Le fonds d’investissement créé par Mitt Romney délocalise une usine
américaine en Chine. Résultat des courses : 170 licenciements. Mais pour
la première fois de leur vie, les employés ont décidé de lutter.
Mitt Romney a promis la guerre économique à la Chine, mais c’est
contre l’ouvrier américain que son fonds d’investissement Bain Capital
la livre. L’entreprise passée maître dans l’art de la délocalisation a
racheté l’usine Sensata de Freeport près de Chicago en janvier 2011. La
sentence n’a pas tardé à être rendue : ses 170 employés seront licenciés
le 5 novembre. Non pas que les 500 millions de dollars de bénéfices
réalisés au second trimestre par l’usine de fabrication de composants
automobile ne permettaient plus de les payer, mais l’attrait d’ouvriers
chinois payés 99 centimes de dollars par heure et travaillant 75 heures
par semaine, 7 jours sur 7, a été trop grand.
Aucun des ouvriers de l’usine n’est syndiqué. Mais pour la première
fois de leur vie, les employés de Sensata ont décidé de lutter. Depuis
le 12 septembre, ils se relaient nuit et jour en face de l’usine, où ils
ont monté un camp. Ils ont mis Mitt Romney au défi de venir les
soutenir, sans résultat. Le candidat Républicain n’est plus à la tête de
Bain Capital, mais il profite des millions investis dans ses filiales.
Ainsi en 2011, il a fait virer 405 000 dollars (313 000 euros) de ses
bénéfices depuis Sensata vers une fondation qui lui appartient, évitant
ainsi de payer des impôts.
Maintenant que les employés de Sensata ont formé les ingénieurs
chinois qui les remplaceront à moindre coût, la direction a menacé d’une
fermeture anticipée si les protestations ne cessaient pas. Quand les
ouvriers ont essayé d’arrêter les camions conduisant leurs machines en
Chine, la direction a appelé la police, qui a arrêté 23 manifestants.
Le combat des ouvriers de Freeport est « l’essence même de la lutte des Américains », a lancé le révérend Jesse Jackson, figure des droits civiques, lors de sa venue, le 22 octobre. « Lorsque
ces travailleurs perdent leur emploi, ils perdent leur maison, ils
perdent leur voiture. Leurs enfants ne peuvent étudier, ils perdent
espoir [...] Nous nous battons pour l’ensemble des travailleurs
américains ; nous nous battons pour lutter à armes égales. »
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