La copie servant les intérêts de l'original, l’opération de séduction et de surenchère de Nicolas Sarkozy sur les idées de l’extrême droite apporte aussi ses fruits au Front national.
Marine Le Pen a été élue haut la main à la tête du Front national, dont elle veut faire un tremplin pour la présidentielle de 2012."L'écart entre Marine (Le Pen) et Bruno (Gollnisch) est de l'ordre de deux tiers-un tiers", a précisé un autre dirigeant.
Le résultat du vote des 30.000 adhérents ne sera officiellement proclamé que dimanche mais le dépouillement a eu lieu vendredi soir et le secret n'a tenu que quelques heures.
Contrairement à son père, qui se dit satisfait d'avoir joué un rôle de "tribun du peuple", Marine Le Pen, 42 ans, vise le pouvoir à la manière de la Ligue du Nord en Italie.
22% des Français se disent d'accord avec les idées défendues par le Front national, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à l'an dernier, selon un sondage TNS Sofres diffusé mercredi, qui note une forte progression de l'image du FN chez les sympathisants UMP.
Nicolas Sarkozy a dû se résoudre à ranger sa médaille d’enterrement du Front national, qu’il arborait dans les médias et les réunions internationales. Une médaille auto octroyée après son élection en 2007, avec les applaudissements de son camp et certains crédules.
Le Président de la République a transformé certaines idées de Jean-Marie Le Pen en pratiques d’Etat, en faisant adopter des lois ou en en aggravant les décrets d’application, ou encore en prononçant des discours auxquels le leader frontiste n’aurait pas changé une ligne. Il s’imaginait ainsi déposséder le César d’extrême droite de ce que lui appartient : son territoire politique, revers de la médaille : un libéralisme reaganien sauvage, emprunt de xénophobie et de chauvinisme. Cette percée de l’ancien ministre de l’Intérieur dans le territoire de Jean- Marie Le Pen a estompé la ligne de démarcation entre la droite classique et le FN. D’où le constat de hausse de l’adhésion aux idées du Front national, notamment chez les sympathisants UMP (+12 points par rapport à l’an dernier). Avec ce démarquage, Nicolas Sarkozy a pu consolider son emprise sur le socle dur de la droite, mais, revers de la médaille, il a rétréci son champ d’influence au centre de l’échiquier politique, et a même profondément affaibli les formations centristes inféodées à l’UMP. Mais un président sortant qui n’est pas capable de remobiliser les troupes qui l’ont amené à la victoire devra inévitablement trouver de nouveaux alliés pour la prochaine bataille…
En Octobre 2010, en plein milieu du mouvement pour la défense des retraites, L’Humanité a publié un sondage qui révélait que 57% des Français demandaient à Nicolas Sarkozy de tout remettre à plat et de négocier une autre réforme des retraites. Le Président de la république n’a pas entendu les voix de ces millions de manifestants et a persisté dans son choix en imposant une loi, sa loi, à l’encontre de l’expression de la souveraineté populaire. D’autres sondages ont alors fait état d’une chute de sa popularité, la pire qu’ait connu aucun président sous la cinquième république. Selon certains médias, Nicolas Sarkozy comptait, en nommant un premier ministre centriste, redorer son blason. Mais c’est justement sa stratégie de réalisation et/ou d’instrumentalisation des idées de l’extrême droite qui a rendu impossible cette parodie de virage vers le centre. Un pari perdu pour Nicolas Sarkozy.
Entre-temps, le Front national a profité de cette stratégie et a poursuivi sa mue. Mais l’arrivée de la fille à la place du père ne changera rien au programme. La médiatisation de ce changement de tête au Front national n’a pour autre objectif que de faire changer d’avis les 77% des français qui ne croient pas en cette apparente nouvelle respectabilité pour le FN.
Le sondage TNS Sofres publié aujourd’hui montre que, globalement, la société française a politiquement glissé vers la droite, poussée par le pouvoir en place. Deux sondages de L’Humanité et les récents mouvements populaires montrent néanmoins que la France aspire à un grand changement, qu’elle a socialement glissé vers la gauche et la résistance. Malheureusement, cette force sociale n’est pas parvenue à s’articler à un mouvement politique pour empêcher l’adoption de la loi réformant notre système de retraites.
Une France populaire, radicale et unitaire dirigée vers la gauche sociale fait face à une France politiquement tournée vers la droite et l’extrême droite. En se ressourçant auprès du monde de travail en mouvement, la gauche, et surtout sa composante radicale historique, peut régler cette contradiction, avec un projet commun porteur d’espoir et de changement, bâti sur des axes largement unificateurs. Ce serait alors un nouveau pari perdu pour Nicolas Sarkozy.
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