vendredi 23 août 2024

Université d'été : pour le PCF, une rentrée pleine de paradoxes

En recul électoral aux législatives, le Parti communiste conserve une influence forte sur la vie politique, laquelle se trouve agitée par le refus d’Emmanuel Macron de confirmer la victoire de la gauche. C’est dans ce contexte qu’il tient son université d’été à Montpellier du 23 au 25 août.

L’université d’été du PCF s’ouvre ce vendredi, à Montpellier (Hérault), dans un contexte politique historique pour la gauche mais difficile pour les communistes. Une rentrée qui n’est pas sans contradictions pour leur parti. Quatre députés communistes ont été battus lors des dernières élections législatives, dont le secrétaire national Fabien Roussel.

Ce recul électoral a également fait suite au scrutin européen du 9 juin, au cours duquel la liste conduite par Léon Deffontaines n’a pas franchi la barre des 5 %, score qui permet d’obtenir des élus à Strasbourg. Mais, dans la séquence des législatives anticipées et des suites de la victoire du Nouveau Front populaire, le PCF a joué un rôle moteur.

Alors que la gauche négocie le nom d’un (ou d’une) futur(e) premier(e) ministre, les communistes portent alors le nom d’Huguette Bello le 12 juillet, en accord avec les Écologistes et les insoumis. Le refus des socialistes ferme cette possibilité. Le 18 juillet, le président du groupe GDR, le communiste André Chassaigne, est le candidat à la présidence de l’Assemblée nationale au nom de la coalition mais échoue de peu à renverser Yaël Braun-Pivet, soutenue par les voix de la droite.

Et ce vendredi 23 août, à l’issue de la rencontre entre le président de la République et la gauche, c’est à Montpellier que la candidate à Matignon, Lucie Castets, se rend pour un échange avec Fabien Roussel devant les militants. Le PCF, tout en connaissant un affaiblissement électoral, conserve donc une véritable influence sur la vie politique française.

Comprendre la séquence électorale qui s’est achevée

L’université d’été de Montpellier se penchera donc sur l’analyse de la séquence politique. « Sans se gargariser, c’est évident, et sans se morfondre non plus, annonce la sénatrice Cécile Cukierman. Le propre des communistes, c’est justement de dépasser les contradictions. »

« Une université d’été, ça sert à prendre le temps de réfléchir et à penser les phénomènes politiques dans leurs contradictions », confirme le directeur de cet événement de rentrée, Guillaume Roubaud-Quashie. « Nous allons essayer de comprendre ce qu’il s’est passé. La dynamique de l’extrême droite d’abord, mais aussi le fait que, contrairement à ce que l’on répète partout, celle-ci n’est pas irrésistible. Le second tour a montré que, pour beaucoup de gens, l’extrême droite au pouvoir, ce n’est pas possible », ajoute le dirigeant communiste.

« On a besoin de se pencher davantage sur la mécanique électorale », relève également Cécile Cukierman, qui doit animer un atelier sur la séquence électorale. « Il faut s’appuyer plus et mieux sur nos personnalités, former plus de monde, partir dans les batailles électorales avec des personnes qui fédèrent. On a vu, avec la défaite de Fabien Roussel, qu’on peut se noyer comme tout un chacun face à la vague RN. C’est le rôle des universités de mélanger ces différentes approches. »

Le campus d’été des élus, organisé parallèlement sur place, proposera d’ailleurs une formation aux élus locaux sur l’offensive du RN aux prochaines élections locales, préoccupation exprimée dans une tribune par la Coop des élus communistes et publiée dans l’Humanité.

« La vie des gens ne s’est pas mise entre parenthèses »

La rentrée politique, et la situation institutionnelle du pays alors qu’Emmanuel Macron s’est refusé jusqu’ici à appeler Lucie Castets à Matignon pour remplacer le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal, va évidemment occuper les débats. « On n’a jamais vu ça, se désole Cécile Cukierman. Du jour au lendemain, les parlementaires peuvent être convoqués. Le premier ministre démissionnaire a déjà adressé les lettres de cadrage budgétaire. On est dans la parenthèse de la recherche d’un gouvernement et, pour autant, tout n’est pas mis entre parenthèses… »

Il faut donc que « la rentrée soit aussi sociale » car « la vie des gens ne s’est pas mise entre parenthèses », souligne-t-elle, pointant les factures qui continuent de tomber, les entreprises qui poursuivent les licenciements, l’accès aux services publics qui se dégrade…

Pour le PCF, en cette rentrée politique agitée avec la potentielle nomination d’un gouvernement, l’équation sera donc la suivante : « Nos parlementaires devront soit défendre un budget conçu pour augmenter le pouvoir d’achat, soit combattre un budget d’austérité et obtenir tout ce qu’il est possible d’obtenir par des amendements. » L’université de Montpellier, à laquelle sont attendus plus de 1 000 militants, selon Guillaume Roubaud-Quashie, s’annonce donc particulièrement studieuse.

 

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