Demain matin, Christian Estrosi déposera sa proposition de loi visant à abaisser la majorité pénale à 16 ans. Cette annonce a été faite par le maire de Nice à la suite d'un fait divers qui aurait vu plusieurs jeunes niçois s'attaquer à des pompiers. Chacun se souvient que, cet été, après le fameux discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, Estrosi avait proposé que les maires incapables de garantir la sécurité des habitants de leur commune devraient être sanctionnés. Il proposait de prendre modèle sur la loi SRU qui sanctionne les édiles - dont il fait partie d'ailleurs - qui refusent de faire les efforts nécessaires pour atteindre 20% de logements sociaux sur leur territoire. Force est de constater que le même Estrosi se retrouve dans la situation de l'arroseur arrosé. Et comme cette situation ne lui plaît guère, le voilà qui dégaine une proposition de loi. Le jour où un chihuahua mordra une mamie, il dégainera une loi sur les morsures de chihahuas... Il suffit d'ailleurs de regarder l'empilement de lois relatives à la sécurité depuis 2007 pour s'apercevoir qu'elles ne sont d'aucune utilité. Il ne sert à rien de multiplier les dispositifs législatifs si, dans le même temps, le terrain est déserté par les forces de sécurité faute d'effectifs en nombre suffisant.
Il reste que cette proposition en dit long sur le regard que la droite - et donc une partie de la société - porte sur la jeunesse de notre pays. La jeunesse ne serait bonne qu'à mettre en prison. Elle ne serait bonne qu'à enfermer. Etrange pays qui considère qu'un jeune de 16 ans est assez grand aller en prison, mais pas suffisamment pour pouvoir voter. Cela m'a amené à signer, avec mon amie Emmanuelle Becker, une tribune sur le site de Mediapart, en faveur du droit de vote à 16 ans. Cela nous a valu bien des remarques, quelques messages de félicitations, quelques critiques virulentes aussi. Je suis convaincu, en tout cas, que le débat mérite d'être ouvert. L'un des messages que j'ai reçus m'a été envoyé par Justin Jay. Je vous invite à le lire, il vaut bien mieux que toutes les réponses que j'aurais pu apporter :
"Pour ma part, j'ai 17 ans, étant militant, responsable lycéen de mon département, je suis amené à parler avec tous les jeunes de mon âge à propos de tout un tas de sujets politiques, et croyez le ou non, pour la majorité, ils sont bien au courant de ce qui se passe, et sont loin d'être dupes et immatures (il suffit de voir comment les lycéens se sont organisés savamment pour le mouvement sur les retraites.).
Je vais vous raconter une petite anecdote, cet été, Sarkozy est venu à Grenoble. En bons militants, nous avons collé des affiches contre sa venue. Résultat : une garde à vue, et une menace de comparution immédiate. Nous étions trois, le plus jeune allait tout juste sur ses 16 ans.
Alors, après une nuit de GAV et tout ce que ça implique, ce minot je lui dis quoi, moi ? qu'on a le droit de t'emprisonner quand tu dis ce que tu penses, mais si tu veux le dire par le biais du vote, comme tu es un peu immature, tu attendras.."
Je vais vous raconter une petite anecdote, cet été, Sarkozy est venu à Grenoble. En bons militants, nous avons collé des affiches contre sa venue. Résultat : une garde à vue, et une menace de comparution immédiate. Nous étions trois, le plus jeune allait tout juste sur ses 16 ans.
Alors, après une nuit de GAV et tout ce que ça implique, ce minot je lui dis quoi, moi ? qu'on a le droit de t'emprisonner quand tu dis ce que tu penses, mais si tu veux le dire par le biais du vote, comme tu es un peu immature, tu attendras.."
Merci Justin, pour ce témoignage. Et vive le débat !
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