jeudi 8 août 2024

Jour du dépassement : sommes-nous vraiment « tous coupables » ?

L’humanité a utilisé ce 1er août les ressources écologiques que la Terre peut régénérer en une année. La France et l’Union européenne font figure de mauvaises élèves.

Une vie à crédit qui n’a rien de durable : l’espèce humaine utilise les ressources de l’équivalent de 1,71 planète Terre. Le jour du dépassement, cet indicateur du moment à partir duquel l’humanité a consommé l’ensemble des ressources écologiques que la planète peut régénérer en un an, a été fixé ce jeudi 1er août par l’ONG états-unienne Global Footprint Network. Stable depuis une dizaine d’années, il s’établissait au 2 août en 2023.

Le jour du dépassement mondial masque cependant des disparités importantes. Au niveau de l’Union européenne, il était estimé au 3 mai. Le Luxembourg est le triste champion du palmarès européen, avec une échéance au 20 février. La Croatie et le Portugal ferment le cortège le 28 mai.

Des disparités révélatrices d’inégalités

La France (7 mai) se situe dans le peloton. Avec un corollaire qui donne le vertige, comme le résume Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) : « Si tous les habitants de la terre vivaient comme les Européens, qui représentent 7 % de la population mondiale, il faudrait trois planètes pour satisfaire leurs besoins. »

Ces disparités révèlent des inégalités profondes. Ainsi de l’accès aux ressources : « Un Africain, quand il a la chance d’avoir accès à l’eau, utile 50 litres par jour. Un Européen, 150 litres et un Américain 300 litres, précise le président de la LPO. Les Français ou les Européens ne sont pas les pires de la planète, mais ils ont un comportement extrêmement impactant. »

« La biodiversité est laissée sur le bord du chemin »

Les membres de l’UE ne sont pas les seuls à vivre au-dessus des moyens de la planète. Le jour du dépassement du Qatar est estimé au 11 février, celui des États-Unis au 14 mars. Comme l’explique Allain Bougrain-Dubourg, au niveau mondial, « 34 % des poissons que l’on pêche sont considérés comme surexploités. 1 300 espèces de mammifères sont menacées dans le monde par la chasse. 12 % des espèces d’arbres sauvages sont fragilisées par la surexploitation du bois ».

Et d’enfoncer le clou : « Nous sommes tous coupables, en vérité. » D’autant que si « la question climatique est prise en compte, la biodiversité est laissée sur le bord du chemin, parce que nous n’avons pas mesuré la rentabilité, l’impact et l’intérêt qu’elle aurait à l’égard de l’homme ».

Scientifiques et ONG tirent pourtant la sonnette d’alarme. « On ne cesse d’alerter les responsables politiques sur la fragilité et l’urgence à agir, mais nous ne sommes pas écoutés comme il le conviendrait », déplore Allain Bougrain-Dubourg.

La préservation de la biodiversité est pourtant vitale : « Dans son rapport de 2022, l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques – NDLR) indique que l’humanité dépend de 50 000 espèces animales et végétales. »

La première cause du déclin de la biodiversité, selon Allain Bougrain-Dubourg, reste « la surexploitation agricole, avec son cortège chimique ». Suivent l’artificialisation des sols, les espèces invasives et le réchauffement climatique. Mais le président de la LPO garde espoir : « Je crois dans la prise de conscience de l’opinion publique, particulièrement de la jeunesse qui, peu à peu, fait bouger la société. Mais nous n’avons pas le temps d’attendre. »

 

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