samedi 31 août 2024

Cisjordanie : après la mort d’au moins 16 palestiniens en deux jours, l’ONU exige la cessation « immédiate » de l’opération israélienne


 L’ONU, à travers son secrétaire général Antonio Guterres, a demandé, jeudi 29 août, la cessation « immédiate » de l’opération israélienne en Cisjordanie occupée. En 48 heures, l’offensive militaire d’ampleur a fait au moins 16 morts. Pendant ce temps, le massacre dans la bande de Gaza continue.

« Les derniers développements en Cisjordanie occupée, notamment le lancement par Israël d’opérations militaires à grande échelle, sont profondément préoccupants », écrit sur X (ex-Twitter) Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, condamnant « fermement la perte de vies humaines, y compris d’enfants » et appelant à « l’arrêt immédiat de ces opérations ».

Depuis deux jours, Israël a lancé une offensive militaire d’ampleur en Cisjordanie, causant la mort d’au moins 16 palestiniens. Les forces de Benyamin Netanyahou ont lancé cette opération mercredi 28 août, tentant, comme toujours, de faire passer ces attaques pour de la lutte contre le terrorisme antiterroriste, et de masquer ce qu’elles sont réellement : une guerre de colonisation.

Au moins 637 Palestiniens tués en Cisjordanie

Le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite « d’opérations militaires à proximité des hôpitaux » et les « graves dommages » infligés aux infrastructures, coupant par endroits électricité et télécommunications. C’est surtout le nord de la Cisjordanie qui est visé : les colonnes de blindés israéliens ont déferlé sur Jénine, Tulkarem, Toubas, ainsi que sur les camps de réfugiés de la région. Selon le Croissant-Rouge palestinien, branche locale de la Croix Rouge, deux adolescents de 13 et 17 ans, qualifiés de « terroristes » par l’armée israélienne, figurent parmi les 16 morts.

Si les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes, notamment en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, sont régulières, voire quotidiennes, elles sont rarement si massives, violentes, coordonnées, et durables. Mercredi 28 août, l’ONU a dénombré au moins 637 Palestiniens tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre.

« Qu’est-il advenu de notre humanité élémentaire ? »

Si l’attention sur la situation au Proche-Orient se porte depuis quelques jours sur la Cisjordanie, le massacre dans la bande de Gaza est toujours en cours. L’enclave palestinienne, est toujours pilonnée par Israël et livrée aux combats. Les troupes israéliennes poursuivent leurs opérations à Rafah, dans la région de Khan Younès (sud) et à la périphérie de Deir al Balah (centre), selon l’armée. En près de 11 mois de guerre, la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés.

Jeudi 29 août, un responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé que les autorités israéliennes avaient accepté une série de « pauses humanitaires » de trois journées chacune – à raison de plusieurs heures par jour – à travers l’enclave palestinienne pour lancer dimanche 1er septembre la vaccination des enfants contre la poliomyélite, après l’annonce d’un premier cas confirmé. « Qu’est-il advenu de notre humanité élémentaire ? », a lancé jeudi 29 août Joyce Msuya, cheffe par intérim du bureau humanitaire des Nations unies, devant le Conseil de sécurité, qualifiant la souffrance des habitants d’« au-delà de ce que tout être humain devrait endurer ».

Transport, cantine, fournitures… Une scolarité toujours coûteuse, malgré l’allocation de rentrée

À peu près couvertes par l’allocation de rentrée scolaire, les dépenses de rentrée ne constituent qu’une fraction de la dépense éducative des familles, qui reste marquée par de fortes inégalités… loin de la gratuité théorique de l’école républicaine.

On est loin des fantasmes à base de racisme social sur ces familles qui, avec l’allocation de rentrée scolaire (ARS), s’achèteraient des télévisions à écran plat, des téléphones portables dernier cri ou, nouvelle invention cette année, des manteaux à 600 euros. La rentrée demeure un moment compliqué pour de très nombreux Français. La Confédération syndicale des familles (CSF) le pointe dans son enquête annuelle, publiée mi-août : si le coût de la rentrée 2024 affiche une baisse moyenne de 6,8 %, celle-ci « ne compense pas les hausses des années précédentes ». D’autant, ajoute l’association, que « la revalorisation à hauteur de 4,6 % de l’ARS est insuffisante pour combler l’inflation de 4,9 % sur l’année ».

Une allocation qui « ne couvre absolument pas les dépenses tout au long de l’année »

Dans le détail, avec 324 euros, le budget moyen pour une rentrée en collège affiche, avec – 12,7 %, la plus forte baisse par rapport à 2023. Au lycée, la baisse est presque moitié moindre (- 6,8 %) et la dépense reste la plus élevée, avec 398 euros. Et en primaire, si la somme à assumer est plus faible que dans le secondaire (236 euros), elle continue à s’afficher à la hausse par rapport à l’an dernier : + 2,6 %. La CSF observe encore que si l’ARS (416 euros pour un élève de 6 à 10 ans, 439 euros de 11 à 14 ans et 455 euros de 15 à 18 ans) permet d’assumer les dépenses de la rentrée pour les 3 millions de familles qui la perçoivent (soit environ un tiers des enfants scolarisés), elle « ne couvre absolument pas les dépenses liées à la scolarité tout au long de l’année ». Celles-ci s’élèvent en effet, selon l’association, de 1 500 (primaire) à 2 300 euros (lycée) : restauration, assurance, sorties et voyages, activités périscolaires, équipement numérique… s’ajoutent ainsi aux dépenses consacrées à la rentrée elle-même.

La CSF souligne également que les dépenses scolaires sont marquées par de fortes inégalités. Celles-ci sont sociales et territoriales, alors que les prix de cantines sont très variables et que les collectivités territoriales n’offrent pas toutes la gratuité des transports pour les scolaires. Mais elles sont aussi directement liées à la scolarité : les coûts d’équipement (matériel technique, habillement…) de nombreux bacs professionnels sont beaucoup plus élevés que ceux des bacs généraux, alors que leurs élèves sont majoritairement issus des familles populaires. La gratuité de l’école publique reste donc très théorique, et la CSF ne manque pas de rappeler qu’elle exige, « depuis plus d’un demi-siècle », sa gratuité réelle pour tous, avec « une prise en charge totale des dépenses liées à la scolarité » par l’État.

 

vendredi 30 août 2024

Déterminée, studieuse, jeune, nombreuse : Une université d’été 2024 pour affronter une situation à hauts risques

À situation exceptionnelle, il fallait une université d’été qui sorte des sentiers battus. Repensée autour de six axes – analyse de la séquence écoulée, débat autour de nos propositions, de la question de classe, des enjeux internationaux, construction d’un parti efficace, dialogue avec le monde du travail, de la recherche et de la création –, l’édition 2024 entendait être de plain-pied dans la situation nouvelle. Force est de constater qu’elle a rencontré l’intérêt des communistes. Avec une participation augmentée de 23 % par rapport à l’an passé, c’est l’université d’été qui aura compté le plus grand nombre de participant·e·s depuis la pandémie. Nombreuse, cette édition fut aussi particulièrement studieuse : avec des ateliers pleins du matin jusqu’au soir (y compris le dimanche à 9 h, au lendemain du grand banquet fraternel organisé par la fédération de l’Hérault dans la magnifique agora de la danse), une qualité d’écoute, de rebond, de débat. Face à l’ampleur des enjeux, il y avait une grande soif de comprendre pour agir au plus juste, loin du confort des postures toutes faites. Autre trait marquant : la jeunesse. Aux habitués et à un certain nombre de dirigeants, se sont mêlés bien des nouveaux venus.

Sur le fond, faut-il tenter de résumer les apports de cette université ? L’exercice serait nécessairement superficiel en quelques lignes. En revanche, l’enjeu est fort de faire vivre les contenus de l’université d’été dans la durée et de les faire rayonner au-delà de seuls participants. En ce sens, par-delà les retransmissions en direct qui ont jalonné l’édition 2024, une série d’ateliers filmés tout au long de ces trois jours seront prochainement accessibles sur Internet. En outre, nous allons rassembler les interventions écrites qui nous ont été transmises afin qu’en quelque sorte ces trois jours vécus puissent être lus.

Ainsi, l’université d’été, c’est fini pour 2024, mais plus encore qu’à l’habitude, ça continue…

Guillaume Roubaud-Quashie

Article publié dans CommunisteS, N°1007, 28 août 2024.

 

Sélection et précarité riment avec rentrée étudiante


 Parcoursup et Mon Master

Suite à la phase complémentaire, 85 000 lycéennes et lycéens ont été laissés sur le carreau, n’obtenant pas de place en études supérieures. Mon Master aussi a laissé bon nombre d’étudiantes et étudiants, une simple licence en poche, sans perspectives pour la rentrée. Encore une fois, avec les plateformes de sélection, ce sont les élèves des classes populaires qui sont le plus pénalisés.

 

Logement

Le logement reste la première dépense pour les étudiants et les étudiantes. Ainsi, la pénurie augmente les inégalités d’accès au logement mais aussi des conditions d’études. Nous avons besoin de plus de logements CROUS à tarification sociale et très sociale.

Ces logements étudiants ont d’ailleurs fait l’actualité cet été lorsque les policiers venus y loger pendant les JO ont dénoncé leur insalubrité. Moisissure, cafards et autres nuisibles, la France semble découvrir les conditions dans lesquelles logent les étudiants. Alors que nous alertons depuis de nombreuses années.

Les étudiants devant trouver un logement ont fait face à une augmentation des loyers et une disponibilité moindre. En effet, de nombreux propriétaires ont saisi l’occasion des Jeux Olympiques pour passer leur studio en location courte durée, marché bien plus juteux. La capitale n’est pas la seule ville concernée, de nombreuses villes situées à seulement une ou deux heures de Paris en ont également fait les frais.

Par conséquent, de plus en plus d’étudiants louent des logements plus éloignés de leurs lieux d’études, en périphérie des villes.

Précarité

Mais les logements éloignés des lieux d’études posent d’autres problématiques pour les étudiants, notamment celle des transports. Rares sont les villes où les transports en commun sont gratuits. Les transports font partie des trois premières dépenses des étudiants avec le logement et l’alimentation.

La rentrée ne doit plus être synonyme de précarité ou de sélection. La société a besoin plus que jamais de futurs travailleurs formés. D’une part, pour augmenter le niveau de connaissance générale de la société afin de mieux diffuser les savoirs. D’autre part, afin de faire face aux défis économiques, sociaux et écologiques qui nous font face.

L’Union des étudiants et étudiantes communistes revendique :

- La suppression de Parcoursup et de Mon Master pour les remplacer par un véritable service public de l’orientation.

- La construction de 350 000 logements afin que l’ensemble des boursiers puissent se loger à tarification sociale.

- La création d’un revenu étudiant au-dessus du seuil de pauvreté et financé par une nouvelle branche de la sécurité sociale paraît comme la seule solution permettant aux jeunes de continuer leurs études dans des conditions dignes.

Léna Raud

Article publié dans CommunisteS, N°1007, 28 août 2024.

jeudi 29 août 2024

Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, met la pression sur Benyamin Netanyahou

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a remis les choses en place. Dans son mémoire rendu le vendredi 23 août, Karim Khan presse les juges de statuer sur les demandes de mandats d’arrêt déposées le 20 mai contre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense, Yoav Gallant, et le chef du Hamas, Yahya Sinouar (les deux autres responsables incriminés, Ismaïl Haniyeh et Mohamed Deif, sont morts). « Tout retard injustifié dans ces procédures porte atteinte aux droits des victimes », a rappelé le procureur après dix mois de bombardements incessants de l’armée israélienne sur la bande de Gaza qui ont tué plus de 40 000 personnes.

Un besoin de justice pour arrêter le massacre

Les juges de la CPI, qui tranchent normalement seuls, ont ouvert la procédure à des dizaines de participations extérieures, ce qui retarde la décision. Karim Khan a également cité la Cour internationale de justice (CIJ) et son avis consultatif du 19 juillet, qui considère illicite « la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien occupé ». Dans son mémoire, le procureur fait remarquer qu’« Israël a établi, maintenu et étendu ses colonies en violation du droit international ».

Il a également réaffirmé que la cour, qui siège à La Haye, avait la capacité de trancher sur ce sujet. Plusieurs alliés d’Israël – comme les États-Unis – soutenaient en effet que la CPI devait laisser la justice israélienne s’occuper du dossier. Mais Karim Khan leur a rétorqué qu’aucune procédure judiciaire n’était en cours contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant. Depuis l’attaque du 7 octobre et la réplique sanglante d’Israël à Gaza et en Cisjordanie, le procureur ne cesse d’alerter sur le besoin de justice pour arrêter le massacre.

 

Droit aux vacances : quand le PCF Nord organise une journée gratuite à la mer


 Alors que 40 % des Français ne partent pas en vacances faute de moyens, la fédération du Nord du PCF a organisé mardi une journée gratuite à la mer. Solidarité et coquillages étaient au rendez-vous malgré une période politique tendue.

Sur la plage de Malo-les-Bains (Nord), des enfants jouent à s’enterrer dans le sable chaud sous le regard attendri de leur famille. Une petite fille aux nattes blondes sautille dans tous les sens, et manque de faire tomber les affaires de plage qui débordent de son sac à dos. Elle tient le bras à son « papé »« C’est la première fois qu’elle vient à la plage, raconte le grand-père en promenant une poussette chargée à ras bord. Depuis une semaine, elle ne me parle que de ça : la mer, la mer, la mer. »

Une mer qu’elle découvre grâce à la solidarité mise en place par les communistes. Depuis trente-huit ans, la fédération du Nord du PCF permet à des familles précaires, des retraités isolés et des jeunes de profiter des plages. Selon l’Observatoire des inégalités, 40 % des Français ne partent pas en vacances. Entre le transport, l’hébergement et les activités, voyager devient un luxe. Pour Sarah, secrétaire des Jeunes communistes à Lille, « le droit aux vacances pour toutes et tous est important. Il a été acquis par le Front populaire en 1936. Mais il doit se concrétiser au-delà de simples congés. Avec la JC, nous sommes venus pour soutenir cette journée qui doit perdurer ».

Fabien Roussel présent pour accueillir les familles

Ce moment de fraternité sert aussi à échanger sur les bonheurs, les espoirs et les difficultés des familles. Arrivée en car depuis Aulnoy-lez-Valenciennes (Nord) avec ses petits-enfants, Jeanine attend impatiemment ce moment tout au long de l’année. « Pour rien au monde je ne raterais ces journées à la mer. Avec ma petite retraite, jamais je n’aurais pu m’offrir ça par mes propres moyens », explique celle qui profite de cette initiative depuis 1988. « Moi, je viens depuis trois ans : j’adore la mer, je joue aux raquettes et je nage », la coupe son petit-fils, débordant d’énergie.

Venu sur place au palais des congrès de Dunkerque, le Kursaal, Fabien Roussel est ravi d’accueillir les 4 000 personnes bénéficiant ce jour-là de l’initiative du PCF. Au regard de l’actualité politique, cette journée à la mer a d’ailleurs une résonance particulière. « J’aurais bien aimé pouvoir les rencontrer avec l’espoir d’un gouvernement de gauche et leur annoncer qu’à la rentrée, nous allons mettre en place des mesures concrètes pour les salaires, les retraites, pour les services publics. Malheureusement, Macron n’a pas souhaité retenir le résultat des urnes. Nous sommes toujours debout et nous n’abandonnons pas nos combats », souffle le secrétaire national du PCF. Il poursuit : « Lors de ces journées à la mer, nous avons beaucoup de femmes seules avec leurs enfants qui habituellement ne peuvent s’octroyer des vacances. 50 % d’entre elles ont des retraites inférieures à mille euros. Elles sont les premières à souffrir de la politique menée par ce gouvernement. »

“Il n’y a pas de plus beau moment que de voir son enfant courir après la marée”

Ces femmes, Cécile en fait partie. Ancienne agente de production industrielle, cette mère de trois enfants a subi un accident du travail l’an passé. Depuis, sa boîte ne la rappelle pas. « Je gagne une misère. Voyager pour presque rien est une belle opportunité. C’est important que mes enfants aient au moins une journée de vacances et qu’ils voient la mer. Et puis pour moi, ça me permet de souffler un peu », raconte-t-elle en se dirigeant vers le rivage. Une respiration, une pause dans le quotidien parfois difficile.

À quelques mètres, du sable mouillé vole dans l’air. Qui a dit qu’il fallait un râteau pour partir à la chasse au trésor ? Kimberley regarde son fils de 2 ans à la recherche de coquillages. « Lorsqu’on habite à deux heures de la mer, sans voiture, c’est compliqué. Si je viens ici avec les cars affrétés, c’est surtout pour le petit. Il n’y a pas de plus beau moment que de voir son enfant courir après la marée, c’est agréable », dit la jeune mère en évitant à nouveau les grains de sable.

Le soleil tape fort à Dunkerque. Une occasion pour chacun de pique-niquer sous un parasol et d’aller nager. Une grande famille regarde ses pieds dans l’eau, émerveillée. Des petits bernard-l’ermite et des étoiles de mer transparentes grimpent sur leurs pieds. Lilian, 18 ans, est venu depuis Valenciennes pour voir ce spectacle marin. Le sourire aux lèvres, il court sur la plage pour prendre de l’élan afin de mieux fendre les vagues. La dernière fois qu’il a vu la mer, il avait 8 ans. « C’est le PCF qui organise ça ? Je suis content : c’est bien de penser aux familles dans le besoin », sourit l’étudiant. Lilian vit seul avec sa mère, qui ne peut plus travailler. Comme il doit s’occuper d’elle et ne gagne pas suffisamment, difficile pour lui de partir en vacances. « Heureusement aujourd’hui, je peux profiter de la côte en famille et avec mes amis, c’est un souffle. » L’année prochaine, il reviendra, c’est certain.

mercredi 28 août 2024

Face au coup de force antidémocratique, l’heure est au sursaut populaire !

Le Président de la République a annoncé hier par communiqué refuser la nomination de Lucie Castets comme Première Ministre d’un gouvernement du Nouveau front populaire invoquant une menace pour « la stabilité institutionnelle » de notre pays.

Cette décision est un coup de force anti-démocratique inacceptable lourd de dangers pour la République.

La réalité est que le Président de la République n’accepte pas le verdict des urnes et tout changement de politique.

Le parti présidentiel, la droite républicaine et le Rassemblement national ont passé un pacte pour satisfaire les marchés financiers et poursuivre la politique d’austérité menée depuis plus de sept ans par le pouvoir.

Le PCF est déterminé à poursuivre le combat pour les mesures attendues par le pays, à commencer par l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires et des pensions, l'amélioration des conditions de travail et de nouveaux droits pour les salariés, la reindustrialisation du pays, le développement de l’emploi et des services publics financés par une toute autre utilisation de l'argent pour répondre aux besoins.

Notre parti ne participera pas au simulacre de consultations que poursuit le Président de la République dans le but de justifier son coup de force et légitimer une décision déjà prise.

Le PCF appelle à la mobilisation populaire, des forces du Nouveau front populaire et de toutes les forces vives du pays qui partagent l’urgence sociale et démocratique pour rendre incontournable les exigences de changement que les Français et les Françaises ont exprimé lors des élections. Et il appelle nos concitoyens à investir massivement la Fête de l’Humanité pour en faire le grand rendez-vous de la construction de l’alternative politique en cette rentrée.

Paris, le 27 août 2024.

Parti communiste français

 

La CGT vise une rentrée sociale combative avec une « mobilisation » « fin septembre, début octobre », selon Sophie Binet

Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat, prévoit une « mobilisation » « fin septembre début octobre », dans un entretien à la Vie Ouvrière.

« La CGT construira une mobilisation à la rentrée avec toutes celles et ceux qui le souhaitent fin septembre début octobre. Je ne suis pas sûre que tous les syndicats y soient, mais ce n’est pas un drame », a affirmé la leader de la confédération syndicale dans un entretien accordé à La Vie Ouvrière, le magazine des militants de la centrale, publié ce dimanche 25 août.

« Nous n’avons aucun interlocuteur, ce sont les pleins pouvoirs patronaux »

Les sujets de colère ne manquent pas pour mobiliser, de la préparation d’un budget de l’État 2025 préparé « sur une base » austéritaire « violente », estime Sophie Binet, aux sujets sur lesquels le syndicat travaille : « L’abrogation de la réforme des retraites, les salaires, les services publics, la réindustrialisation, l’égalité entre les sexes, etc. » La secrétaire générale de la CGT fustige à nouveau Emmanuel Macron et son comportement depuis le deuxième tour des législatives, qu’elle accuse d’avoir enfreint « la logique institutionnelle » en ne nommant pas Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front Populaire (NFP) pour Matignon. « Le président a décrété la trêve olympique par une forme de volonté royale, mais il n’y a pas eu de trêve dans la casse sociale avec, cet été, des attaques fortes sur l’emploi notamment dans l’industrie », ajoute-t-elle.

« Sur nos luttes, nous n’avons aucun interlocuteur, ce sont les pleins pouvoirs patronaux ! », précise-t-elle, alors que le Medef inaugure ses Rencontres des entrepreneurs de France ce lundi après-midi. En interne, Sophie Binet s’est félicitée de quelque 70 000 nouveaux syndiqués qui ont rejoint le syndicat dans la foulée de la réforme des retraites, ainsi que des 3 000 à 4 000 personnes nouvellement encartées « dans la dynamique d’entre-deux-tours » des élections législatives, pour lesquelles le syndicat avait exceptionnellement appelé à voter pour le NFP.

 

mardi 27 août 2024

Après une première série de frappes de drones sur Israël, la tension monte d’un cran entre le Hezbollah et Tel Aviv

Le mouvement islamiste libanais avait promis de répliquer à la suite de l’assassinat par Tel-Aviv de son chef militaire. Une « première phase » qui pourrait être suivie d’autres si les pourparlers pour un cessez-le-feu à Gaza n’aboutissent pas.

Le Hezbollah a annoncé, le 25 août au matin, avoir réussi la première phase (ce qui semble en appeler d’autres) d’une attaque de représailles contre Israël. Dans la région, personne n’a vraiment été surpris. La « réponse » du mouvement libanais était prévue, quelques semaines après les assassinats ciblés de hauts commandants du Hezbollah et du Hamas palestinien.

Selon la chaîne libanaise d’information Al Mayadeen, une flotte de drones a été envoyée alors que plus de 320 roquettes Katioucha ont été tirées afin de les protéger et de forcer le système de défense israélien Dôme de fer à choisir la cible à abattre. Onze bases militaires en Israël et sur le plateau du Golan occupé ont été visées.

Moins d’une heure auparavant, l’armée israélienne avait procédé à des frappes aériennes préventives, utilisant 100 jets pour frapper plus de 40 sites de lancement du Hezbollah dans le sud du Liban.

320 roquettes et une flotte de drones

Selon Tel-Aviv, des centaines de rampes de lancement, visant principalement le nord d’Israël mais aussi certaines zones centrales, ont été détruites, ce qu’a démenti l’organisation libanaise. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est revenu sur les détails de l’opération et sur sa signification politique lors d’une intervention télévisée, l’après-midi même. « Nous avons attendu afin de permettre la tenue de négociations parce que notre objectif à travers ce front et tous ces sacrifices est d’arrêter la guerre sur Gaza », a-t-il expliqué. Il a également confirmé que l’attaque visait notamment l’Unité 8200, qui dépend des services de renseignement de l’armée (Aman) et est responsable du renseignement d’origine électromagnétique et du décryptage de codes. Cette base de Glilot se trouve à moins de 2km de Tel Aviv et, selon les médias israéliens, abriterait également le siège du Mossad. Un porte-parole militaire a affirmé à l’AFP que le site n’avait pas été touché.

Les échanges de tirs sont quotidiens de part et d’autre de la frontière entre le Liban et Israël, les craintes d’une explosion régionale se sont renforcées ces dernières semaines même si l’Iran, qui a également promis de répliquer après l’assassinat à Téhéran du numéro 1 du Hamas, Ismaïl Haniyeh, fait profil bas.

« Nous félicitons le Hezbollah et son secrétaire général pour la grande et courageuse attaque menée par la résistance ce matin contre l’ennemi israélien », ont indiqué les Houthis du Yémen dans un communiqué, ajoutant qu’une réponse aux frappes israéliennes du 20 juillet sur le port de Hodeida, qu’ils contrôlent, « est certainement à venir ».

Le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a estimé que l’opération menée, avait été achevée «comme prévu».
Cependant, le mouvement évaluera l’impact de ses frappes et «si le résultat n’est pas suffisant, nous gardons le droit de répondre à un autre moment», a-t-il prévenu.
De son côté, le ministre israélien des affaires étrangères a déclaré que le pays ne cherchait pas une guerre à grande échelle, mais le premier ministre Benjamin Netanyahu a averti : «Ce n’est pas la fin de l’histoire.»

Autant de paramètres qui pourraient remettre en question les pourparlers en cours au Caire, pour un cessez-le-feu sous l’égide de trois pays négociateurs : les États-Unis, l’Égypte et le Qatar. Le Hezbollah a fait savoir depuis des mois que les attaques contre l’armée israélienne prendraient fin en cas de cessez-le-feu.

Pendant que les négociations patinent, les combats se poursuivent à Gaza

Le Hamas a accepté les propositions formulées fin mai par Joe Biden et soutenu par le Conseil de sécurité de l’Onu, de mise en place de trois phases aboutissant à l’arrêt des opérations de guerre, la libération des prisonniers israéliens d’un côté, palestiniens de l’autre, et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza.

Mais, depuis, Netanyahou a rajouté des conditions. Il entend maintenir ses troupes dans le Sud, à la frontière avec l’Égypte (le corridor de Philadelphie) et demeurer au passage de Netzarim, qui coupe le territoire palestinien en deux, et ainsi contrôler les passages sud-nord et nord-sud.

Le chef du gouvernement israélien affiche toujours son objectif : éradiquer totalement le Hamas, ce qu’il n’est pas parvenu à réaliser alors que la guerre qu’il mène est entrée dans son onzième mois. Samedi, les combats faisaient rage à Gaza alors que l’artillerie et l’aviation israéliennes frappaient sans relâche. À Khan Younès, une maison a été touchée en pleine nuit, tuant 11 personnes, dont une femme et quatre enfants, selon un médecin de l’hôpital Nasser.

 

La Clusaz : quand la station de ski pompait illégalement de l'eau pour fabriquer de la neige artificielle


 Durant plus de vingt ans, la station de ski de La Clusaz a prélevé illégalement de l'eau pour fabriquer de la neige artificielle. La mairie affirme que tous les systèmes illégaux ont été mis hors service.

Tout pour la glisse ! C’est guidée par ce mantra que la station de ski de La Clusaz (Haute-Savoie) a construit en toute illégalité un système de pompage permettant de diriger l’eau de la source de Lachat vers une unité de production de neige artificielle. C’est ce qu’a mis au jour une enquête judiciaire de l’Office français de la biodiversité (OFB) révélée par Blast.

Le captage, construit en 2000 sans aucune autorisation, a été découvert à l’été 2022 par des agents de l’OFB étonnés de voir les fleurs municipales arrosées malgré les arrêtés de sécheresse. L’estimation des quantités prélevées n’est connue qu’à partir de 2014, lorsqu’un compteur fut posé, et représente l’équivalent de 55 piscines olympiques. Tous les systèmes illégaux ont été mis hors service, assure la mairie de la station alpine.

Les auteurs de l’infraction risquent une amende pénale de catégorie 5 de 1 500 euros cumulée avec une autre pouvant atteindre 75 000 euros pour « exploitation sans autorisation d’une installation ou d’un ouvrage nuisible à l’eau ou au milieu aquatique ». Une goutte d’eau pour la Société d’aménagement touristique d’exploitation de La Clusaz, qui affiche près de 3,5 millions d’euros de bénéfices en 2022 !

lundi 26 août 2024

À Montpellier, les communistes se penchent sur leurs échecs, et sur la suite

L’université d’été du PCF, qui s’est ouverte vendredi, doit s’achever dimanche. Durant trois jours, les militants tirent les enseignements d’une séquence historique, et lancent un processus de réflexion sur le fonctionnement de leur parti.

À Montpellier, pour les communistes, l’heure est à la fois au bilan et aux projections dans une période qualifiée à de nombreuses reprises durant le week-end, « d’historique ». La visite de Lucie Castets vendredi soir, où elle a pris la parole aux côtés de Fabien Roussel, illustrait les paradoxes du moment. Un parti qui malgré les échecs électoraux reste au cœur du processus d’union au sein du Nouveau Front Populaire. Les échecs marquent tout de même les militants. « On a pris deux coups successifs » reconnaît Evan, militant dans la Sarthe. « J’attendais l’université avec impatience pour pouvoir envisager la suite » dit-il.

« réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus »

Et en termes d’analyse de la séquence électorale des européennes et des législatives anticipées, c’est à Léon Deffontaines, l’ex-tête de liste, qu’il est revenu d’exposer aux communistes réunis dans l’auditorium du Corum les « dynamiques électorales » qui ont conduit à l’échec d’une campagne pourtant dynamique. « Un RN passé de 23 à 32 % » entre les élections européennes de 2019 et celles de 2024. Une augmentation de seulement trois points des quatre listes de gauche sur la même période, une progression qui s’explique selon le dirigeant communiste par « un vote à gauche d’électeurs macronistes, et une augmentation de la participation dans des territoires acquis à la gauche ». Aux législatives, la victoire au second tour du Nouveau front populaire est « un court répit » prévient Léon Deffontaines. Puis il se penche sur le cas du PCF : « nous ne sommes pas parvenus à aller chercher de nouveaux électeurs dans les classes populaires ». Ce qui l’amène à appeler de ses vœux un « grand débat » pour « réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus ». S’il n’évacue pas la question de la « ligne politique », il met surtout l’accent sur l’organisation du PCF lui-même, des liens entre ses instances nationales et ses fédérations. « Peut-être, à nous aussi d’être force de proposition dans ces territoires » où le RN l’emporte, « de réorganiser des événements de masse, des fêtes populaires », propose entre autres Léon Deffontaines.

« Le président sera responsable de provoquer l’instabilité dans le pays » s’il ne nomme pas Lucie Castets

Si le PCF prépare la suite, c’est aussi à l’échelle de toute la gauche, alors qu’un gouvernement pourrait enfin être nommé dans les jours qui viennent. Les quatre partis composant le NFP se retrouvent à Montpellier pour échanger sur les « défis » qui l’attendent quelle que soit la configuration : en cas de gouvernement dirigé par Lucie Castets, ou dans l’opposition si Emmanuel Macron choisit de piétiner le résultat des élections. Peu avant cet échange, Jean-Luc Mélenchon vient de bouleverser la donne : il ouvre la possibilité d’un soutien sans participation de son mouvement à un gouvernement du NFP, renvoyant la droite à son chantage à la motion de censure. La députée insoumise Nathalie Oziol le rappelle. Plus tard lors de son allocution, c’est le secrétaire national du PCF qui revient sur cette nouvelle donne : « Macron pourrait laisser Lucie Castets former un gouvernement ». Et si ce n’est pas le cas, « nous prendrons nos responsabilités » prévient Fabien Roussel. « Le président sera responsable de provoquer l’instabilité dans le pays. Nous, nous la prendrons dans la rue. Et les salariés, peut-être, sur leur lieu de travail ».

« Cette période est pleine de contradictions » ajoute par ailleurs le secrétaire national du PCF. « Elle nécessite une analyse profonde, à l’échelle nationale comme locale » estime-t-il, au sujet de son parti. Devant les 1000 communistes venus participer à l’université d’été, il annonce une conférence nationale dans cet objectif, d’ici « la fin de l’année ».

 

Je soutiens l’Humanité. Je fais un don Matignon : Mélenchon met la droite au pied du mur

Jean-Luc Mélenchon interpelle la droite en évoquant l’hypothèse d’un gouvernement NFP sans ministres insoumis et tente d’ôter ainsi le principal argument utilisé pour appeler à sa censure.

En cette période olympique, Jean-Luc Mélenchon s’essaye au judo. Alors que le président de la République multiplie depuis des semaines les contorsions pour éviter de nommer Lucie Castets, la candidate du nouveau front populaire à Matignon, il pensait avoir trouvé l’argument massue : Dans une mise en scène cousue de fil blanc lors de ses consultations, le président a affirmé devant la délégation du NFP emmenée par Lucie Castets que “tous les partis du NFP sont légitimes à gouverner, y compris les « insoumis ». Mais les représentants des forces politiques du centre et de la droite reçues à déjeuner dans la foulée ont tous affirmé vouloir censurer tout gouvernement qui comprendrait des ministres de la France insoumise. Emmanuel Macron comptait bien se cacher derrière cet état de fait pour lever l’hypothèque NFP.

Mélenchon renvoie la balle à droite

Mais Jean-Luc Mélenchon les prend au mot en leur retournant la charge de la preuve : « C’est à mon tour de poser une question aux chefs des trois partis macronistes et de la droite : le gouvernement de Mme Lucie Castets, s’il ne comportait aucun ministre insoumis, est-ce que vous vous engageriez à ne pas voter la censure et à lui permettre d’appliquer le programme [du NFP] ? » a lancé le fondateur de la fi sur TF1 samedi midi en direct des universités d’été insoumises. . Il tente ainsi d’ôter le cache-sexe d’une prétendue incompatibilité entre la France insoumise et la République qui sert de justification au président pour éviter à tout prix que le nouveau populaire applique son programme et ainsi poursuive sa politique pourtant largement rejetée par les Français. Une prise qui pourrait finir en Ipon. « Nous cibler n’est qu’un prétexte. C’est le programme qui leur pose problème car il est à rebours de tout ce que fait Macron depuis sept ans » abonde Eric Coquerel, président insoumis de la commission des finances de l’assemblée nationale.

Les autres organisations du NFP n’ont pas tardé à saluer l’initiative du leader insoumis. « Le Président de la République et ses soutiens sont donc placés face à leurs responsabilités. Ils doivent s’engager publiquement à laisser Lucie Castets et le nouveau Front Populaire gouverner sans agiter la menace de la censure. » a réagi Fabien Roussel le secrétaire national du PCF. Aux journées d’été des Ecolos, Marine Tondelier prise dans sa course effrénée de rencontres avec militants, syndicats et associations a pris tardivement connaissance de la déclaration de Jean-Luc Mélenchon. Elle assure cependant que l’option était un scénario envisagé très tôt lors des discussions avec les autres forces du NFP. « la déclaration de Jean-Luc Mélenchon met le camp Macron devant ses responsabilités. Les écologistes attendent avec impatience la réponse des chefs de parti horizon ensemble » a-t-elle réagi en direct.

Pour Arthur Delaporte député PS, « Il va falloir que les macronistes répondent : est-ce qu’ils refusent tout simplement un gouvernement du NFP, dont Macron a reconnu la victoire ? Si le camp présidentiel ne change pas de discours, un gouvernement Castets est donc une probabilité, constate-t-il, ou alors, le discours anti-FI est un discours anti-NFP larvé »

Le vernis craque à droite

Au-delà des déclarations, lors des AMfis, les députés insoumis ont débattu d’un éventuel soutien sans participation, formule éprouvée par le PCF en 1936 avec le front populaire. Elle aurait l’avantage pour LFI de garder un pied dehors en cas d’échec de la coalition dans un contexte extrêmement difficile. Avant la prise de parole publique du fondateur de la FI qui affirme que son mouvement « ne fera jamais partie du problème mais toujours de la solution » cette possibilité avait été évoquée avec Lucie Castets. Cette dernière a « salué la position constructive de Jean-Luc Mélenchon » devant les insoumis samedi après-midi tout en ajoutant avoir « toujours dit que les quatre forces du NFP avaient vocation à gouverner. Le NFP, c’est la seule coalition qui s’est présentée en tant que telle devant les électeurs »

Face à cette nouvelle donne, le vernis n’a pas tardé à craquer à droite. « Pour nous c’est non aux ministres LFI et non à un programme inspiré par #LFI. Nous sommes opposés à leur participation à un gouvernement, comme à leurs idées. Leur projet, c’est un Bad Godesberg inversé de la gauche française. Un retour aux vieilles lunes de la gauche radicale qui déclasserait la France et appauvrirait les Français. » a réagi Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Reste que les arguments pour ne pas nommer à Matignon la candidate arrivée en tête aux élections législatives s’amenuisent. Le président de la République se rendra-t-il à l’évidence ?

 

dimanche 25 août 2024

Tesla : dans l’enfer politique et social de la gigafactory à Berlin


 Les dirigeants de la gigafactory de Tesla à Berlin, inaugurée il y a seulement deux ans, ont déclaré la guerre au syndicat IG Metall. Installés au cœur d’une zone naturelle protégée, ils n’hésitent pas non plus à s’asseoir sur les normes environnementales. Leurs méthodes induisent un ordre européen nouveau, sur le modèle du projet capitaliste autoritaire d’Elon Musk, en complète concordance idéologique avec l’AfD, une extrême droite allemande en pleine ascension.

La petite gare de Fangschleuse, cernée par la forêt, renvoie de prime abord à la quiétude d’une promenade bercée par le chant des oiseaux. Nous sommes à une trentaine de kilomètres du centre de Berlin, dans la première station de chemin de fer après le terminus Erkner du S-Bahn (le RER local).

Mais tout change en ce début d’après-midi, quand le quai se remplit à ras bord. C’est l’heure de la relève à la gigafactory, l’immense usine du constructeur d’automobiles électriques Tesla, derrière les arbres, sur le territoire de la commune de Grünheide. Quelque 12 000 travailleurs y sont employés sur un site tout neuf de plus de 300 hectares. L’équipe du matin quitte l’enceinte de l’usine pour se précipiter sur les parkings et vers… la gare de Fangschleuse, toute proche.

Des ouvriers peu enclins à s’exprimer sur leurs conditions de travail

Personne ne s’attarde. Debout avant l’aube, chacun n’aspire à l’évidence qu’à rentrer chez soi. Mais autre chose flotte dans l’air, une lourdeur immédiatement perceptible au sein des groupes qui se sont formés, une prudence exclusive à l’égard de tout étranger au lieu.

Tenter d’adresser la parole aux ouvriers du modèle Y, la voiture high-tech en pole position sur le marché européen en 2023, conduit à se faire rembarrer sans ménagement.

Alors que nous commençons à désespérer de pouvoir recueillir la moindre parole, l’un d’eux se décide pourtant. Et d’un seul coup la situation se renverse : flot de paroles, besoin irrépressible de témoigner. Le train attendu est passé depuis belle lurette et nous nous sommes attablés pour échanger au comptoir du restaurant grec tout proche.

« Je travaille là depuis le lancement de la production en 2022 et je suis déjà épuisé moralement et physiquement. » Reiner Barfuss* sort de ce qui fut sans doute jadis le bureau d’un chef de gare, aujourd’hui local syndical improvisé d’IG Metall, banni à l’intérieur de l’entreprise.

« Beaucoup de gens sont, comme moi, au bout du rouleau »

Employé comme technicien au bout de la chaîne d’assemblage, Barfuss a travaillé dans plusieurs grandes usines métallurgiques. « Au début, j’aurais tout lâché pour venir à la gigafactory de Grünheide », explique-t-il en remuant son café, un drôle de sourire aux lèvres.

Convaincu de pouvoir exercer un job de pointe, habité par le sentiment de servir l’environnement, il s’est vite laissé infléchir par le discours des recruteurs de la firme d’Elon Musk. Mais la réalité est vite venue percuter les promesses initiales.

« Beaucoup de gens sont, comme moi, au bout du rouleau. Nous subissons une pression de tous les instants pour accroître les cadences. »

Résultat, les travailleurs s’épuisent, tombent malades, sont obligés de s’arrêter. Moins nombreux, ceux qui sont présents sont poussés à maintenir contre vents et marées le même rythme de production. La fatigue et le stress cumulés font exploser les accidents du travail.

Chez Tesla, les 35 heures n’existent pas

Un incident grave, qui met en lumière l’absence de mesure contre des émanations de vapeur d’aluminium connues pour être fortement toxiques, va conduire Reiner Barfuss à considérer que la coupe est pleine.

Genug ist genug ! (Assez, c’est assez !) Il décide alors de rencontrer IG Metall. La démarche réclame beaucoup de courage tant les dirigeants de la gigafactory ont fait de l’exclusion du syndicat l’une de leurs priorités, de la même manière que dans leurs usines états-uniennes.

En l’absence d’organisation syndicale, les salariés de Tesla ne sont pas couverts par un accord tarifaire (convention collective). Ce qui autorise la direction à leur verser un revenu « au moins 25 % inférieur (primes et allocations sociales comprises) à celui d’un salarié de Volkswagen, où il existe un bon accord tarifaire », pointe un dirigeant régional d’IG Metall.

Et à ne pas reconnaître en sus la semaine de 35 heures, obtenue de haute lutte par les salariés de la métallurgie au milieu des années 1990.

Tout est fait pour écarter IG Metall de l’usine

Chez Tesla, on travaille 40 heures et plus. Car le droit du travail allemand, fondé sur des accords tarifaires, négociés strictement entre « partenaires sociaux », en vertu des normes ordo libérales qui régissent le pays, met les salariés qui n’ont pas de syndicat suffisamment fort dans leur entreprise, à la merci de leurs employeurs.

Tout est fait pour empêcher IG Metall de s’implanter. « On est surveillé, contrôlé en permanence », lâche Reiner Barfuss. Toute communication critique sur le fonctionnement de l’entreprise, e-mail ou intervention sur les réseaux sociaux, est passible de la plus haute sanction sous prétexte que chacun a signé un contrat dans lequel il s’engage à ne pas révéler d’informations sensibles sur le mode de fonctionnement de Tesla.

« Les salariés peuvent être virés aussi facilement qu’ils ont été embauchés », dénonce IG Metall dans le petit bureau du quai de la gare. « On est en plein dans le ” hire and fire ” (recruter et virer), la méthode du capitalisme financier anglo-saxon le plus impitoyable. »

Des salariés polonais précaires attirés par un salaire en euros

Nombre de salariés ont été « invités » à signer un contrat dit de résiliation. Particularité, cette forme de contrat à durée indéterminée peut être dénoncée à tout moment par l’une des deux parties. Traduisez : à la moindre anicroche, Tesla peut se séparer quasiment sans frais d’un « gêneur ».

Outre quelques techniciens comme Reiner Barfuss, issu de l’industrie métallurgique allemande, les recruteurs de Tesla privilégient les plateformes numériques sur lesquelles s’inscrivent des salariés, souvent des migrants, réputés plus malléables.

« Quatre heures de trajet aller-retour, voire plus, tous les jours, c’est épuisant. Mais un salaire en euros, c’est l’assurance de tellement mieux vivre chez nous »

Piotr Sobieski*

Au regard des plaques d’immatriculation observées sur les parkings, on constate que beaucoup viennent de Pologne, située à seulement 70 kilomètres de la gigafactory.

« Quatre heures de trajet aller-retour, voire plus, tous les jours, c’est épuisant. Mais un salaire en euros, c’est l’assurance de tellement mieux vivre chez nous », signale Piotr Sobieski*.

Il nous montre une voiture sur le parking. Un collègue dort là tous les soirs « pour s’éviter ces allers-retours exténuants et la location d’une piaule hors de prix ».

Le 17 octobre 2023, la colère éclate

Difficile de contenir en permanence l’immense mal-être des travailleurs. Le 17 octobre 2023, il a débordé.

Ce jour-là, plus d’un millier de salariés ont trouvé le courage de dire leur détermination à être respectés. IG Metall réussit à organiser une « action éclair ». Tous les participants brandissent, comme un défi aux contremaîtres et à la direction, l’autocollant interdit du syndicat au revers de leurs bleus de travail.

Dans toutes les langues parlées dans les ateliers. En allemand, polonais, arabe, anglais, turc ou kurde, ils revendiquent « de bonnes conditions de travail », dénoncent les cadences imposées, l’insécurité, les pollutions aux poussières d’aluminium ou la multiplication des accidents de travail.

« IG Metall est à l’intérieur », clamait le syndicat ce 17 octobre. Quelque temps plus tard, en mars dernier, à l’élection du conseil d’entreprise, le syndicat allait réussir à s’imposer comme première organisation de l’usine, sans toutefois parvenir à détrôner les représentants des organisations « maison » coalisées, encore majoritaires (avec près de 60 % des voix).

Derrière l’exemple de la gigafactory, ce sont deux modèles sociaux qui s’affrontent

Le bras de fer continue. L’enjeu : soit le triomphe du modèle Musk, « une sorte de capitalisme pure mêlant l’autoritarisme du XIXe siècle au high-tech du XXIe » explique, sourire aux lèvres, l’un des conseillers d’entreprise IG Metall élu en mars ; soit l’application des règles conquises de haute lutte par les métallurgistes, comme le droit de pratiquer la cogestion et de conclure des accords tarifaires.

La bataille engagée aura des conséquences bien au-delà du périmètre de la gigafactory. IG Metall le sait. Le syndicat est attaqué depuis des années par les réformes néolibérales qui ont permis de contourner peu à peu les conquis sociaux.

L’offensive démarrée sous le chancelier SPD Gerhard Schröder, au début des années 2000, a été amplifiée par les gouvernements de grande coalition (CDU/SPD) d’Angela Merkel sans que celui d’Olaf Scholz (SPD/Verts et libéraux) n’infirme en quoi que ce soit la tendance.

Résultat : un peu moins d’un salarié allemand sur deux est aujourd’hui couvert par un accord tarifaire.

Elon Musk et l’extrême droite, une affaire qui roule

Lâcher la bride à Musk et à son offensive antisociale, c’est donc courir le risque d’une extension toujours plus large de cette précarisation des salariés. Avec le risque de voir de plus en plus relégués dans les livres d’histoire les conquêtes sociales réalisées au sein du capitalisme rhénan, et d’assister à un glissement de plus en plus accentué du pays vers l’extrême droite.

D’autant que les logiques économiques d’Elon Musk et de l’organisation Alternative pour l’Allemagne (AfD) coïncident parfaitement. Ce qui permet de mieux comprendre les multiples démonstrations de soutien réciproque, en dépit de toutes les controverses, entre les dirigeants du parti d’extrême droite et le patron de Tesla.

La coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, ancienne représentante de Goldman Sachs en Allemagne, et les plus hauts dirigeants du parti sont tous affiliés à la Fondation Friedrich von Hayek, du nom du théoricien du libéralisme le plus débridé, le plus à même, à leurs yeux, de stimuler la compétitivité des entrepreneurs nationaux.

Et Musk n’a pas hésité à monter au créneau sur son réseau social X pour défendre jusqu’au plus décomplexé des dirigeants nationalistes, Björn Höcke, chef de l’AfD en Thuringe, traduit en justice pour utilisation d’un mot d’ordre nazi.

Une industrie qui bafoue le droit environnemental

La méthode politique de Berlin et des autorités du Brandebourg qui a consisté à satisfaire sans broncher à toutes les conditions d’Elon Musk est aussi très lourde de conséquences sur le plan environnemental.

Steffen Schorcht, président de l’initiative citoyenne de Grünheide, présent lors d’une bonne part de notre périple autour de la gigafactory, ne cache pas sa colère : « Ils n’ont pas hésité non plus à renoncer au respect de normes environnementales élémentaires. »

L’immense espace sur lequel a été construite l’usine est une zone protégée pour l’eau potable (Wasserschutzgebiet). Mais le gouvernement de très grande coalition du Land (SPD/CDU/Verts) et celui du chancelier Scholz à Berlin ont choisi de fermer les yeux.

En cet endroit où la nappe phréatique est peu profonde, l’usine est construite sur des milliers de piliers qui sont autant de vecteurs potentiels de contamination de l’eau.

Malgré les nombreux incidents, Elon Musk peut dormir tranquille

Plusieurs incidents graves ont pu être relevés, comme des fuites importantes de fuel. Sans que jamais une sanction ni même un avertissement ne soient adressés à Tesla. « C’est comme un droit du prince, une féodalité attardée au XXIe siècle », estime Michael Gansow, de la Grüne Liga, une ONG écologiste régionale.

Sur la même zone aquatique protégée, une expansion est prévue pour accoler à l’usine une grande gare d’où doit être expédiée toute sa production. Cette construction suppose la déforestation de plusieurs dizaines d’hectares supplémentaires.

Consultés par référendum au début de cette année, près des deux tiers des habitants de Grünheide s’y sont opposés. Mais, quelques semaines plus tard, arguant que la consultation n’était pas contraignante, la ville et le Land donnaient quand même leur feu vert à Tesla.

En réponse, des militants occupent la forêt

Scandalisées, des milliers de personnes ont décidé d’occuper la forêt menacée, faisant de l’endroit une sorte de zone à défendre (ZAD) contre l’arbitraire de Musk et de ses complices à Berlin et à Potsdam, capitale du Land de Brandebourg.

Près de la gare de Fangschleuse, les militants écolos ont construit un vaste campement à l’entrée duquel on peut lire : « Protéger l’environnement et pas les intérêts des milliardaires ». Des cabanes installées dans les arbres constituent un moyen de rendre plus difficile une expulsion par les forces de police.

Les occupants de la forêt ont trouvé un soutien initialement inespéré dans la justice. Celle-ci a refusé d’autoriser la procédure d’évacuation de leur campement, en se fondant en grande partie sur la pertinence de leurs arguments environnementaux et sur le verdict « squeezé » de la consultation populaire du début de l’année.

Une première petite victoire contre le cauchemar social et politique que constitue l’instauration très concrète des méthodes et de la société que désirent impulser Elon Musk et l’extrême droite.

*Les noms et les prénoms ont été changés.