lundi 12 août 2024

Budget 2025 : champions du coup de force


Budget 2025 : champions du coup de force
Sébastien Crépel, Co-directeur de la rédaction de l’Humanité.
Pas facile de contourner le verdict des urnes, même quand on est président de la République dans la plénitude de ses pouvoirs. La « trêve » décrétée unilatéralement par Emmanuel Macron pendant les JO n’a consisté qu’à geler momentanément la scène politique, avec un gouvernement démissionnaire maintenu artificiellement en fonction.
Comme aucune solution alternative crédible à celle d’un gouvernement de gauche n’a vu le jour dans l’intervalle, le chef de l’État tente un coup de poker, aidé de quelques proches : imposer le nom de Xavier Bertrand comme trait d’union entre son camp et celui des « Républicains ». Histoire de forcer le destin pour reprendre la main sur une situation qui lui échappe. Et de couper l’herbe sous le pied du Nouveau Front populaire, qui maintient la candidature de Lucie Castets à Matignon, en vertu de son statut de force arrivée en tête des législatives.
Rien ne prédit à cette heure que le stratagème du président de la République fonctionnera. Si cela devait être le cas, il s’agirait du plus grand hold-up sur la démocratie que la Ve République ait connu. Les fidèles du patron de la région Hauts-de-France voient déjà leur champion à la tête du gouvernement, mais une partie de LR affiche ouvertement son dédain pour cette option.
Emmanuel Macron avait pourtant déclaré, le 23 juillet, pour écarter la nomination de Lucie Castets : « La question n’est pas un nom, la question c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, puisse passer un budget. » On peut retourner ces propos contre leur auteur. Pour l’instant, l’Élysée n’a qu’un nom à jeter en pâture aux médias.
Aucune majorité ne se dégage pour adopter le projet budgétaire concocté par les ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. Pour une raison simple : on peut ignorer le vote des électeurs, mais on ne peut pas le nier ou le défaire. La composition de l’Assemblée nationale en atteste. Le reste n’est que manœuvres politiciennes d’arrière-boutique pour mélanger l’eau et l’huile. L’invocation comme un mantra du nom de Xavier Bertrand ne changera rien à cette réalité.

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