Au moins 122 personnes sont mortes et 3 000 blessées dans des glissements de terrains survenus mardi 30 juillet dans l’État indien du Kerala, au sud du pays. Si 128 personnes ont été hospitalisées après avoir été secourues, selon les autorités locales, « des centaines de personnes sont potentiellement coincées », a indiqué l’armée dans un communiqué. L’agence des catastrophes du Kerala a déclaré que de nouvelles pluies et des vents violents étaient prévus jeudi 1er août et qu’il était probable que des structures sensibles soient endommagées dans d’autres parties de l’État.
« Notre pays a été témoin d’une augmentation alarmante des glissements de terrain ces dernières années » et « il est urgent de mettre en place un plan d’action global pour faire face à la fréquence croissante des catastrophes naturelles », a estimé Rahul Gandhi, chef de l’opposition indienne.
Le réchauffement climatique aggrave les catastrophes environnementales
Les épisodes de moussons qui s’abattent sur l’Asie du Sud de juin à septembre conduisent à des inondations et des glissements de terrain, à l’origine de nombreux décès, dont le nombre a augmenté ces dernières années en particulier en raison du changement climatique, affirment des experts. « On sait que le réchauffement multiplie par dix la probabilité pour certains événements climatiques de se produire », expliquait à l’Humanité le climatologue Pascal Yiou. Si les événements météorologiques extrêmes de ces derniers mois « s’expliquent par deux phénomènes climatiques, El Niño et la Niña », qui se caractérisent par un réchauffement de l’océan Pacifique, ces catastrophes, « interconnectées, sont la déclinaison d’un même phénomène », et « ne relèvent pas d’une coïncidence », selon le climatologue.
L’Inde connaît en plus depuis plusieurs semaines des températures extrêmes, voire insoutenables pour les plus modestes. Conséquences du réchauffement climatique, la chaleur et la sécheresse accablent un secteur agricole délaissé par le premier ministre, Narendra Modi, et qui fait pourtant vivre 600 millions d’Indiens.
Les barrages, la déforestation ou les projets de développement en Inde sont également des facteurs d’aggravation du bilan humain. Ces dernières années, les défrichages à but commercial ont été multipliés par vingt. Une grande partie des milliards de roupies engagés contre la pollution de l’air dans les villes ou pour la restauration des eaux du Gange n’a pas été utilisée, selon le Centre pour la science et l’environnement de l’Inde. Quant à la neutralité carbone espérée en 2070 par Modi, les moyens pour y parvenir sont décrits comme « très insuffisants » par le Giec : les énergies fossiles représentent encore 73 % du mix énergétique indien.
Une inaction que déplorent les experts climatiques, alertant sur les futures canicules et inondations que subira l’Inde. Amnesty International pointait déjà, dans son rapport annuel 2023, le « manque de politiques adéquates en matière de préparation aux catastrophes naturelles » du gouvernement, qui n’a « pas fourni une aide suffisante aux populations marginalisées touchées par les vagues de chaleur ».
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