéfectible du propriétaire du groupe… un certain Vincent Bolloré.

 

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