mercredi 17 juillet 2024

Nouvelle passe d’armes au NFP autour de la candidature de Laurence Tubiana à Matignon

Le nom de Laurence Tubiana, ancienne présidente de la Convention citoyenne pour le climat, a été mis sur la table des négociations du Nouveau Front populaire, en quête d’un nom à proposer pour Matignon. Mais la France insoumise dénonce une candidature qui n’est « pas sérieuse », estimant que cela ferait « rentrer par la fenêtre les macronistes ».

Après le rejet de la candidature pour Matignon d’Huguette Bello par le PS, un nouveau nom est au cœur des discussions du Nouveau Front populaire depuis lundi 15 juillet au soir. Celui de Laurence Tubiana, une personnalité de la « société civile », universitaire, cheville ouvrière de l’accord de Paris de 2015 et ancienne présidente de la Convention citoyenne sur le climat. Cette proposition circule « depuis quelque temps » avec la « bienveillance des trois partis » – PS, PCF et EELV -, a indiqué une source à l’AFP, confirmant des informations de L’Opinion et franceinfo. Elle ne fait cependant pas l’unanimité.

La Fi rejette une candidature jugée trop proche de la Macronie

Le coordinateur de la FI Manuel Bompard a jugé, sur France 2, ce mardi matin, qu’elle n’est « pas sérieuse », estimant que cela ferait « rentrer par la fenêtre les macronistes »« Si c’est effectivement ce profil sur lequel travaillent nos partenaires, je tombe de ma chaise », a déclaré l’élu insoumis qui reproche à Laurence Tubiana d’avoir « signé il y a quatre jours une tribune dans laquelle elle appelait à constituer une coalition et un programme commun avec les macronistes ».

La veille, la France insoumise avait annoncé, dans un communiqué, suspendre les négociations pour la candidature du Nouveau Front populaire à Matignon jusqu’à un accord pour celle de la présidence de l’Assemblée, dont l’élection doit avoir lieu jeudi 18 juillet.

De nombreux autres insoumis sont également montés au créneau. À l’instar du député Antoine Léaument : « Nous voulons gouverner pour appliquer notre programme. Pas gouverner à n’importe quel prix pour faire un programme macroniste. On n’est pas là pour des postes, on est là pour un P.R.O.G.R.A.M.M.E. Gouverner, oui. Faire du Macron bis, non », a-t-il argué sur X (ex-Twitter).

Les socialistes défendent une proposition « très sérieuse »

De leur côté, les socialistes ont défendu leur position. « Elle est connue pour être une économiste engagée sur le terrain écologiste et le terrain social », a plaidé le premier secrétaire du PS Olivier Fauremardi matin au micro de France inter. « Je ne vois pas au nom de quoi il faut considérer que la parole d’un seul s’impose à tous les autres », a-t-il poursuivi en référence aux déclarations de la FI, ajoutant croire que « c’est au contraire très sérieux ».

« Quand nous serons devant le parlement, nous présenterons le programme du NFP, mais nous devrons discuter avec le parlement », a-t-il également expliqué face aux critiques sur la tribune signée par Laurence Tubiana invitant le NFP, qui ne détient pas de majorité absolue à l’Assemblée, à « tendre la main aux autres acteurs du front républicain ».

« La charge d’une première ministre » sera de « partir avec ce que nous portons au NFP », puis chercher à « convaincre une majorité » et « trouver les compromis éventuels » afin d’avoir un « gouvernement qui gouverne dans la durée pour permettre aux gens de vivre mieux », a insisté le dirigeant socialiste. « Elle a refusé d’être ministre d’Emmanuel Macron, elle accepte d’être la première ministre du Nouveau Front populaire », a ajouté le chef de file des députés PS, Boris Vallaud, sur Franceinfo.

Communistes et écologistes alertent sur la responsabilité du NFP

« Si on ne trouve pas de solution dans les heures qui viennent, les jours qui viennent, ce serait un véritable naufrage. Je le dis sincèrement », a prévenu de son côté, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, au micro de BFMTV/RMC. « Nous avons du mal à trouver une solution qui fait consensus », a-t-il constaté, demandant « à la France insoumise de revenir à la table des discussions ».

L’échec du NFP à se mettre d’accord serait « un manque de respect pour toutes celles et ceux qui ont exprimé leur volonté que ça change », mais aussi envers celles et ceux qui veulent « voir leur salaire augmenter », alerte le communiste dont la formation a invité ses partenaires à être « responsables », sans « ultimatum » ni « veto ». Un manque de respect également envers les personnes qui souhaitent « l’abrogation de la réforme des retraites », mais aussi celles et ceux « qui croient en la République et ses valeurs, et veulent être respectés », et ce peu importe « origines et couleurs de peau », a assuré Fabien Roussel, précisant que le NFP travaillait « au consensus ».

« C’est beaucoup plus difficile et plus long que d’imposer un choix à la majorité », a-t-il ajouté. « Si nous n’y parvenons pas, peut-être faudra-t-il passer au vote et demander aux députés du NFP de décider qui pourra être premier ministre », a-t-il conclu.

« Les Français ont voté et nous avons gagné. Ils veulent nous voir gouverner, pas nous entre-déchirer », a également prévenu la secrétaire nationale des Écologistes, sur X, mardi matin. « Si nous ne faisons pas mieux, et vite, ils ne nous le pardonneront jamais. Pour la justice sociale et environnementale, reprenons les discussions. Maintenant », a-t-elle ajouté sur le même réseau social.

Le camp présidentiel en embuscade

D’autant qu’il y a urgence. Le camp présidentiel essaie de trouver une majorité alternative afin d’empêcher la coalition de gauche d’obtenir la présidence de l’Assemblée nationale et de pouvoir imposer une autre coalition au gouvernement.

Emmanuel Macron aurait de nouveau demandé, hier à l’Élysée, aux cadres du camp présidentiel de « bâtir une coalition républicaine de solutions et d’action », selon des propos rapportés par son entourage et recueillis par Le Parisien.

 

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