La droite propose d'abaisser la majorité pénale à 16 ans? Si l'on est adulte à 16 ans, répondent Emmanuelle Becker, conseillère de Paris (PCF), et Ian Brossat, président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris, alors il faut abaisser le droit de vote au même âge.
Au plus haut niveau de l'Etat, certains revendiquent un acharnement un peu particulier, celui de faire table rase de l'héritage d'un modèle social édifié entre 1945 et 1968, et parachevé dans les années 80. S'en suivent des textes réglementaires et législatifs qui s'attaquent au détail de ce legs. Au mois de janvier 2010, on aura ainsi remarqué une proposition de loi de Christian Estrosi, député-maire de Nice, qui vise à abaisser l'âge de la majorité pénale de 18 à 16 ans. Cette ambition, déjà portée par le sénateur Serge Dassault en 2010, et par le candidat Nicolas Sarkozy en 2007, remet en cause l'ordonnance du 2 février 1945 sur l'enfance délinquante. Surtout, elle éclaire un peu plus, s'il était nécessaire, ce qu'une certaine élite politique et économique conservatrice pense de la jeunesse –et ce n'est pas le moins inquiétant.
Car reprenons les termes de Christian Estrosi, tels que prononcés lors d'une conférence de presse, le 30 décembre dernier: «les mineurs de 1945 et ceux d'aujourd'hui ne sont pas comparables, ni dans leur comportement, ni dans leur éducation». En sourdine, on peut entendre un soupçon de caricature, que le député-maire de Nice, pas téméraire, n'ose pas énoncer clairement. Les jeunes ne respecteraient plus rien. Ils sifflent la Marseillaise dans les stades, ils brûlent des voitures. En toute cohérence, notre pays n'a d'ailleurs pas interdit les boîtiers à ultrasons anti-jeunes alors que des décisions de justice existent, qui signalent leur dangerosité.
Pour faire bonne mesure, la droite assortit cette proposition d'une autre, qui ambitionne bientôt d'abaisser, elle, l'âge d'éligibilité au Parlement à 18 ans. Quand on considère l'âge moyen des parlementaires (de dix ans supérieur en France à la moyenne européenne), et celui des benjamins de l'Assemblée depuis 1958 (entre 27 et 30 ans), la mesure est avant tout décorative. Cosmétique. Tout ce que n'est pas l'abaissement de l'âge de la majorité pénale. Entre 16 et 18 ans, aujourd'hui, un délinquant voit en effet, sauf circonstances particulières, sa peine réduite automatiquement de moitié. Demain, plus d'excuse de minorité et la peine entière. Si l'on considère que l'on est adulte à 16 ans, la vraie proposition serait d'abaisser le droit de vote au même âge. Mais de cela, il n'est pas question. Etrange pays que le nôtre, qui considère que sa jeunesse est assez adulte pour aller en prison mais pas pour voter...
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