Le Front de gauche est encore un objet politique non identifié. Il l’est d’autant moins qu’il naît dans une période historique nouvelle, celle qui s’est ouverte depuis 1989. Alors que nous avons changé d’époque, il rassemble des courants politiques hérités du XXe siècle. Il naît sous la contrainte des reculs et des défaites accumulées. Mais la gravité de la crise européenne, la remontée de l’extrême droite imposent de surmonter les divisions et l’éparpillement alors que le capitalisme connaît des mutations économiques qui affectent profondément les formations sociales.
Ajoutons qu’aucune des révolutions du siècle passé ne dessine une stratégie de transformation sociale et d’émancipation adaptée à ce nouveau monde. L’élaboration d’une alternative se fait dans un contexte de crise du projet de transformation sociale et de son imaginaire suite à la défaite idéologique subie dans les années 1980, conséquence des impasses de la social-démocratie convertie au social-libéralisme et de la faillite historique du « socialisme réellement existant ».
Enfin, la crise de la forme parti et plus généralement l’usure des modes d’organisation hérités de la fin du XIXe siècle interroge sur la construction de l’instrument politique adapté à cette nouvelle donne. Nous avançons à tâtons sur une voie jusqu’alors peu explorée, celle du rassemblement de courants politiques divers mais qui doivent s’unir dans un combat commun, en finir avec des divisions désastreuses et paralysantes, tout en préservant une capacité d’action offensive. Il ne s’agit plus de « marcher séparément pour frapper en ensemble » selon le vieil adage, mais de marcher ensemble pour frapper ensemble, tout en respectant les spécificités de chacun.
Comment aborder les divergences politiques ?
La politique sur laquelle se construit le Front de gauche (FdG) est
connue : c’est une orientation de rupture avec les politiques libérales
et social-libérales, un refus de la construction européenne telle
qu’elle se pratique et des politiques austéritaires qu’elle impulse
alors que l’extrême droite progresse partout en Europe. Le FdG naît de
la volonté d’apporter une réponse unitaire à l’absence d’alternative
politique et de perspective de transformation sociale (le syndrome TINA)
qui plombe les mobilisations depuis un quart de siècle. Cette
alternative suppose que le FdG soit capable de gagner l’hégémonie
politique au sein de la « gauche sociale ». Il ne pourra donc pas faire
l’économie d’une confrontation avec la majorité présidentielle
construite autour du projet de François Hollande.Lire la suite
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