jeudi 18 juillet 2024

Ce que l’on sait des accusations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre

L’Abbé Pierre est accusé, dans un rapport publié par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre, d’agressions sexuelles par plusieurs femmes. Les faits auraient été commis entre la fin des années 1970 et 2005 et une des victimes était mineure.

Il y a un an, Emmaüs France a été destinataire d’un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’abbé Pierre sur une femme. À la suite de cette rencontre, un travail d’écoute, confié au groupe Egaé, a été lancé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre « pour établir si d’autres faits similaires avaient pu se produire ». Ce mercredi 17 juillet, le Mouvement Emmaüs a dévoilé un rapport, fruit de cette enquête, mettant au jour des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005.

Sept femmes, dont une mineure

« Caroline De Haas, directrice associée du groupe Egaé, a entendu 12 personnes entre le 10 avril et le 5 juin 2024, dans le cadre de cette enquête. Plusieurs types de faits ont émergé. Une première synthèse des éléments récoltés dans le cadre de ces entretiens a été envoyée à Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre le 30 mai 2024 », précise le rapport, également publié sur le site de la Fondation Abbé Pierre.

« Ces faits ont concerné des salariées, des volontaires et bénévoles de certaines de nos organisations membres, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre », indique le document, qui comprend le témoignage de sept femmes, dont une qui était mineure au moment des premiers faits. Ces témoignages font état d’une « proposition sexuelle », de « propos répétés à connotation sexuelle », de « tentatives de contacts physiques non sollicités » et de « contacts non sollicités sur les seins », est-il listé.

« Le dernier soir (d’un voyage à Charenton en 1982), au moment de lui dire au revoir, il a introduit sa langue dans ma bouche d’une façon brutale et totalement inattendue », rapporte l’une des femmes qui cite également plusieurs contacts sur sa poitrine lorsqu’elle était mineure. Ou encore, à la fin des années 80, lors d’un trajet vers la Suisse : « J’ai dû aller le chercher à l’hôtel. Le portier me dit ‘‘il vous attend dans sa chambre’’. Il était allongé sur le lit, il m’a proposé de venir m’allonger. Je lui ai dit ‘’non, non, on y va’’. Il s’est levé. » L’abbé Pierre aurait également passé à la déchiqueteuse un texte dans lequel elle avait consigné son témoignage, avant, plus tard, de s’excuser à sa demande.

« Plusieurs personnes étaient informées »

Selon les différents témoignages, les faits se seraient produits depuis les années 70 et jusque dans les années 2000. « Une fois, en 2005, nous étions à Florence, il était alors en fauteuil roulant. Lorsque je suis allée le saluer, il m’a touché les deux seins », explique notamment l’une des victimes présumées.

« Au moins quatre personnes supplémentaires ont été identifiées comme ayant pu subir des faits de violences sans qu’il ne soit à ce stade possible de les entendre. Certaines personnes n’ont pas souhaité rencontrer le groupe Egaé, d’autres n’ont pas pu être contactées », indique également l’autrice du rapport qui souligne que « plusieurs personnes étaient informées que l’abbé Pierre avait un comportement inadapté envers les femmes, sans forcément prendre conscience de la réalité des violences commises ».

« Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités, nous les croyons », écrivent les trois organisations dans un communiqué commun. « Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure. Chacun d’entre nous connaît son histoire et son message. Ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion », déclarent Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre. L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est mort en 2007.

 

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