vendredi 12 juillet 2024

Manès Nadel, président de l’Union syndicale lycéenne : « il y aura des mobilisations à la rentrée »

Le nouveau président de l’Union syndicale lycéenne appelle à la « vigilance », tant à l’égard des manœuvres d’Emmanuel Macron que de l’unité de la gauche. Son organisation réfléchit à des actions « autour du 14 juillet », et au mois de septembre en fonction des évolutions de la situation politique.

Manès Nadel a été élu, le 10 juillet, président de l’Union syndicale lycéenne (USL), née de la fusion de plusieurs syndicats lycéens. Il assume l’implication de son organisation dans le Nouveau Front Populaire, appelle à le structurer et dénonce le « coup de force » d’Emmanuel Macron, qui refuse d’accepter le verdict des urnes.

Vous venez d’être élu président de l’USL. Quels sont les combats que vous souhaitez mener pour les lycéens ?

Je fais partie des membres fondateurs de l’Union syndicale lycéenne, née de l’unification de la FIDL, de la Voix lycéenne, de l’UNL et d’autres syndicats locaux. Nous avons une vocation majoritaire et unitaire. Nous voulons renforcer notre implantation syndicale et notre exigence d’unité au sein du Nouveau Front populaire que nous avons soutenu pour les élections législatives anticipées. Nous serons également très exigeants à l’égard de tout gouvernement élu. Chaque fois qu’il y a des crises sociales ou politiques, les politiques autoritaires suivent derrière et les lycéens sont en première ligne.

De quelle manière soutenez-vous le Nouveau front populaire ?

Nous avons soutenu le processus d’unification au moment de la dissolution. Nous avons été les premiers, le 9 juin au soir, à appeler à la constitution d’un bloc antifasciste. Dès les jours suivants, avec l’union étudiante, nous avons appelé à la manifestation. Dès que la CGT a utilisé le terme de « front populaire », nous l’avons repris nous aussi.

Enfin, nous avons intégré, à la suite d’un vote de nos fédérations, le Nouveau Front Populaire tout en traçant des lignes de clarté : vis-à-vis du programme, vis-à-vis des partis desquels nous restons indépendants. Mais nous soutenons la démarche comme le programme de rupture.

Ce n’est pas commun pour un syndicat lycéen de s’engager dans un processus politique…

C’est une transgression du cadre syndical classique. C’est la première fois que nous soutenons une coalition politique. Mais c’est une nécessité. Il s’agit aussi pour nous d’une volonté d’action. Après le 9 juin, il n’y avait quasiment plus de cours pour les lycéens.

Nous avons donc mis nos forces dans la campagne, dans chaque circonscription pour soutenir les candidats du NFP. Ça a marché. Je pense que la surmobilisation de la gauche, de ses militants, de la société civile, a permis le vote assez fort du premier tour puis la constitution du front républicain au second.

« À moyen terme, il faut dépasser le cadre du NFP pour en faire une structure populaire et citoyenne qui ne se limite pas à un cartel des gauches. »

On a assisté à un sursaut chez les lycéens, même pour ceux qui ne peuvent pas encore voter. La traduction politique comme syndicale est assez claire : 50 % des 18-24 ans ont voté pour le Nouveau front populaire. Nous connaissons un pic de demandes d’adhésions.

Vous appelez à développer le NFP dans la société. Comment ?

À très court terme, il faut se mobiliser contre ce qu’Emmanuel Macron est en train de faire. Si le terme de « coup d’état » est trop fort, ça ressemble quand même à une forme d’abus de pouvoir. Il ne respecte pas le résultat sorti des urnes. Nous allons nous pencher sur des modalités d’action, probablement autour du 14 juillet.

À moyen terme, il faut dépasser le cadre du NFP pour en faire une structure populaire et citoyenne qui ne se limite pas à un cartel des gauches. C’est de la responsabilité de chacun, et ça ne se décrétera pas par le haut. Les organisations qui ne sont pas des partis et qui ont une implantation différente peuvent y participer.

On a été un peu pris de court par le résultat du second tour et la majorité relative du NFP… À la rentrée, nous mènerons une campagne de syndicalisation et nous mobiliserons pour l’unité des forces de gauche. Elle est la seule voie à gauche, comme pour les syndicats. Nous avons d’ailleurs fait partie de l’intersyndicale.

Vous appelez à la mobilisation à la rentrée. Sous quelle forme ?

Par des mobilisations lycéennes, que nous souhaitons impulser et accompagner. Les modalités d’action seront classiques : des blocages, des manifestations, des occupations… Ce qui va compter, c’est leur intensité, leur répartition sur le territoire. Il est donc urgent de se syndiquer. Nos organisations permettent de se structurer et de défendre des intérêts très concrètement. On va devoir être vigilant.

On peut dire ce que l’on veut du résultat des urnes. Mais la grande majorité des électeurs n’a pas voté pour l’austérité à l’Éducation nationale et le choc des savoirs. Cette mesure a été contestée par tout le monde, comme d’autres comme la réforme des retraites. Aujourd’hui la gauche gagne les élections et on ne nommerait pas de gouvernement ? C’est un problème démocratique.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire