Vingt ans après l’effondrement du système soviétique, le Parti communiste français a-t-il encore sa raison d’être ?
Pierre Laurent. Absolument. L’enjeu du XXIe siècle sera celui du dépassement des logiques capitalistes qui ont plongé la planète dans la crise financière. Le capitalisme ne sera pas capable de répondre aux nouveaux défis d’un développement humain contemporain. Inventer un autre mode de développement est la question posée à toutes les forces progressistes dans le monde, et je pense que les idées de bien commun de l’humanité, de coopération contre les logiques de concurrence et de guerre économique, les idées de partage et d’égalité, qui sont au cœur de l’engagement communiste, ont beaucoup de choses à dire sur ce que doit être l’avenir de l’humanité.
Mais pour que ces idées se réalisent,
il faut conquérir des positions,
des pouvoirs. On ne voit pas la stratégie
du PCF aujourd’hui.
Pierre Laurent. Le rassemblement des forces sociales capables de conquérir des changements progressistes dans la société a toujours été un point fort de la politique des communistes. Aujourd’hui, la construction d’un rassemblement apte à sortir la France et l’Europe de la crise du capitalisme, c’est le cœur de notre stratégie. Nous avons lancé le Front de gauche pour rassembler dans la gauche toutes les forces disponibles. Et de la même manière, au niveau européen, nous investissons toutes les formes de rassemblement progressiste, notamment avec le Parti de la gauche européenne, pour de telles perspectives. La stratégie de conquêtes sociales et de construction de ces rassemblements fait la force et l’originalité du PCF. Le Front de gauche que nous construisons a vocation de porter des projets, des idées, des perspectives d’actions qui doivent rassembler des majorités dans la gauche et dans le pays.
Il faut transformer la gauche, changer son centre de gravité actuel, pour qu’y dominent à nouveau des logiques de transformation sociale.
Dans les médias, c’est plutôt Jean-Luc Mélenchon qui porte la parole du Front de gauche. Ne craignez-vous pas
un effacement du PCF ?
Pierre Laurent. Le Parti communiste a été l’initiateur du Front de gauche et il est son principal animateur. Nous sommes un atout pour un développement populaire du Front de gauche dans le pays. Ce défi-là ne sera pas relevé par la présence de telle ou telle personnalité, mais dans une action politique et collective, et le Parti communiste, avec ses militants et son réseau d’élus, est l’énergie essentielle de cette dynamique. Non seulement le Front de gauche n’a aucun intérêt à la dilution du PCF, mais le dynamisme de ce parti est la garantie de la réussite du Front de gauche.
Dans dix ans, le PCF devrait fêter
son centenaire. D’ici là, quel rôle
peut-il jouer pour la France ?
Pierre Laurent. Contribuer à ouvrir une issue à la crise qui permette à des millions de gens de retrouver une vie digne et une confiance dans l’avenir. La question qui va dominer la vie politique dans les années à venir est de savoir s’il y a possibilité de sortir de la crise par une voie de progrès social. Le Parti communiste peut jouer un rôle essentiel pour ouvrir cette perspective. Et s’il ne parvenait pas à le faire, c’est toute la gauche qui serait handicapée. Le PCF dispose aujourd’hui d’une énergie militante extraordinaire. Nous avons enregistré 6 000 adhésions en 2010, pour l’essentiel des jeunes de moins de trente ans, beaucoup de jeunes syndicalistes. Et c’est un rythme qui ne se dément pas depuis le référendum de 2005. Il y a un renouvellement et un rajeunissement accéléré du potentiel militant du Parti communiste. Cette force-là va compter dans les années à venir.
Entretien réalisé par
Olivier Mayer
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