samedi 10 août 2024

Léa Balage El Mariky : de l’ombre du parti à la lumière de l’Assemblée

Élue face au ministre Stanislas Guerini aux élections législatives, elle est l’étoile montante des Verts. Plus habituée à l’ombre qu’à la lumière, la députée de Paris est devenue ces dernières années une figure incontournable du parti.

Cette fois-ci, la campagne éclair a été gagnante pour Léa Balage El Mariky. La nouvelle élue de la 3e circonscription de Paris a battu le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, qui l’avait emporté deux ans auparavant. La conclusion d’une ascension discrète au sein de son parti.

Native d’Évry, c’est à Bègles (Gironde), où sa mère, qui « enchaîne petits boulots et chômage », et son père, commercial dans l’automobile, s’installent quand elle n’a que 6 ans. Dans la ville de Noël Mamère, Léa Balage fait ses premiers pas en politique. Précoce, elle se fait élire au conseil municipal des jeunes à 11 ans.

Parce que « l’écologie a toujours été une évidence, aussi vraie que la Terre est ronde et que l’eau mouille », celle qui tient pour bible les écrits du sociologue Jacques Ellul sur les mirages du progrès s’encarte naturellement chez les Verts, à 22 ans. Et devient, en parallèle d’études à Sciences-Po, collaboratrice parlementaire de Noël Mamère, en plein examen de la loi sur le mariage pour tous. C’est le combat de toujours du député, qui a célébré le premier mariage homosexuel de France en 2004. Il évoquera dans l’Hémicycle les « 4 000 lettres d’insultes (…) reçues et (…) celle de ce médecin qui en a écrit dix et qui, à la onzième, a dessiné un four crématoire ». Léa Balage se souvient, elle, « d’en avoir chialé dans le bureau ».

Cheffe d’orchestre des Journées d’été

En 2015, elle tente le concours de l’ENA, qu’elle rate de peu, et rejoint le cabinet d’une élue écologiste de la mairie de Paris. Au même moment, en réaction au projet de déchéance de nationalité de Manuel Valls, elle décide de porter aussi le nom de sa mère, d’origine marocaine. Le bureau exécutif d’EELV lui ouvre ses portes en 2019. À force d’organiser des campagnes (celle des régionales 2020 en Île-de-France, celle de Yannick Jadot en 2022), Léa Balage gagne en épaisseur et se verrait bien députée.

Mais, en 2022, elle perd. Pas de quoi ralentir son ascension en interne : elle assure la direction en intérim du parti, à la suite du retrait de Julien Bayou en septembre 2022, accusé de violences psychologiques par son ex-compagne. En 2023, aux Journées d’été d’EELV qu’elle organise depuis plusieurs années, c’est elle qui avait eu l’idée (qui vaudra aux écologistes une polémique) d’inviter le rappeur Médine à se produire, après l’avoir vu tenir une contre-manifestation lors de la venue de Marine Le Pen au Havre.

Entre politique et société civile

Côté vie civile, elle fait détour par l’ONG Singa, où elle travaille à l’inclusion des réfugiés par l’entrepreneuriat. La prise de Kaboul par les talibans a été un déclic. Aux côtés de Benoît Hamon, il faut alors se battre pour obtenir des visas réfugiés : « Je n’ai quasiment pas dormi parce qu’on appelait les services de la préfecture toutes les nuits. »

Le 9 juin au soir, après la dissolution, elle écourte à la hâte son congé parentalité pour faire campagne. Pari réussi : elle réunit 53 % des voix. Léa Balage El Mariky compte désormais engager son mandat dans la défense des libertés associatives, car « en France, on embête les associations avec des contraintes administratives et réglementaires ». La dernière en date, le contrat d’engagement républicain prévu par la loi séparatisme, auquel sont conditionnées les subventions.

 

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