En faisant assassiner l’un des principaux responsables du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, à Beyrouth la semaine dernière puis, quelques heures plus tard, le numéro 1 du Hamas, Ismaïl Haniyeh à Téhéran, Benyamin Netanyahou savait qu’il allumait une mèche régionale qu’il serait difficile, voire impossible, à éteindre.
« Nous considérons notre droit à défendre notre sécurité nationale, notre souveraineté et notre intégrité territoriale comme un droit incontestable », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Nasser Kanani, ce 5 août, ajoutant que l’Iran avait « le droit de punir » Israël.
Le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, pour qui Israël a franchi toutes les lignes rouges, s’est étonné : « Est-ce qu’ils pensent pouvoir tuer le leader Ismaïl Haniyeh à Téhéran et que l’Iran reste silencieux ? » Évidemment non, et c’est exactement ce que recherchait Benyamin Netanyahou. Reste maintenant à savoir quelle sera l’ampleur de cette riposte promise.
Les Occidentaux pris au piège de leurs contradictions
Dimanche, le secrétaire d’État états-unien, Antony Blinken, à l’occasion d’une conférence téléphonique, a averti les pays du G7 (l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, ainsi que l’Union européenne) d’une possible réponse de l’Iran et du Hezbollah, se disant néanmoins incapable d’en prédire le timing et la forme. Face au risque d’escalade, la Suède, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays. Paris a aussi demandé aux Français résidant en Iran de le « quitter temporairement ».
Il est évident que ces pays sont pris dans leurs propres contradictions et tentent de trouver une voie médiane pour tenter d’éviter le pire. « Nous exprimons notre profonde inquiétude face à l’augmentation des tensions au Moyen-Orient qui menace d’enflammer un conflit plus large dans la région », ont-ils déclaré dans un communiqué, exhortant « toutes les parties concernées à s’abstenir de perpétuer le cycle destructeur actuel de représailles, d’atténuer les tensions et de s’engager de manière constructive en vue de la désescalade. Aucun pays ou nation ne gagnerait à une nouvelle escalade au Moyen-Orient. »
Ils comprennent parfaitement qu’Israël pousse son avantage et compte sur la solidarité sans faille des pays occidentaux pour prendre parti en sa faveur en cas de déflagration. Dimanche, le président israélien Isaac Herzog a été on ne peut plus clair. « Nous vivons tous des moments très tendus et complexes. Nos ennemis, qui font partie d’un axe du mal, ont déclaré leur intention de nous attaquer bientôt avec une grande force. Je ne sous-estime pas la gravité de cette menace », a-t-il souligné lors d’une cérémonie en l’honneur de Zeev Jabotinsky (1880-1940, leader historique de l’aile droite du mouvement sioniste).
Il a aussitôt rassuré les Israéliens inquiets : « Nous entretenons de solides alliances et partenariats politiques et sécuritaires, déterminés à contrecarrer toute action hostile. Le plus important est notre alliance avec la puissance la plus forte du monde, les États-Unis, qui s’engage à assurer notre sécurité. Ensemble, nous avons déjà mené une vaste coalition de sécurité contre l’axe du mal iranien (…) Nous n’avons pas de plus grand allié, et il est crucial de se souvenir et de maintenir cette relation. »
Les États-Unis prêts à « doper le soutien à la défense d’Israël »
Lundi, le général états-unien Michael Kurilla, chef du Commandement central des États-Unis (CENTCOM), est arrivé en Israël pour finaliser les préparatifs avec l’armée israélienne. La veille, peu avant la tenue d’une réunion avec son ministre de la Défense, Yoav Gallant et les chefs des services de renseignement, Netanyahou insistait : « L’Iran et ses sbires cherchent à nous encercler dans un goulot de terrorisme. Nous sommes déterminés à nous opposer à eux sur tous les fronts et dans toutes les arènes, proches et lointaines. » C’est ce qu’on appelle un discours guerrier.
Côté iranien, on fait remarquer que « si les gouvernements de la région et la communauté internationale avaient rempli leur devoir légal en exerçant une pression sur le régime sioniste, nous n’aurions sans doute pas constaté un tel niveau élevé de désordre et une escalade du risque de conflit dans la région ».
Au lieu de cela, les États-Unis ont annoncé le renforcement de leur dispositif militaire au Moyen-Orient, notamment pour « doper le soutien à la défense d’Israël ». Ce qui ne peut que conforter Tel Aviv. Les bombardements sur des écoles à Gaza se sont encore soldés par des dizaines de morts civiles et le sud du Liban est la cible de raids aériens provoquant des ripostes du Hezbollah sur le nord d’Israël, d’où des milliers de personnes ont été évacuées ces derniers mois. Une base militaire a été visée.
Il est à craindre qu’Israël prenne maintenant prétexte du moindre incident sur son sol pour déclencher une opération de grande envergure aux conséquences incalculables, éloignant un peu plus la possibilité d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et celle des prisonniers palestiniens.
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