vendredi 19 octobre 2012

Économie : cours de rattrapage à l’intention d’une ministre

par  Charles Hoareau
On peut être ministre, avoir suivi une haute école de commerce et n’avoir pas compris grand-chose à certaines notions pourtant simples et donc avoir besoin de cours de rattrapage.
Mme Fleur Pellerin, puisqu’il s’agit d’elle, a récemment déclaré "Dans les PME, je ne crois pas à la lutte des classes. Tous les patrons de PME que je rencontre sont en osmose avec leurs salariés. Il n’y a rien de commun entre un chef d’entreprise de 10, 15, 20 salariés et un patron salarié du CAC40, qui après un an de mauvais services part avec des millions d’euros." [1].
Et de rajouter "Il est normal que des gens puissent s’enrichir beaucoup s’ils ont pris le risque de créer une entreprise, s’ils ont eu une super bonne idée, s’ils ont su la faire fructifier et s’ils ont créé des emplois. En France, il y a toujours eu un petit problème avec l’argent, qui est peut-être lié à la culture judéo-chrétienne. Il y a sans doute aussi un problème avec la réussite."


Beaucoup d’entre nous connaissent dans leur entourage des petits commerçants ou artisans qu’il ne nous est jamais venu à l’idée de comparer aux PDG des grandes multinationales. Pas besoin d’être ministre pour comprendre cela. De là à dire que de ce fait la lutte des classes serait réservée à certains ilots du capitalisme il y a un pas à franchir que nous ne franchirons pas. Du moins si on veut en revenir à la base de cette expression et de son auteur, un certain Karl Marx : « L’histoire de toute société jusqu’à ce jour n’a été que l’histoire de luttes de classes ». [2]
Cours de rattrapage en 7 points :
- Pour qu’il y ait lutte de classes il faut qu’il y ait classes en l’occurrence deux : celle qui possède les moyens de productions et d’échanges et celle qui n’a que sa force de travail pour vivre. Les PME n’échappent pas à cette règle.
- Il y a lutte des classes quand celles-ci ont des intérêts antagonistes ou autrement dit quand l’une tire son profit du travail de l’autre qui est sous sa subordination. Là encore, force est de constater que les PME n’échappent pas à cette règle. Plus un petit artisan pressure un salarié, plus il tirera d’argent pour lui-même.
- Il y a deux limites à cela : son éthique personnelle, sa morale liée peut-être dans notre pays à la « culture judéo chrétienne » chère à notre ministre. Mais là on parle de morale (ou de religion !) et que l’on sache l’économie n’a pas grand-chose à voir avec le catéchisme.
- Et une deuxième limite qui est le respect de la loi : et qu’est-ce la loi si ce n’est le produit de la lutte des classes ? Y a-t-il une loi qui n’est pas fait d’abord l’objet de luttes ? Les conventions collectives sont bien le résultat des grèves de 36 et la reconnaissance du droit syndical y compris dans les PME est le résultat de 68 pour ne prendre que 2 exemples parmi ceux dont l’histoire regorge et sans parler du programme du CNR résultat d’une lutte armée. Les PME ne sont donc pas indépendantes du contexte général de la lutte des classes.
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