Contre toute attente, le barrage est encore debout. L’extrême droite, que l’on donnait vainqueure, parfois même à la majorité absolue, est reléguée à la troisième place, derrière le Nouveau Front populaire et la Macronie.
Ouf pour notre République.
Ouf pour nos libertés.
Ouf pour les enfants de l’immigration, pour les femmes, pour les homosexuels et les trans.
Ouf pour notre planète et pour l’esprit de paix.
Ouf pour la France et son histoire.
Quel immense soulagement après une telle peur bleue !
Les castors ont bien travaillé ! Le barrage républicain annoncé mort et ridicule a fonctionné, cette fois encore. Massivement les voix se sont reportées sur le ou la candidat.e qui pouvait battre le RN.
Le Nouveau Front populaire a su donner la force d’y croire. Des candidats, un programme chiffré ont permis en trois semaines l’inattendu, l’inespéré. Les quatre partis qui l’ont scellé ont été épaulés, submergés par des millions d’engagements, par ceux inédits des syndicats et des grandes associations humanistes, par la myriade de journaux et de youtubers qui se sont mobilisés avec l’énergie du désespoir. Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! On a gagné !
Ce sursaut est aussi un sursis.
Évidemment ce second tour ne gomme ni le résultat des européennes ni le premier tour. Dimanche dernier, avec près de 11 millions de voix, le RN a réalisé la meilleure performance de son histoire au premier tour d’une élection. Il augmente son score de 2,5 millions sur le premier tour de la présidentielle d’avril 2022, malgré une participation moins forte. Le RN ne dirigera pas mais cette colère, ce ressentiment ne doivent pas être relégués. D’autant qu’ils vont bien au-delà des électeurs d’extrême droite. La majorité des Français n’est pas raciste ; elle ne voit pas dans l’immigré et dans le nouvel ordre des sexes et du monde la cause de tous les malheurs. Mais le sentiment du mépris, la difficulté de vivre, l’inquiétude pour l’avenir est très, très largement partagée.
La Macronie a aggravé ces inquiétudes et rendu la vie tellement plus dure et incertaine. Son cercle de la raison a écrasé de suffisance nos cerveaux et notre démocratie. Grâce au bon report des voix, elle sauve beaucoup de meubles. Mais elle sait désormais à quel point elle est rejetée et coupable d’avoir attisé les idées rances.
La gauche progresse de 40 sièges (de 155 à 195). La France insoumise retrouve peu ou prou son nombre d’élus. Elle perd des figures historiques et emblématiques de ce qui restait de diversité assumée. François Ruffin et Clémentine Autain quittent ce groupe. 3 des 4 bannis ont gagné leur duel imposé par Jean-Luc Mélenchon : Danielle Simonnet élue avec 75% des voix, Henrik Davy élu avec 64% et Alexis Corbière élu avec 57%.
Le Parti socialiste fait plus que doubler son nombre de députés. Merci qui ? Merci Jean-Luc qui aura réhabilité « une gauche raisonnable » contre « une gauche radicale » désormais identifiée au cri et à la fureur. Ce dont ne veulent manifestement pas les Français et qui attendent des combats, des principes et des solutions.
Les communistes perdent et gagnent ; ils se maintiennent. Les écologistes progressent.
Nous savons tous que c’est la der des ders si la politique reste la même. Dans cet extrême éclatement, dans les plus grandes difficultés il va falloir répondre aux attentes. Soutenir les politiques qui seront au niveau ; repenser la gauche.
Faut-il gouverner ? La logique institutionnelle dit que le Nouveau Front populaire doit tenter de le faire. Il doit rompre avec ce qui a divisé et fait souffrir. Revenir sur les réformes détestées est un point de passage : remiser la réforme des retraites et la suppression de l’ISF. Son programme propose des augmentations de revenus ; des mesures de protection de l’environnement… On les attend. Si la raison hollandaise revenait au pouvoir, ce serait un désastre assuré. Sa soumission aux lois du marché et au maintien de l’ordre contre les libertés nous a jeté de Charybde en Scylla. Si les politiques progressistes n’ont pas de majorité, il ne faut pas aller en exercer d’autres. Sinon, ce serait alimenter encore et encore le projet du pire.
La gauche a su se rassembler et porter la demande d’alternative. Mais elle souffre tellement d’un PS qui ne fonde pas clairement sa nouvelle vision. L’écologie n’a pas son parti populaire qui exprime un projet majoritaire et désiré. Le communisme français s’étiole et se meurt, et avec lui l’alliance de la radicalité, des conquêtes concrètes et des constructions majoritaires. La volonté de rupture progressiste ne peut être limitée aux banlieues et à la jeunesse ni revêtir les oripeaux dégueulasse du sectarisme : la FI ne peut rester la seule à porter l’exigence d’un autre monde.
Il reste un an, sans doute pas davantage, pour remettre la France sur ses rails de progrès. Nous savons désormais que les forces existent. La volonté est puissante, dans toute la gauche, celle du peuple qui milite, s’engage au quotidien, écrit et chante, vote.
Vive la République. Vive la gauche. Vivre la France.
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