Nouveau rebondissement dans l’histoire de la « liste
Lagarde ». Et nouvelles menaces sur la liberté d’information, en Grèce.
L’Humanité a en effet été informée que l’éditeur Kostas Vaxevanis est
recherché par la police. Un communiqué le confirme : il indique que, sur
ordre du Procureur d’Athènes, « la police grecque exerce des recherches
pour trouver et arrêter l’éditeur du magazine Hot Doc dans lequel a été
publié la liste Lagarde ».
Que contient cette liste ? Environ 2000 noms de riches Grecs qui ont
des comptes en Suisse, dans la banque HSBC, échappant ainsi au fisc de
leur pays. Cette liste avait été fournie aux anciens ministres du Pasok
(celui de la Défense, Evangelos Venizelos et celui des Finances, Giorgos
Papaconstantinou) par Christine Lagarde lorsqu’elle était ministre de
l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Mais cette liste était
visiblement vouée à disparaître. L’un des ministres, G.
Papanconstantinou, déclarant qu’il ne savait plus à quel fonctionnaire
il avait donné le CD contenant les noms, l’autre déclarant avoir perdu
la clé USB avec les précieuses informations. Depuis, la France se tenait
prête à la communiquer si le gouvernement grec la lui demandait. Il
n’en fut rien.
Alors que la Grèce sombre dans une crise sans précédent, le magazine
d’investigation Hot Doc a publié les noms, sans indiquer les comptes ni
les sommes. Dans cette liste se trouvent des entrepreneurs ayant obtenu
des subventions de l’Etat grec, avant la crise, pour ne pas fermer leurs
usines – comme la famille Lamaras, magna du textile, des armateurs, des
journalistes et trois personnalités politiques. Aussitôt, la police
s’est mise à la recherche… de l’éditeur de la liste. « La police le
recherche. Elle l’accuse de divulguer des informations personnelles »,
explique à humanité.fr Miguel Samotrakis, un des journalistes du
magazine Hot Doc joint par téléphone. « La police est même venue dans
les bureaux » poursuit le journaliste.
Kostas Vaxenakis, rapidement joint par l’Humanité, s’est dit « très inquiet ».
Bref, il ne fait pas bon dénoncer la corruption alors que des
personnes impliquées dans l’affaire Siemens, par exemple (comme Michaël
Christoforakos) ne sont pas inquiétées.
Alors que les mouvements sociaux se multiplient en Grèce, que la
population – frappée à 25,3% par le chômage – devient chaque jour plus
pauvre, et que le rejet de l’austérité est massif, ce sont désormais les
journalistes qui semblent empêcher d’exercer leur métier. Déjà, en
Grèce, certains ont surnommé Kostas Vaxevanis le « Julien Assange
Grec ». Julien Assange est poursuivi pour la publication de documents
confidentiels (câbles diplomatiques).
Cet épisode rappelle de sombres heures dans un pays sorti en 1974 de la dictature des colonels.
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