On est loin des fantasmes à base de racisme social sur ces familles qui, avec l’allocation de rentrée scolaire (ARS), s’achèteraient des télévisions à écran plat, des téléphones portables dernier cri ou, nouvelle invention cette année, des manteaux à 600 euros. La rentrée demeure un moment compliqué pour de très nombreux Français. La Confédération syndicale des familles (CSF) le pointe dans son enquête annuelle, publiée mi-août : si le coût de la rentrée 2024 affiche une baisse moyenne de 6,8 %, celle-ci « ne compense pas les hausses des années précédentes ». D’autant, ajoute l’association, que « la revalorisation à hauteur de 4,6 % de l’ARS est insuffisante pour combler l’inflation de 4,9 % sur l’année ».
Une allocation qui « ne couvre absolument pas les dépenses tout au long de l’année »
Dans le détail, avec 324 euros, le budget moyen pour une rentrée en collège affiche, avec – 12,7 %, la plus forte baisse par rapport à 2023. Au lycée, la baisse est presque moitié moindre (- 6,8 %) et la dépense reste la plus élevée, avec 398 euros. Et en primaire, si la somme à assumer est plus faible que dans le secondaire (236 euros), elle continue à s’afficher à la hausse par rapport à l’an dernier : + 2,6 %. La CSF observe encore que si l’ARS (416 euros pour un élève de 6 à 10 ans, 439 euros de 11 à 14 ans et 455 euros de 15 à 18 ans) permet d’assumer les dépenses de la rentrée pour les 3 millions de familles qui la perçoivent (soit environ un tiers des enfants scolarisés), elle « ne couvre absolument pas les dépenses liées à la scolarité tout au long de l’année ». Celles-ci s’élèvent en effet, selon l’association, de 1 500 (primaire) à 2 300 euros (lycée) : restauration, assurance, sorties et voyages, activités périscolaires, équipement numérique… s’ajoutent ainsi aux dépenses consacrées à la rentrée elle-même.
La CSF souligne également que les dépenses scolaires sont marquées par de fortes inégalités. Celles-ci sont sociales et territoriales, alors que les prix de cantines sont très variables et que les collectivités territoriales n’offrent pas toutes la gratuité des transports pour les scolaires. Mais elles sont aussi directement liées à la scolarité : les coûts d’équipement (matériel technique, habillement…) de nombreux bacs professionnels sont beaucoup plus élevés que ceux des bacs généraux, alors que leurs élèves sont majoritairement issus des familles populaires. La gratuité de l’école publique reste donc très théorique, et la CSF ne manque pas de rappeler qu’elle exige, « depuis plus d’un demi-siècle », sa gratuité réelle pour tous, avec « une prise en charge totale des dépenses liées à la scolarité » par l’État.
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