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Silence au ministère de la Justice. Interpellée par les associations
de défense des victimes de l’amiante sur la tenue d’un procès pénal,
Christiane Taubira demeure pour l’instant muette [1].
16 ans que ce silence judiciaire perdure... 16 ans, c’est le temps qui
s’est écoulé depuis le dépôt des premières plaintes contre X pour « empoisonnement et homicide involontaire »
par l’Andeva, l’Association nationale des victimes de l’amiante.
L’association continue de demander inlassablement la tenue d’un grand
procès pénal de l’amiante, à l’image du procès du sang contaminé.
« On parle de 3 000 à 4 000 morts par an. Ce n’est donc pas une mince affaire » ,
rappelle Roland Hottelard, président de l’association en
Loire-Atlantique (Addeva 44). Voir le visage de leurs empoisonneurs,
alors que les dangers liés à l’amiante étaient connus et documentés,
voilà ce que souhaitent les victimes et leurs familles. Malgré l’attente
d’un procès pénal, ils n’en sont pas à leur première bagarre – et
victoire – judiciaire.
A Saint-Nazaire, salariés victimes de l’amiante et veuves de
travailleurs décédés viennent chaque jour à la maison Henri Pézérat (du
nom du toxicologue qui fut l’un des premiers lanceurs d’alerte sur
l’amiante dans les années 70). En cette matinée du 24 septembre, c’est
la commission « Anxiété » qui se réunit. D’anciens salariés des
chantiers de l’Atlantique sont occupés à vérifier le contenu des
dossiers qui doivent être déposés d’ici juin. Reconnu en mai 2010 par la
Cour de cassation, le préjudice d’anxiété
permet aux travailleurs exposés à l’amiante d’obtenir une indemnisation
par les Prud’hommes pour l’angoisse causée par le risque de développer
une maladie grave due à cette fibre tueuse.« Quand on a travaillé dans l’amiante, on vit avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, explique Roland Hottelard. On stresse à chaque bronchite. Ou à chaque fois qu’un ancien collègue décède. »
100 000 travailleurs concernés
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