par
On peut être ministre, avoir suivi une haute école de commerce et
n’avoir pas compris grand-chose à certaines notions pourtant simples et
donc avoir besoin de cours de rattrapage.
Mme Fleur Pellerin, puisqu’il s’agit d’elle, a récemment déclaré "Dans
les PME, je ne crois pas à la lutte des classes. Tous les patrons de
PME que je rencontre sont en osmose avec leurs salariés. Il n’y a rien
de commun entre un chef d’entreprise de 10, 15, 20 salariés et un patron
salarié du CAC40, qui après un an de mauvais services part avec des
millions d’euros." [1].
Et de rajouter "Il est normal que des gens puissent s’enrichir
beaucoup s’ils ont pris le risque de créer une entreprise, s’ils ont eu
une super bonne idée, s’ils ont su la faire fructifier et s’ils ont créé
des emplois. En France, il y a toujours eu un petit problème avec
l’argent, qui est peut-être lié à la culture judéo-chrétienne. Il y a
sans doute aussi un problème avec la réussite."
Beaucoup d’entre nous connaissent dans leur entourage des petits
commerçants ou artisans qu’il ne nous est jamais venu à l’idée de
comparer aux PDG des grandes multinationales. Pas besoin d’être ministre
pour comprendre cela. De là à dire que de ce fait la lutte des classes
serait réservée à certains ilots du capitalisme il y a un pas à franchir
que nous ne franchirons pas. Du moins si on veut en revenir à la base
de cette expression et de son auteur, un certain Karl Marx :
« L’histoire de toute société jusqu’à ce jour n’a été que l’histoire de
luttes de classes ». [2]
Cours de rattrapage en 7 points :
Pour
qu’il y ait lutte de classes il faut qu’il y ait classes en
l’occurrence deux : celle qui possède les moyens de productions et
d’échanges et celle qui n’a que sa force de travail pour vivre. Les PME
n’échappent pas à cette règle.
Il
y a lutte des classes quand celles-ci ont des intérêts antagonistes ou
autrement dit quand l’une tire son profit du travail de l’autre qui est
sous sa subordination. Là encore, force est de constater que les PME
n’échappent pas à cette règle. Plus un petit artisan pressure un
salarié, plus il tirera d’argent pour lui-même.
Il
y a deux limites à cela : son éthique personnelle, sa morale liée
peut-être dans notre pays à la « culture judéo chrétienne » chère à
notre ministre. Mais là on parle de morale (ou de religion !) et que
l’on sache l’économie n’a pas grand-chose à voir avec le catéchisme.
Et
une deuxième limite qui est le respect de la loi : et qu’est-ce la loi
si ce n’est le produit de la lutte des classes ? Y a-t-il une loi qui
n’est pas fait d’abord l’objet de luttes ? Les conventions collectives
sont bien le résultat des grèves de 36 et la reconnaissance du droit
syndical y compris dans les PME est le résultat de 68 pour ne prendre
que 2 exemples parmi ceux dont l’histoire regorge et sans parler du
programme du CNR résultat d’une lutte armée. Les PME ne sont donc pas
indépendantes du contexte général de la lutte des classes.
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