lundi 26 août 2024

À Montpellier, les communistes se penchent sur leurs échecs, et sur la suite

L’université d’été du PCF, qui s’est ouverte vendredi, doit s’achever dimanche. Durant trois jours, les militants tirent les enseignements d’une séquence historique, et lancent un processus de réflexion sur le fonctionnement de leur parti.

À Montpellier, pour les communistes, l’heure est à la fois au bilan et aux projections dans une période qualifiée à de nombreuses reprises durant le week-end, « d’historique ». La visite de Lucie Castets vendredi soir, où elle a pris la parole aux côtés de Fabien Roussel, illustrait les paradoxes du moment. Un parti qui malgré les échecs électoraux reste au cœur du processus d’union au sein du Nouveau Front Populaire. Les échecs marquent tout de même les militants. « On a pris deux coups successifs » reconnaît Evan, militant dans la Sarthe. « J’attendais l’université avec impatience pour pouvoir envisager la suite » dit-il.

« réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus »

Et en termes d’analyse de la séquence électorale des européennes et des législatives anticipées, c’est à Léon Deffontaines, l’ex-tête de liste, qu’il est revenu d’exposer aux communistes réunis dans l’auditorium du Corum les « dynamiques électorales » qui ont conduit à l’échec d’une campagne pourtant dynamique. « Un RN passé de 23 à 32 % » entre les élections européennes de 2019 et celles de 2024. Une augmentation de seulement trois points des quatre listes de gauche sur la même période, une progression qui s’explique selon le dirigeant communiste par « un vote à gauche d’électeurs macronistes, et une augmentation de la participation dans des territoires acquis à la gauche ». Aux législatives, la victoire au second tour du Nouveau front populaire est « un court répit » prévient Léon Deffontaines. Puis il se penche sur le cas du PCF : « nous ne sommes pas parvenus à aller chercher de nouveaux électeurs dans les classes populaires ». Ce qui l’amène à appeler de ses vœux un « grand débat » pour « réorganiser notre parti afin que de tels échecs ne se reproduisent plus ». S’il n’évacue pas la question de la « ligne politique », il met surtout l’accent sur l’organisation du PCF lui-même, des liens entre ses instances nationales et ses fédérations. « Peut-être, à nous aussi d’être force de proposition dans ces territoires » où le RN l’emporte, « de réorganiser des événements de masse, des fêtes populaires », propose entre autres Léon Deffontaines.

« Le président sera responsable de provoquer l’instabilité dans le pays » s’il ne nomme pas Lucie Castets

Si le PCF prépare la suite, c’est aussi à l’échelle de toute la gauche, alors qu’un gouvernement pourrait enfin être nommé dans les jours qui viennent. Les quatre partis composant le NFP se retrouvent à Montpellier pour échanger sur les « défis » qui l’attendent quelle que soit la configuration : en cas de gouvernement dirigé par Lucie Castets, ou dans l’opposition si Emmanuel Macron choisit de piétiner le résultat des élections. Peu avant cet échange, Jean-Luc Mélenchon vient de bouleverser la donne : il ouvre la possibilité d’un soutien sans participation de son mouvement à un gouvernement du NFP, renvoyant la droite à son chantage à la motion de censure. La députée insoumise Nathalie Oziol le rappelle. Plus tard lors de son allocution, c’est le secrétaire national du PCF qui revient sur cette nouvelle donne : « Macron pourrait laisser Lucie Castets former un gouvernement ». Et si ce n’est pas le cas, « nous prendrons nos responsabilités » prévient Fabien Roussel. « Le président sera responsable de provoquer l’instabilité dans le pays. Nous, nous la prendrons dans la rue. Et les salariés, peut-être, sur leur lieu de travail ».

« Cette période est pleine de contradictions » ajoute par ailleurs le secrétaire national du PCF. « Elle nécessite une analyse profonde, à l’échelle nationale comme locale » estime-t-il, au sujet de son parti. Devant les 1000 communistes venus participer à l’université d’été, il annonce une conférence nationale dans cet objectif, d’ici « la fin de l’année ».

 

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